L'estomac est composé de quatre membranes ou enveloppes ; la première et la plus intérieure est formée de fibres courtes, qui sont situées perpendiculairement au-dessus des fibres de l'enveloppe voisine, et peuvent être manifestement aperçues vers le pylore : quand l'estomac est tendu par la nourriture, ces fibres deviennent épaisses et courtes : tandis qu'elles s'efforcent de se rétablir dans leur état, par leur élasticité naturelle, elles contractent la cavité de l'estomac, et lui font broyer et expulser les aliments. Cette enveloppe est plus large que les autres, et est remplie de plis et de rides, principalement vers le pylore : ces plis arrêtent le chyle, et l'empêchent de sortir de l'estomac, avant que d'être suffisamment digéré. Il y a dans cette enveloppe un grand nombre de petites glandes qui séparent une liqueur, qui humecte toute la cavité de l'estomac, et aide à la coction des aliments : c'est pourquoi cette enveloppe est nommée tunique glanduleuse.

La seconde tunique est plus mince et plus délicate ; elle est tout à fait nerveuse ; d'un sentiment exquis, et se nomme tunique nerveuse.

La troisième est musculaire, et composée de fibres droites et circulaires ; celles qui sont droites, avancent sur la partie supérieure de l'estomac, entre l'orifice supérieur et l'inférieur ; et celles qui sont circulaires, vont obliquement depuis la partie supérieure de l'estomac, jusqu'au fond. Les plus intérieures de ces fibres descendent vers le côté droit, et les plus extérieures, vers le côté gauche : de sorte que par leur action, les deux extrémités de l'estomac sont attirées vers le milieu, et le tout est également contracté : c'est par la contraction et leur mouvement continuel, que l'attrition et la digestion des aliments se fait bien.

Toutes ces membranes sont unies entr'elles par un tissu cellulaire, que quelques-uns ont regardé comme des membranes particulières.

Un grand nombre de vaisseaux se rendent à l'estomac, et ils viennent de différents troncs, afin qu'aucune pression ne put intercepter le cours des liqueurs qu'ils renferment ; ce qui serait très-aisément arrivé, s'il n'y avait eu qu'un seul tronc : toutes ses artères viennent en général de la coeliaque : la coronaire stomachique est une branche de la coeliaque, se distribue entre les deux orifices le long du petit arc ; la gastrique droite vient de l'hépatique, se porte le long du grand arc à droite, et s'anastomose avec la gastrique gauche qui vient de la sphérique, et qui se termine le long du grand arc à gauche ; les veines suivent à-peu-près la même direction, et se vident dans des branches de la veine porte ventrale.

La huitième paire de nerfs envoye à l'estomac deux branches considérables, qui s'étendent autour de l'orifice supérieur, et qui sont fort sensibles ; c'est de là aussi que nait la grande sympathie qu'il y a entre l'estomac, la tête, et le cœur ; ce qui a fait croire à Van-Helmont que l'âme a son siège à l'orifice supérieur de l'estomac.

Quand au mouvement de l'estomac, le docteur Pitt nous apprend dans les Transactions philosophiques, qu'en disséquant un chien, il a trouvé que le mouvement péristaltique des boyaux avait, de même, lieu dans l'estomac ; le pylore, qu'on trouve pour l'ordinaire aussi haut que le diaphragme, tombait à chaque ondulation au-dessous du fond de l'estomac ; de manière qu'il pouvait remarquer clairement un resserrement dans le milieu de l'estomac, à chaque mouvement en en-bas, tel qu'il était capable de comprimer tout ce qui était renfermé dans sa cavité. Ces mouvements, dit-il, étaient aussi réguliers qu'aucun qu'on puisse apercevoir dans les intestins ; et il ajoute qu'il a fait la même observation dans trois autres chiens ; d'où on peut conclure surement que cela se trouve dans tous. Voyez PERISTALTIQUE.

Les animaux qui ruminent, ont quatre estomacs : cependant on remarque que quelques-uns de ceux qui en ont quatre en Europe, n'en ont que deux en Afrique ; apparemment à cause que les herbes d'Afrique sont plus nourrissantes. Voyez RUMINANT.

Les oiseaux qui se nourrissent ordinairement de graines qui sont couvertes d'une peau dure, ont un espèce d'estomac qu'on appelle jabot, qui est composé de quatre grands muscles en-dehors, et d'une membrane dure et calleuse au-dedans : ceux qui vivent de chair, comme les aigles, les vautours, etc. n'en ont qu'un. Voyez CARNIVORE, GRANIVORE, etc. Quant à l'action de l'estomac, voyez DIGESTION. (L)

ESTOMAC, (maladies de l') Les fonctions de cet organe sont très-nombreuses et très-variées ; elles sont par conséquent susceptibles de différentes lésions.

Celles de la première espèce dépendent des vices de ce viscère, en tant qu'il est regardé comme le siège de l'appétit des aliments et de la boisson, qui est aboli dans l'anorexie, et diminué dans la dysorexie ou l'inappétence et le dégout, ou apositie, dépravé dans la faim canine et les envies, c'est-à-dire le pica et le malacia. Voyez FAIM, ANOREXIE, DYSOREXIE, APOSITIE et ENVIE.

Les maladies de l'estomac de la seconde espèce, regardent la coction, en tant qu'elle dépend principalement de l'action du ventricule ; ainsi lorsque les aliments, qui y sont contenus, ne sont pas digérés, ou lorsqu'ils ne le sont que lentement et avec peine, ou qu'ils changent de nature, et contractent des qualités qui ne sont point convenables au chyle, préparé d'une manière naturelle ; ces différents vices constituent des maladies de l'estomac, qui sont l'apepsie, ou le défaut de digestion ; la dyspepsie, ou la digestion difficile, douloureuse ; la bradypepsie, ou la digestion trop ralentie ; et la diapthore, ou la digestion faite avec corruption : il a été traité de chacune de ses affections en son lieu, ou à l'article DIGESTION. Voyez APEPSIE, DYSPEPSIE, BRADYPEPSIE, APTHOREHORE. La trop prompte digestion est rarement une maladie ; lorsqu'elle est regardée comme un vice, elle constitue ce qu'on appelle la boulimie, ou faim excessive. Voyez FAIM.

Les maladies de l'estomac de la troisième espèce, regardent l'action de ce viscère, tendante à expulser les matières contenues dans sa cavité : telles sont le hoquet, la nausée, le vomissement, le cholera, le rot ; la lienterie est aussi de cette espèce, en tant qu'elle dépend du vice de l'estomac, comme de celui des intestins. Voyez HOQUET, NAUSEE, VOMISSEMENT, CHOLERA-MORBUS, ROT et LIENTERIE.

Les maladies du ventricule de la quatrième espèce, dépendent des vices qui affectent spécialement les parties qui entrent dans la composition de sa substance : ainsi comme il reçoit un grand nombre de nerfs, qui se distribuent dans ses membranes, il est doué d'un sentiment très-exquis ; ce qui le rend très-susceptible de douleur, surtout dans les environs de son orifice supérieur : cette sorte d'affection est ce qu'on appelle la cardialgie ou l'ardeur d'estomac. Voyez CARDIALGIE.

L'estomac étant composé de vaisseaux de tous les genres, est par conséquent sujet aux engorgements inflammatoires, aux abcès, aux ulcères, à la gangrene, aux obstructions, à l'oedeme, au skirrhe : c'est de ces dernières maladies, qui ne sont pas distinguées par des noms particuliers, dont il convient de donner succinctement l'histoire sous cet article.

De l'inflammation de l'estomac. Toute sorte d'engorgement de vaisseaux, dans quelque partie du corps que ce sait, augmente son volume, et y forme une tumeur ; ainsi l'engorgement inflammatoire en produit toujours une dans la partie de l'estomac, où il a son siège ; mais elle n'est sensible au-dehors, que lorsqu'elle est dans la partie antérieure : il est rare qu'il soit entiérement enflammé dans toute l'étendue, tant interne qu'externe de ses membranes ; il ne l'est ordinairement qu'extérieurement, ou intérieurement dans une partie plus ou moins grande de sa substance.

Lorsque l'inflammation est formée, le malade ressent dans la région épigastrique une douleur fixe continue, pungitive, avec un sentiment de pesanteur, qui ne peut être calmée par l'application d'aucun remède approprié ; elle est accompagnée d'une fièvre très-aiguè, d'une chaleur très-ardente, et d'une soif très-pressante ; et la douleur est augmentée, au moment même de l'entrée des aliments dans l'estomac, soit solides, soit liquides ; elle se fait alors plus particulièrement sentir dans le point où est l'inflammation, et les matières reçues dans sa capacité, ne tardent pas à en être expulsées par un vomissement très-douloureux, ou par une prompte et fatigante déjection, à moins que l'engorgement inflammatoire ne s'étende au cardia et au pylore, et ne ferme ces deux orifices : le hoquet se joint à tous ces symptômes, et rend la douleur encore plus aiguë ; le malade se plaint d'une anxiété continuelle, et parait être d'une inquiétude extrême, par les fréquentes agitations de son corps ; si l'inflammation affecte tout le ventricule, il ne trouve pas une situation où il ne ressente une douleur très-vive dans toute la région épigastrique, si ce n'est que la surface externe : la douleur se fait plus sentir pendant la digestion ; pendant que les fibres de l'estomac se contractent pour presser les matières contenues, et ensuite les expulser de sa capacité, le malade prend, dans ce cas, les aliments nécessaires avec moins de peine, que lorsque c'est la surface interne qui est enflammée, parce que celle-ci est exposée au contact de ce qui est dans le viscère, ce qui la rend par conséquent extrémement susceptible d'irritation, et renouvelle la douleur d'une manière insupportable : lorsque c'est la partie antérieure qui est le siège de l'inflammation, elle se manifeste par la tumeur qui est sensible au toucher, et même quelquefois à la vue dans l'étendue des parties contenantes du bas-ventre, qui terminent le devant de la région épigastrique : cette partie est aussi d'une si grande sensibilité, que le malade ne peut rien supporter qui la presse, et même qui la touche, comme les couvertures du lit. Le malade souffre davantage, étant couché sur le dos, lorsque l'affection est dans la partie postérieure : il ne se couche qu'avec plus de douleur sur les parties latérales, si elles sont affectées ; d'ailleurs le malade distingue par lui-même si elles sont le siège du mal, et l'indique par son rapport : si l'inflammation tient plus de la nature de l'érésypele que du phlegmon, les symptômes sont tous plus violents, mais la tumeur et le sentiment de pesanteur de la partie affectée, sont moins considérables : lorsque l'inflammation est sort étendue, et que la maladie est conséquemment fort grande, il survient de fréquentes défaillances ; le malade éprouve de constantes insomnies, et tombe souvent dans le délire.

Avec tous ces signes, on a de la peine à distinguer l'inflammation de l'estomac d'avec l'inflammation d'une partie voisine, qui y a beaucoup de rapport ; c'est celle du petit lobe du foye, qui recouvre la partie supérieure du ventricule, ou celle des parties contenantes de l'abdomen, qui lui est contiguè : presque tous les mêmes symptômes se trouvent dans l'une comme dans l'autre ; en sorte que les médecins les plus expérimentés s'y sont souvent trompés : on ne peut en faire la différence, que par la violence extrême des accidents qui accompagnent l'inflammation de l'estomac.

Les causes tant prochaines qu'éloignées de cette affection, sont les mêmes que celles de l'inflammation en général, appliquées à la partie dont il s'agit. Le médecin peut en connaître la nature et les différences, par les informations qu'il prend sur la manière de vivre qui a précedé ; sur l'abus des six choses non naturelles, auquel il a peut-être donné lieu ; sur l'âge, le sexe, le tempérament, la saison, etc. dont la différence peut beaucoup influer sur celles des causes de cette inflammation, qui peut encore être ou idiopathique ou sympathique, symptomatique ou critique.

Cette maladie devient très-dangereuse, et mortelle même en peu de temps, si on ne se hâte pas d'y apporter remède, parce que la fonction de la partie affectée est extrêmement nécessaire à la vie ; parce que le défaut de cette fonction lui est très-préjudiciable, et que l'organe en est très-fourni de nerfs, et a une grande connexion par leur moyen avec toutes les parties voisines. Les personnes d'un tempérament faible, délicat, guérissent rarement de l'inflammation d'estomac : elle est moins dangereuse pour ceux qui sont robustes. Le froid aux extrémités, est un signe de mort prochaine dans cette maladie : elle se termine, comme toutes les autres maladies inflammatoires, par la résolution, par la suppuration, ou par la gangrene ; ou elle se change en tumeur skirrheuse, chancreuse ; ou elle procure une mort prompte, que les convulsions contribuent à accélérer. C'est la nature, et la violence de ses causes et de ses symptômes, qui dispose à ces différentes terminaisons, et les décide. Si l'inflammation de l'estomac tourne en suppuration, il s'ensuit plusieurs maux considérables, tels que la nausée, le vomissement, la douleur : ces symptômes sont quelquefois accompagnés de circonstances surprenantes ; on n'en connait souvent pas la cause, et ils deviennent incurables : d'ailleurs le pus s'en répand ou dans la capacité de l'abdomen, ou dans celle du ventricule. Il se forme dans le premier cas un empième : dans le second le pus est évacué par le vomissement ou par les déjections. Il résulte de l'un et de l'autre, que le malade tombe dans une vraie consomption à la suite de la fièvre lente, que procure le pus en se mêlant avec la masse des humeurs. L'estomac s'affoiblit de plus en plus, les aliments ne se digèrent pas ; et le corps ne recevant presque point de nourriture, périt par l'atrophie et le marasme.

L'exulcération de ce viscère n'est cependant pas toujours l'effet de l'inflammation, elle peut être aussi produite immédiatement par la corrosion de quelque humeur acre, de quelque médicament, de quelque aliment de nature à ronger la substance de l'estomac : elle peut aussi être causée par des corps durs, rudes, pointus, comme des portions d'os, des aiguilles et autres choses semblables, avalées à dessein ou par mégarde. Les ulcères de cette espèce ne sont pas ordinairement si dangereux que ceux qui se forment à la suite de l'inflammation de ce viscère.

Lorsque la gangrene lui succede, elle est incurable ; et la mort qui suit de près, ne laisse pas le temps de placer aucun remède, qui serait d'ailleurs inutile, à cause du peu d'épaisseur des tuniques de l'estomac, qu'elle détruit très-promtement.

L'oedeme, les obstructions, le skirrhe, qui ont leur siège dans la substance du ventricule, sont très-difficiles à guérir, et dérangent considérablement les fonctions de cet organe : le chancre y cause des douleurs très-violentes, qui sont même susceptibles d'être augmentées par tout ce qui y est appliqué par la voie de la déglutition ; et qui deviennent fixes, insupportables et de longue durée par l'effet des remèdes irritants, et de toute autre chose de semblable qualité, pris intérieurement.

Dès que le médecin est assuré par le concours des signes qui caractérisent l'inflammation de l'estomac, qu'elle est formée, il doit recourir tout de suite à la saignée, la prescrire copieuse, et la faire repéter, si le cas l'exige ; et cependant, comme les violentes douleurs causent souvent des faiblesses, des défaillances, il faut avoir grande attention de conserver les forces, et de ménager par cette raison les évacuations ; d'éviter l'usage des purgatifs, et encore plus celui des vomitifs, qui, en attirant un plus grand abord d'humeurs dans la partie affectée, en la mettant en mouvement, et en lui causant des agitations convulsives, violentes par les irritations, ne peuvent qu'être extrêmement nuisibles. Il convient par conséquent de ne faire diversion que dans les parties éloignées ; ainsi les lavements antiphlogistiques sont utiles dans cette vue. Le régime doit être exactement observé ; le malade doit se soumettre à une diete très-sevère, et ne faire aucun usage de viande ni de ses sucs, bouillons. Les délayans, les adoucissants, les tempérants, qui se trouvent réunis dans les tisanes émulsionnées, cuites, sont employés avec succès en grande quantité. Les décoctions de ris, d'orge, un peu miellées et aiguisées par quelques gouttes d'acide minéral, comme l'esprit de nitre, ou végétal, comme le suc de limon à petite dose, produisent aussi de bons effets, et contribuent à calmer le vomissement et les autres symptômes pressants, tels que l'ardeur de la fièvre, la douleur. Les fomentations émollientes, repercussives, corroboratives et légèrement astringentes ; les cataplasmes de même qualité, les onguents même appliqués sur l'estomac, sont encore très-utiles dans ce cas. On peut placer un doux purgatif sur la fin, lorsque la douleur parait bien calmée. Si l'inflammation de l'estomac tourne en gangrene, il n'y a point de remède à employer, comme il a été dit : la mort de la partie est bientôt suivie de celle du tout. Si la partie enflammée vient à suppurer, et que l'on puisse le connaître, il faut traiter la maladie selon la méthode prescrite pour les abcès en général (voyez ABCES, ULCERE, SUPPURATION) ; et si l'estomac est affecté d'obstructions, d'oedeme, de skirrhe, de chancre, il faut aussi employer les remèdes indiqués contre ces différents vices. Voyez OBSTRUCTION, OEDEME, SKIRRHE, CHANCRE. (d)