espèce de nourriture dont il est beaucoup parlé dans les anciens, et cependant assez peu connue des modernes, pour que les uns pensent que ce soit une graine, et les autres une préparation alimentaire ; mais afin que le lecteur juge par lui-même de ce que c'était que l'alica, voici la plupart des passages où il en est fait mention. L'alica mondé, dit Celse, est un aliment convenable dans la fièvre : prenez-le dans l'hydromel, si vous avez l'estomac fort et le ventre resserré : prenez-le au contraire dans du vinaigre et de l'eau, si vous avez le ventre relâché et l'estomac faible. Lib. III. cap. VIe Rien de meilleur après la tisane, dit Aretée, lib. I. de Morb. acut. cap. Xe L'alica et la tisane sont visqueuses, douces, agréables au goût : mais la tisane vaut mieux. La composition de l'une et de l'autre est simple ; car il n'y entre que du miel. Le chondrus (& l'on prétend que alica se rend en grec par χόνδρος) est, selon Dioscoride, une espèce d'épeautre qui vaut mieux pour l'estomac que le riz, qui nourrit davantage, et qui resserre. L'alica ressemblerait tout à fait au chondrus, s'il resserrait un peu moins, dit Paul Aeginete : (il s'ensuit de ce passage de Paul Aeginete, que l'alica et le chondrus ne sont pas tout à fait la même chose.) On lit dans Oribase que l'alica est un froment dont on ne forme des aliments liquides qu'avec une extrême attention. Galien est de l'avis d'Oribase, et il dit positivement : " l'alica est un froment d'un suc visqueux et nourrissant ". Cependant il ajoute : " la tisane parait nourrissante... mais l'alica l'est ". Pline met l'alica au nombre des froments ; après avoir parlé des pains, de leurs espèces, etc. il ajoute : " l'alica se fait de mais ; on le pîle dans des mortiers de bois ; on emploie à cet ouvrage des malfaiteurs : à la partie extérieure de ces mortiers est une grille de fer qui sépare la paille et les parties grossières des autres : après cette préparation, on lui en donne une seconde dans un autre mortier ". Ainsi nous avons trois sortes d'alica ; le gros, le moyen, et le fin : le gros s'appelle aphairema ; mais pour donner la blancheur à l'alica, il y a une façon de le mêler avec la craie. Pline distingue ensuite d'autres sortes d'alica, et donne la préparation d'un alica bâtard fait de maïs d'Afrique ; et dit encore que l'alica est de l'invention des Romains, et que les Grecs eussent moins vanté leur tisane, s'ils avaient connu l'alica. De ces autorités comparées, Saumaise conclut que l'alica et le chondrus sont la même chose ; avec cette différence, selon lui, que le chondrus n'était que l'alica grossier ; et que l'alica est une préparation alimentaire. On peut voir sa dissertation de komonym. hyles. iatr. c. lvij.