Les Théologiens protestants emploient plus ordinairement ce terme pour signifier les personnes qui ne peuvent participer à la coupe dans la réception de l'eucharistie, par l'aversion naturelle qu'elles ont pour le vin. Voyez ANTIPATHIE.

Leurs sectes ont été extrêmement divisées pour savoir si l'on devait laisser communier ces abstèmes sous l'espèce du pain seulement. Les Calvinistes au synode de Charenton décidèrent qu'ils pouvaient être admis à la cène, pourvu qu'ils touchassent seulement la coupe du bout des lèvres, sans avaler une seule goutte de l'espèce du vin. Les Luthériens se récrièrent fort contre cette tolérance, et la traitèrent de mutilation sacrilège du sacrement. Il n'y a point d'ame pieuse, disaient-ils, qui par la ferveur de ses prières n'obtienne de Dieu le pouvoir et la force d'avaler au moins une goutte de vin. Voyez Stricker, in nov. Lit. Germ. ann. 1709. p. 304.

M. de Meaux a tiré avantage de cette variation pour justifier le retranchement de la coupe ; car il est clair, dit-il, que la communion sous les deux espèces n'est pas de précepte divin, puisqu'il y a des cas où l'on en peut dispenser. Voyez les Nouv. de la République des Lettres, tome III. p. 23. Mém. de Trév. 1708. p. 33. et 1717. p. 1415.

Dans les premiers siècles de la république Romaine, toutes les dames devaient être abstèmes ; et pour s'assurer si elles observaient cette coutume, c'était une règle de politesse constamment observée, que toutes les fois que des parents ou des amis les venaient voir, elles les embrassassent. (G)