Après avoir abattu le cheval, on lui lève le pied de derrière jusqu'à l'épaule, et on l'arrête par le moyen d'une corde qui entoure le cou, et revient se nouer au pied.

Le chatreur se mettant à genoux derrière la croupe, prend le membre, le tire autant qu'il peut, le lave et le décrasse, aussi-bien que le fourreau et les testicules ; après quoi il empoigne et serre au-dessus d'un testicule, et tendant par ce moyen la peau de la bourse, il la fend en long sous le testicule, puis il fait sortir celui-ci par l'ouverture ; et comme le testicule tient par un de ses bouts du côté du fondement à des membranes qui viennent avec lui, il coupe ces membranes avec le bistouri : puis il prend sa moraille, et serre au-dessus du testicule sans prendre la peau, en arrêtant l'anneau de la moraille dans la cremaillere : on voit alors le testicule en-dehors et le parastan, qui est une petite grosseur du côté du ventre au-dessus. C'est au-dessous de cette grosseur, ou plutôt entr'elle et le testicule, qu'il coupe avec le couteau de feu ; le testicule tombe : il continue à bruler toutes les extrémités des vaisseaux sanguins, en mettant sur ces vaisseaux des morceaux de résine qu'on fait fondre sur la partie avec le couteau de feu à plat : on finit par saupoudrer et bruler du sucre pardessus la résine ; ensuite abaissant la peau, on recommence la même opération à l'autre testicule. Il y a des chatreurs qui ont des morailles doubles, avec lesquelles ils serrent et brulent tout de suite les deux testicules. On fait ensuite jeter de l'eau dans la peau des bourses ; et après que le cheval est relevé, on lui jette à plusieurs reprises l'autre seau d'eau sur le dos et sur le ventre.

La chatrure avec le caustic se fait de la manière suivante. L'opérateur est muni de quatre morceaux de bois longs de six pouces, larges d'un pouce, creux dans leur longueur d'un canal qui laisse un rebord d'une ligne tout-autour ; les deux bouts de chaque bâton sont terminés par deux ronds ou boules faites du même morceau de bois : c'est dans ce canal qu'est le caustic, qui le remplit entièrement. Il est composé de sublimé corrosif fondu dans de l'eau et réduit en consistance de pâte avec de la farine. Après que le chatreur a préparé le testicule comme on vient de dire, il serre le dessus avec deux de ces bâtons, dont il met les deux canaux vis-à-vis l'un de l'autre, et qu'il lie ensemble par les deux bouts avec une ficelle ; il coupe le testicule au-dessous avec le bistouri, et laisse les bâtons ainsi liés, que le cheval emporte avec lui, et qui tombent d'eux-mêmes au bout de neuf jours.

Le lendemain, soit que l'opération ait été faite par le feu ou le caustic, on mène le cheval à l'eau, et on l'y fait entrer jusqu'à la moitié du ventre.

La seule différence qu'il y ait entre ces deux opérations, c'est qu'il est plus rare que la partie enfle avec le caustic qu'avec le feu ; mais du reste il n'y a pas plus de danger à l'une qu'à l'autre.

Le grand froid et le grand chaud sont contraires à cette opération ; e'est pourquoi il faut la faire dans un temps tempéré. Voyez l'article CHEVAL. (V)

CHATRER, (Jardinage) se dit d'un arbre qui pousse trop abondamment, et dont il est nécessaire de couper plusieurs branches.

On dit encore chatrer des melons, des concombres, quand on les décharge de leurs branches inutiles. Chatrer un oeillet, un fagot, un coteret, une ruche de mouches à miel.