NOIX D'ACAJOU, (Botanique exotique) fruit, ou plutôt noyau taillé en rein, de la grosseur d'un œuf, couvert d'une écorce grise ou brune, épaisse d'environ une ligne, composée de deux membranes et d'une substance entre deux, qui est comme un diploé fongueux, contenant dans ses cellules un suc mielleux, roussâtre, âcre, mordicant, brulant. L'amande qui est sous l'écorce est blanche, douce, et revêtue d'une petite peau jaune, qu'il faut ôter.

L'arbre qui porte la noix d'acajou vient en Amérique, au Brésil et aux Indes orientales. Il s'élève plus ou moins haut, selon la différence du climat et du terroir ; car dans le Brésil, il égale la hauteur des hêtres, et est beaucoup moins grand dans le Malabar et dans les îles d'Amérique. Le père Plumier en donne la description suivante.

C'est un arbre qui est presque de la grandeur de notre pommier, fort branchu, garni de beaucoup de feuilles, couvert d'une écorce ridée et cendrée. Ses feuilles sont arrondies, longues d'environ cinq pouces, larges de trois, attachées à une queue courte, lisses, fermes comme du parchemin ; d'un verd gai en-dessus et en-dessous, ayant une côte et des nervures parallèles.

Au sommet des rameaux naissent plusieurs pédicules chargés de petites fleurs disposées en manière de parasol, dont le calice est découpé en cinq quartiers droits, pointus, en partie rougeâtres, et en partie verdâtres, rabattus en-dehors, et plus longs que le calice ; il porte dix étamines déliées, de la longueur des pétales, garnies de petits sommets ; elles entourent le pistil dont l'embryon est arrondi : le stîle est grêle, recourbé, de la longueur des pétales, et le stigmate qui le termine est pointu.

Le fruit est charnu, pyriforme, de la grosseur d'un œuf, couvert d'une écorce mince, lisse, luisante, tantôt pourpre, tantôt jaune, et tantôt colorée de l'une et l'autre couleur. Sa substance intérieure est blanche, pleine d'un suc doux, mais un peu acerbe. Ce fruit tient à un pédicule long d'un pouce, et porte à son sommet un noyau en forme d'un rein, long d'environ un pouce et demi, lisse en dehors et d'un verd obscur et cendré. L'écorce de ce noyau est épaisse, et comme à deux lames, entre lesquelles est un diploé contenant un suc ou une huîle très-caustique, d'un jaune foncé. L'amande que renferme ce noyau est blanche, couverte d'une peau mince et blanchâtre. Elle a un goût qui approche beaucoup de celui de la pistache. Ce fruit a une odeur forte ; et il est tellement acerbe, que s'il n'était adouci par l'abondance du suc qui en sort quand on le mâche, à peine pourrait-on le manger.

L'arbre acajou répand par occasion, ou même naturellement, beaucoup de gomme roussâtre, transparente, solide, qui se fond dans l'eau comme la gomme arabique. On exprime des fruits un suc qui, par la fermentation, devient vineux, et capable d'enivrer. On en fait du vinaigre, et on en tire un esprit ardent fort vif. Les Indiens aiment beaucoup les amandes, et expriment des écorces une huîle qu'ils emploient pour teindre le linge d'une couleur noirâtre presque ineffaçable. (D.J.)

NOIX D'AREQUE, l'areque est une espèce de palmier qui croit dans les Indes orientales, et qui s'élève beaucoup. Cet arbre porte des fruits ovales et gros comme des noix. L'écorce de ces fruits devient jaune et molle en mûrissant, et couvre un noyau de la grosseur d'une aveline, gris au-dehors et marbré de blanc et de rouge au-dedans comme une muscade. Ce noyau n'est pas régulièrement ovale, il est aplati et un peu concave à l'endroit qui répond au pédicule du fruit. Ce fruit, lorsqu'il n'est pas encore mûr, enivre ceux qui en mangent ; il devient astringent en mûrissant. Les Indiens lui donnent le nom de chofoal. Ils le font sécher au soleil, et ensuite ils le mêlent avec du betel, des huitres brulées, du lycium, du camphre, du bois d'aloès et de l'ambre gris, pour faire des trochisques, qu'ils mâchent pour faire couler plus abondamment la salive. Ces mêmes Indiens font épaissir le suc des fruits de l'areque, et alors ils le nomment caché.

NOIX BEN, (Botanique exotique) vous trouverez au mot BEN la description complete de ce fruit, de l'huîle qu'on en tire, et de son usage.

La noix ben croit en Espagne, en Arabie, en Ethiopie et dans les Indes. Elle a été connue des Grecs, des Romains et des Arabes, comme il parait par les écrits de Théophraste, de Dioscoride, de Pline et de Mesué. Ils l'ont nommé , glans aegyptia, et glans unguentaria.

L'huîle qu'on en tire par expression, oleum balanicum, ne rancit presque jamais, et n'a ni gout, ni odeur ; elle est très-utîle aux parfumeurs pour prendre l'odeur des fleurs, et en faire des essences agréables. Les dames s'en servent aussi pour adoucir la peau ; et on la mêle avec du vinaigre et du nitre pour guérir les petits boutons, et calmer les démangeaisons. Horace appelle cette huîle balanus.

Pressa tuis balanus capillis

Jamdudum apud me est.

" J'ai aussi, dit-il à Mécénas, de l'essence de ben, que j'ai fait tirer exprès pour parfumer vos cheveux ". Les parfumeurs romains savaient très-bien exprimer de cette noix une sorte d'huîle qui faisait un parfum exquis ; mais la plus estimée, au rapport de Pline, venait de Petra, aujourd'hui Grac, ville d'Arabie. Mécénas était l'homme du monde qui aimait le plus le parfum, et qui y faisait le plus de dépense : c'est sur ce soin qu'il avait de se parfumer, qu'est fondé le bon mot d'Auguste, qui pour dépeindre le caractère du style de son favori, l'appelait , ajusté comme ses cheveux. (D.J.)

NOIX DE CYPRES, (Matière médicale) Voyez CYPRES.

NOIX DE GALLE, (Histoire naturelle des végét.) en latin galla, en grec ; ce sont des excraissances contre nature qui se forment sur divers chênes en divers pays, à l'occasion de la piquure de quelques insectes.

Nous tirons divers services des insectes sans aucune reconnaissance. Comme plusieurs d'eux trouvent la vie et le couvert sur de certaines plantes, c'est au soin qu'ils prennent d'y loger leurs petits, que nous devons l'invention ou la matière des plus belles couleurs que l'on emploie, soit dans la Peinture, soit dans la Teinture, telles que sont, par exemple, le vermillon et l'écarlate. Nous devons en particulier le plus beau noir de nos étoffes de soie et de laine aux noix de galle, pur ouvrage des moucherons.

On a tort de les appeler noix, puisque ce sont des excraissances contre nature. Il est vrai qu'elles ont une sorte de noyau, et qu'on les recueille sur un arbre : mais elles n'ont qu'une fausse apparence de noix ou de fruit, sans être ni l'un ni l'autre. Il n'y a presque point de plante qui ne soit de même piquée par un insecte, et qui ne produise de ces prétendues noix de toute couleur et de toute grandeur. Il y a des arbres dont les feuilles en sont entièrement parsemées ; mais on ne leur a point donné de nom, parce qu'on n'en fait point d'usage, et peut-être en tirera-t-on dans la suite de celles qui croissent sur le plane, sur le peuplier, sur le saule, sur le bouis, sur le lierre, etc. Les secrets des arts ne sont point épuisés.

Les noix de galle, puisque l'usage leur a donné ce nom impropre, viennent sur des chênes ou sur des arbres qui portent du gland, mais non pas sur toutes les espèces de chêne, ni dans tous les pays. Le chêne qui porte les galles s'appelle robre ou rouvre ; en latin, par les botanistes, robur. J. B. I. IIe 76. Ray, hist. II. 1386. Quercus gallam exiguae nucis magnitudine ferents, C. B. P. 420. Tourn. inst. 583.

Il croit dans le Levant, dans la Pannonie, dans l'Istrie, en Italie, en Provence, en Gascogne, etc.

Cet arbre est plus bas que le chêne ordinaire, mais fort gros et souvent tortu ; son bois est fort dur, ses feuilles sont découpées à ondes assez profondes, couvertes d'un duvet délicat ; ses fleurs sont des chatons, et ses fruits des glands plus petits que ceux du chêne commun. Ses feuilles, fruit, écorce, sont astringens, résolutifs, et ont les mêmes vertus que ceux du chêne ordinaire ; mais le rouvre ne fournit pas des galles dans tous les pays ; par exemple, il n'en porte point en Angleterre ; la raison qu'en dit Ray est excellente, c'est que l'on ne voit point dans les îles britanniques les insectes qui donnent naissance aux noix de galle, et qu'il est constant que c'est à leur piquure que ces sortes d'excraissances contre nature doivent leur origine. Voici comme elles se forment suivant les observations de Malpighi qui le premier a développé ce mécanisme de végétation.

Certains petits insectes, et surtout certaines mouches piquent les bourgeons, les feuilles et les rejetons les plus tendres des rouvres ; ils en déchirent les vaisseaux les plus minces, et en font sortir une humeur qui se forme d'abord en une coque ou vessie, et puis se remplit et se durcit. En effet, le cœur du bouton étant entamé par la tarière de l'insecte, le cours du suc nourricier est interrompu. La seve détournée de son chemin s'extravase, s'enfle et se dilate à l'aide des bulles d'air qui entrent par les pores de l'écorce, et qui roulent dans les vaisseaux avec la seve. Cette vessie se seche en dehors, et l'air extérieur la durcit quelque peu en forme de croute ou de noyau. Cette boule se nourrit, végete et grossit avec le temps, comme le reste de l'arbre. On conçoit bien que le suc coulant de la plaie que la mouche a faite, abonde ici avec plus d'abondance, parce que la résistance est diminuée, en sorte que les vaisseaux se distendent de plus en plus par l'humeur qui s'y répand.

Ces vessies sont destinées à être comme la matrice qui doit recevoir les œufs que pondent ces insectes, les conserver, les échauffer, les faire éclore et les nourrir. Toutes ces vérités se justifient à l'oeil et à l'examen. Quand on ouvre les noix de galle mûres et récentes, on trouve à leur centre des vermisseaux, ou plutôt des nymphes qui se développent insensiblement et se changent en mouches qui sont quelquefois d'un genre différent.

Peu de temps après qu'elles sont formées, elles se cherchent une issue en rongeant la substance de la noix de galle, et enfin elles font un trou rond à la superficie, par lequel elles sortent et s'envolent. Si les noix de galle ne sont pas percées, on y trouve le vermisseau ou la mouche : mais si elles sont ouvertes, on les trouve vides ou remplies d'autres animaux qui sont entrés par hasard dans les trous, et se sont cachés dans ces petites tanières ; on y trouve, par exemple, quelquefois une petite araignée qui profite du domicîle vide : elle y tend des filets proportionnés à la grandeur de la place, et y attrape les pucerons sans expérience qui y viennent chercher aventure.

On distingue deux sortes de noix de galle dans les boutiques, savoir celles d'orient, que l'on appelle noix de galle d'Alep ou Alepines, et celle de notre pays.

Les noix de galle d'Alep sont arrondies, de la grosseur d'une aveline ou d'une petite noix, anguleuses, plus ou moins raboteuses, pesantes, de couleur blanchâtre, verdâtre ou noirâtre, compactes et résineuses en-dedans, d'un goût astringent et acerbe : celles de notre pays sont rondes, rougeâtres ou rousses, polies à leur superficie, légères, faciles à rompre, d'une substance plus raréfiée, spongieuses et quelquefois creuses. Elles sont moins bonnes pour la teinture que celles du levant. Elles n'étaient pas inconnues aux anciens. Les premières s'appelaient , et les autres , comme si l'on disait noix de galle des ânes.

Nous venons de voir que les noix de galle diffèrent par leur figure, par leur couleur et par leur surface polie ou raboteuse. Il est vraisemblable que ces différences dépendent principalement de la variété des espèces d'insectes qui piquent les chênes. Comme les insectes d'un pays ne sont pas tous pareils à ceux d'un autre pays, quoique peu éloigné, il arrive par cette raison que sur la même espèce de chêne, on voit croitre en Italie des galles fermes, grosses et solides, pendant qu'en France elles sont molles, petites, et à proprement parler, des fausses galles.

Les meilleures galles nous viennent de Tripoli, et surtout d'Alep et de Mozul sur le Tigre. On en recueille dans le Levant une si grande quantité, qu'on en tire de Smyrne seule plus de dix mille quintaux par an. La noix de galle des Turcs, qu'ils nomment bazgendge, est rougeâtre, de la grosseur d'une naisette, et est employée dans leur écarlate : ce fruit est fort cher en Europe.

Les noix de galle servent dans les arts. Je sai bien que, comme elles sont fort astringentes, quelques médecins les recommandent intérieurement dans les dyssenteries, les flux de ventre et les hémorrhagies ; mais outre que ces maladies demandent des remèdes extrêmement variés, suivant leur nature et leurs causes, et que dans plusieurs cas les noix de galle seraient plutôt nuisibles que salutaires, il faut encore convenir que, dans les cas où elles seraient utiles, on a des remèdes beaucoup plus énergiques à mettre en usage.

M. Reneaume, membre de l'académie des Sciences, a cru avoir découvert dans les noix de galle un second spécifique pour les fièvres intermittentes ; mais la vertu fébrifuge qu'il leur attribuait, n'a point été confirmée par l'expérience, et la théorie de la fièvre de ce médecin, sur laquelle il fondait son remède, était pitoyable.

On emploie les noix de galle extérieurement pour resserrer et répercuter, pour affermir et fortifier les parties qui sont trop relâchées. On s'en sert dans des injections et dans des fomentations astringentes pour guérir la chute de la matrice, et celle de l'anus qui vient du relâchement du sphincter. Elles entrent aussi dans quelques emplâtres et onguents astringens, comme dans l'emplâtre pour les hernies, appelée communément emplâtre contre les ruptures, de Charas.

Elles servent encore en Chimie à éprouver la nature des eaux minérales : elles donnent à la solution du vitriol la couleur noire, ou plutôt celle de violette foncée ; savoir, lorsque le sel alkali des noix de galle se joint au sel acide vitriolique, et en fait séparer les parties métalliques ; alors ces particules ne vont pas au fond de la liqueur, mais elles s'unissent avec les particules sulphureuses des noix de galle, lesquelles nagent dans le fluide et soutiennent les particules métalliques. Par cette raison l'infusion ou la décoction de ces noix sert aux Chimistes et aux Physiciens pour l'examen des eaux minérales ; car si elles contiennent un sel vitriolique, ou un peu de fer ou de cuivre, cette infusion ou cette décoction donne à ces eaux la couleur noire, violette, pourpre ou tirant sur le pourpre, selon qu'elles contiennent plus ou moins de sel métallique.

Cependant le principal usage des noix de galle est réservé pour les arts, pour les teintures du grand et surtout du petit teint, pour les corroyeurs et autres ouvriers en cuir, enfin pour faire de l'encre. Les Teinturiers emploient les galles étrangères, dites galles à l'épine pour teindre en noir, et les galles de France, qu'ils nomment cassenolles, pour former en soie le noir écru. (D.J.)

NOIX DE GALLE, (Chimie et Matière médicale) noix de galle d'Alep, et noix de galle de notre pays.

Ces deux espèces de noix de galle sont fort analogues quant à leur composition intérieure ou chimique ; mais les premières sont meilleures, tant pour les usages chimiques que pour ceux de la médecine et ceux des arts.

La noix de galle possède éminemment le goût acerbe, austère, stiptique, propre aux écorces des bois et à celles de quelques fruits, par exemple de la grenade. On a coutume d'attribuer cette saveur à un sel vitriolique ou alumineux, et à un principe terreux très-surabondant et presque nud. La propriété que possède la noix de galle de précipiter les sels métalliques, principalement observée dans ses effets sur le vitriol de Mars, indique assez bien ce principe terreux ; mais et la démonstration chimique de la nature de la noix de galle et la théorie des phénomènes qu'elle présente, lorsqu'on l'applique aux différentes dissolutions de fer, manquent également à la Chimie jusqu'à présent. L'observation nue des faits a seulement appris que la poudre ou la décoction filtrée de noix de galle étant mêlée en petite quantité à une liqueur qui contient la moindre parcelle de fer, dans quelque état que ce sait, y manifeste ce métal sous la forme d'un précipité plus ou moins divisé, plus ou moins rare, selon qu'il est plus ou moins abondant, et de différentes couleurs proportionnelles à ses différents degrés de tenuité et d'abondance, dans l'ordre suivant : le précipité à peine sensible est d'une couleur de rose tendre, il devient par nuances paillé, vineux, gros-rouge, violet, bleu foncé, et enfin noir, c'est-à-dire bleu très-foncé. Voyez NOIR. Cette dernière nuance est celle de l'encre, qui n'est autre chose qu'une forte dissolution de vitriol martial précipité par la noix de galle, et dans laquelle le précipité est constamment suspendu par une matière gommeuse dont cette liqueur est en même temps chargée. Voyez ENCRE et VITRIOL.

Quant aux vertus médicamenteuses de la noix de galle, nous avons à en dire exactement la même chose que des noix de cyprès. Voyez CYPRES, mat. méd. M. Reneaume, médecin de Paris, a donné sur leurs vertus fébrifuges un mémoire à l'académie royale des Sciences, an. 1711. (b.)

NOIX D'INDE, nux Indica, (Médecine) est le fruit d'un arbre qui croit dans les Indes, et qu'on appelle cocotier. Voyez CACAO et CHOCOLAT.

NOIX DE MADAGASCAR, (Botanique exotique) noix grosse comme une noix de galle, ronde, légère, de couleur de châtaigne, ayant l'odeur et le goût du girofle, mais beaucoup plus faible, et contenant quelques pepins ou semences : on nous l'apporte de Madagascar ; c'est le fruit d'un arbre appelé dans le pays ravendsara. (D.J.)

NOIX METEL, (Médecine) voyez POMME EPINEUSE.

NOIX MUSCADE, (Botanique exotique) voyez MUSCADE.

NOIX VOMIQUE, (Botanique exotique) amande ou fruit de différente grosseur, que nous recevons des Indes orientales. Il est mal nommé noix vomique, car il n'excite point le vomissement ; mais il tue les hommes, les quadrupedes et les oiseaux, après leur avoir causé de terribles angoisses.

On nous envoie le plus communément sous le nom de noix vomique une amande orbiculaire, aplatie, large d'environ un pouce, épaisse de deux ou trois lignes, d'une substance dure comme la corne, de couleur grise, un peu lanugineuse en dehors ; ayant une espèce de nombril qui occupe le centre, mais plus aplati d'un côté que de l'autre.

Les Grecs n'ont point connu notre noix vomique, et il n'est pas certain que ce soit la noix métel des Arabes. Ceux des modernes qui ont pris la noix vomique orientale pour une racine, ou pour un champignon, se sont également trompés : c'est l'amande ou le fruit d'un certain arbre, qui s'appelle nux vomica major, ou caniram. H. Malab. tom. I. Malus Malabarica, fructu corticoso, amaricante, semine plano, compresso. D. Syen, Ray hist. 1661. Solanum arborescens indicum, maximum, foliis Oenopliae, sive nanenae majoribus, fructu rotundo, duro, rubro, semine orbiculari, compresso, maximo, &c.

Cet arbre est également grand et gros, fort branchu, couvert d'une écorce cendrée, noirâtre ou rougeâtre et amère. Ses feuilles naissent opposées sur les nœuds des branches ; elles sont ovales, très-larges dans leur milieu, terminées en pointe mousse, verdoyante, d'une saveur amère, ayant trois nervures un peu saillantes en-dessus et en-dessous. Ses fleurs naissent par bouquets sur les rameaux aux aisselles des feuilles : elles sont composées d'un pétale d'une seule pièce en forme d'entonnoir, divisé profondément en cinq parties ; les étamines sont au nombre de cinq, garnies de longs sommets et d'un seul pistil plus long que le pétale.

Les fleurs étant passées, leurs embryons deviennent des fruits ronds, lisses, verts d'abord, ensuite d'une couleur jaune dorée, contenant dans leur maturité une substance blanche et mucilagineuse, sous une écorce un peu épaisse, cassante, et d'une saveur fort amère. Ils n'ont qu'une loge ; chaque fruit contient quinze semences arrondies et aplaties ; l'écorce extérieure de ces fruits est avant leur maturité de couleur argentine, tirant sur le brun ; lorsqu'ils sont murs, cette écorce est velue, verdâtre, mince, et fort amère. Cet arbre croit dans le Malabar, et sur la côte de Coromandel.

Les noix vomiques font mourir par une vertu spécifique et vénéneuse tous les quadrupedes, les corbeaux, les corneilles, les cailles, et la plupart des oiseaux. Presque tous les médecins reconnaissent qu'il n'en faudrait pas deux drachmes pour tuer un homme des plus robustes. Il est certain qu'une très-petite quantité suffit pour bouleverser l'estomac et exciter des mouvements convulsifs. Le poison de cette noix parait attaquer principalement les nerfs : car c'est de-là que vient l'anxiété, la roideur, le frisson, le tremblement, les convulsions et la respiration déréglée. Voyez à ce sujet les observations de Gesner, de Bauhin, et surtout d'Antoine de Heyde.

On connait une autre espèce de noix vomique entièrement semblable à la précédente, dont l'arbre s'appelle modira caniram, H. Malab. t. VIII. Solanum arborescens indicum, foliis napecae majoribus, magis mucronatis ; fructu rotundo, duro, spadiceo, nigrescente ; semine orbiculari, compresso, maximo, Breyn 2. prodr.

Quoique l'on prétende que cette seconde noix vomique et le bois de couleuvre se tirent du même arbre ; Herman assure au contraire que cette noix vient d'un autre arbre, mais c'est un point qui nous importe fort peu.

Il y a une troisième espèce de noix vomique, plus petite que les précédentes, et que l'on trouve très-rarement dans les boutiques. A peine égale-t-elle la troisième partie de la noix vomique ordinaire : au reste, elle lui ressemble par la figure, la couleur, le goût et la consistance ; le bois de l'arbre qui produit cette espèce de noix vomique s'appelle bois de couleuvre ; mais c'est plutôt une racine ligneuse qui renferme sous une écorce de couleur de fer, et marquée de taches grises, une substance solide, pesante, d'un goût âcre et amer, sans aucune odeur. On nous l'apporte des îles de Solor et de Timor. On distingue ce bois de celui des arbres dont nous venons de parler, en ce qu'il est plus dur et plus dense. L'arbre qui fournit la petite noix vomique s'appelle nux vomica minor, moluccana ; il ne diffère de l'arbre caniram que par la moindre grandeur de ses feuilles, de ses fruits et de ses graines. (D.J.)

NOIX, s. f. (Géométrie pratique) partie d'un instrument de Géométrie pratique, tel qu'un graphomètre, un niveau, etc. C'est une boule de métal ou de bois qui a un col long, sur lequel on fixe l'instrument. Cette boule est enchassée dans une boite où elle est mobîle en tout sens, pour pouvoir mettre l'instrument dans une situation verticale, parallèle à l'horizon, oblique, de façon qu'on puisse l'arrêter dans toutes ces situations, et la fixer sans qu'elle puisse branler ; ce qui se fait par le moyen d'une vis qui serre la boite dans laquelle la noix est renfermée. (D.J.)

NOIX, (Marine) où passe la manivelle du gouvernail. Voyez MOULINET.

NOIX, terme d'Arquebusier ; c'est un petit morceau de fer plat sur ses deux faces, de la largeur de dix à douze lignes, et épais de six, qui est arrondi parderrière, et garni de deux crants, dont l'un sert pour le repos, et l'autre pour la tente, et s'engrenent dans la mâchoire de la gachette, qui est immédiatement posée derrière cette noix. Le devant est creusé en-dedans en forme de mâchoire, et est pour recevoir la mâchoire du grand ressort à sens contraire. Les deux faces plates sont traversées d'un pivot qui est rond et menu, et qui se passe dans le trou qui est au milieu de la bride. L'autre bout du pivot est plus gros et est rond, de l'épaisseur de deux à trois lignes, et le reste est carré. Ce pivot entre dans un trou qui est rond, du calibre du pivot, et qui est pratiqué au corps de platine, de façon que l'épaisseur du pivot rond se place dans ce trou, et soutient la noix qui tourne en bascule, selon le besoin ; le reste, qui est carré, sort en-dehors, et sert pour placer le chien. Ce pivot est percé d'un trou en écrou, dans lequel on place le clou du chien, et qui l'assujettit de façon qu'il ne peut pas sortir.

NOIX, (Bas au métier) Voyez l'article BAS AU METIER.

NOIX, terme de Potier de terre ; les Potiers de terre appellent la noix de la roue sur laquelle ils tournent les ouvrages de poterie, l'arbre ou pivot qui lui sert comme d'essieu ; et cela, parce que la tête de cet arbre est presque ronde, et en forme de noix, à la réserve qu'elle est aplatie par en haut, pour y placer le morceau de terre glaise qu'on veut travailler. (D.J.)

NOIX, (Soierie) petite poulie cavée, arrêtée fixe sur le bout des broches des rouets.