CHAUSSE, (Pharmacie) Chausse d'Hippocrate, monica Hippocratis, sac conique ou espèce de long capuchon fait d'un bon drap serré, dont les Apoticaires se servent pour filtrer ou passer certaines liqueurs, comme ratafiats, syrops, décoctions, etc. Voyez FILTRE. Les Apoticaires se servent moins communément de la chausse que du blanchet, qu'ils lui ont substitué, et qui est réellement plus commode dans la plupart des cas. Voyez BLANCHET. Quelques auteurs allemands ont insinué ou dit que le nom de chausse d'Hippocrate, ou plutôt d'hypocras, lui était venu de ce qu'on l'avait employé d'abord à la clarification de l'hypocras. Mais Blancard lui fait l'honneur de lui donner une étymologie grecque ; il tire ce nom de , sub, et , misceo. (b)

CHAUSSE d'aisance en bâtiment, (Architecture) est un tuyau de plomb ou de pierre, percé en rond ou carrément, et le plus souvent de boisseaux de poterie, éloigné de trois pouces d'un mur mitoyen.

CHAUSSE, carte et cauche, terme de Pêche, est un instrument à qui sa construction a donné nom ; c'est un filet qui a la forme d'une chausse large en s'ouvrant, mais qui Ve toujours en diminuant jusqu'au bout. Les mailles qui sont assez claires à l'entrée, retrécissent aussi à mesure qu'elles avancent vers le bout du filet, qui est souvent fermé d'une corde, que l'on dénoue, pour pouvoir plus facilement retirer le poisson qui s'est pris dans ce filet. Le bas C D de l'ouverture de la chausse est chargé de plaques de plomb, pour la faire couler bas. Les côtés C A, D B ont deux à deux pieds et demi de haut ; et la tête A B du filet est amarrée sur un petit sapin, pour la faire flotter, et tenir la chausse ouverte. Les côtés de la chausse sont comme ceux du coleret, et les cordages de ces côtés se rejoignent, et sont frappés sur un petit cablot E F, que l'on amarre à l'arrière du bateau F, qui entraîne cette petite dreige, qui pêche tout ce qui se trouve sur son passage.

Cet instrument est la véritable dreige des Anglais, à cette différence près, qu'au lieu de plomb ils y mettent une barre de fer. L'ordonnance ne spécifie point cet instrument dans la liste de ceux qu'elle a défendus, quoiqu'il soit aussi dangereux que la dreige. Voyez DREIGE.

Il y a encore une autre sorte de chausse qu'une chaloupe porte au large, et que l'on halle ensuite à terre, au moyen du cordage que plusieurs hommes tirent à eux. Voyez aussi les art. CHALUT et SAUMON, et nos Planches de Pêche.

La chausse ou carte des pêcheurs de l'amirauté de Dunkerque, est une espèce de drague ou chalut dont les pêcheurs de cette côte se servent pour faire la pêche des petits poissons propres à servir d'appât à leurs lignes.

Quelque nécessaire que soit la carte ou chausse à ces pêcheurs, on ne peut s'empêcher d'observer que c'est aussi un instrument très-pernicieux, et que si les pêcheurs ne s'éloignent pas des côtes à la distance qui leur est enjointe pour y trainer la chausse, elle doit pendant les chaleurs nécessairement détruire le frai, et faire périr tous les petits poissons qu'elle trouve sur son passage.

Le sac de la carte est un filet en forme de chausse d'environ quatre brasses de longueur, dont les mailles qui ont à son embouchure environ dix-huit lignes, viennent insensiblement à se retrécir peu-à-peu, en sorte que vers le tiers de l'extrémité elles ont à peine neuf lignes en carré ; et comme elle se termine fort en pointe, elle ne peut mieux être comparée qu'à la chausse des guideaux à hauts étaliers dont se servent les pêcheurs de l'embouchure de la Seine pour la pêche de l'éperlan ; le bout est clos et fermé comme un sac lié ; le filet lui-même est lacé avec de gros fils ; ainsi quand il est mouillé les mailles en paraissent encore plus étroites.

Chaque bateau pêcheur a sa carte, et ils vont ordinairement et presque toujours deux bateaux de conserve à côté l'un de l'autre, à la distance au plus de quatre à cinq brasses, faisant leur pêche suivant l'établissement des vents ou le cours des marées. La carte est chargée de plaques de plomb par le bas du sac ; la tête en est garnie de flottes de liège pour la tenir ouverte ; l'embouchure peut avoir quinze pieds d'ouverture ; elle est amarrée avec deux cordages par le milieu du bateau, à bas-bord et stribord, de la même manière que le chalut ou rêt traversier ; c'est presque le même filet.

Lorsque les pêcheurs ont trainé pendant quelque temps leur carte ; et qu'ils ont pris suffisamment d'appât pour amorcer leurs lignes, ils poussent au large pour aller faire leur pêche.

C'est en trainant la carte que les pêcheurs des corvettes de Dunkerque, qui s'en servaient à moins de trente à quarante brasses de la côte, et souvent encore plus près, venaient sur les pêcheries des riverains montées sur piquets, et les détruisaient ; inconvénient auquel on a remédié par des règlements.

CHAUSSE TROP HAUT, en termes de Manège, se dit d'un cheval dont les balsanes montent jusqu'au genou ou jarret ; ce qui passe pour un indice malheureux ou contraire à la bonté du cheval. Voyez BALSANE.

CHAUSSE, adj. en termes de Blason, se dit d'une espèce de chevron plein et massif, qui étant renversé touche de sa pointe celle de l'écu ; ce qui fait que le champ de l'écu lui sert comme la chausse ou de vêtement qui l'entoure de bas en haut. C'est l'opposé de chappé. Voyez ce mot. Espallart à Bruxelles, de gueules à trois pals d'argent, chaussé d'or, coupé d'azur, à une face vivrée d'or. (V)