Le détroit qui est à l'entrée de la mer Baltique, se nomme le Sund. Il ne faut pas le confondre avec le détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Sumatra et de Java. Varenius croit que les golfes et les détroits ont été formés pour la plupart par l'irruption de la mer dans les terres. Une des preuves qu'il en apporte, c'est qu'on ne trouve presque point d'iles dans le milieu des grandes mers, et jamais beaucoup d'iles voisines les unes des autres. On peut aussi voir les autres preuves aux articles CONTINENT, TERRAQUE ; voyez aussi l'hist. naturelle de M. de Buffon, tom. I. On y remarque que la direction de la plupart des détroits est d'Orient en Occident, ce qu'on attribue à un mouvement ou effort général des eaux de la mer dans ce sens. Voyez MER.

Le détroit qui sépare la France d'avec l'Angleterre, s'appelle le pas de Calais. Voyez sur la jonction de l'Angleterre à la France, et sur le pas de Calais, la dissertation de M. Desmarets, qui a remporté le prix de l'académie d'Amiens en 1752. Voyez aussi COURANT. (O)

DETROIT, (Droit politique) On fait en Droit politique, trois grandes questions sur les détroits et les golfes, qu'il importe de résoudre.

On demande 1°. à qui appartiennent légitimement les détroits et les golfes. La réponse est unanime. Ils appartiennent à celui qui s'est le premier établi sur les côtes du détroit, qui y domine de dessus terre, et qui en conserve la propriété, soit par la navigation, soit par des flottes. En effet le premier occupant s'approprie par cela seul et sans supposer aucune convention, tout ce qui n'est à personne. Ainsi la prise de possession est en ce cas, aujourd'hui aussi-bien qu'autrefois, la seule manière d'acquérir originairement la propriété d'une chose.

On demande, en second lieu, si un souverain, maître d'un détroit, peut avec justice imposer des péages, des tributs, sur les vaisseaux étrangers qui passent par ce bras de mer. Ce péage parait très-juste, parce que s'il est permis à un prince de tirer du revenu de ses terres, il lui doit être également permis de tirer du revenu de ses eaux. Personne ne peut s'en plaindre, puisqu'il ouvre un passage qui rend la navigation commode, le commerce florissant, et qui fait le profit des nations qui viennent se pourvoir par ce passage du détroit, de diverses choses qui leur sont nécessaires.

Enfin l'on demande si le souverain, maître du détroit, pourrait également imposer des droits de péage à un autre prince, dont les terres confineraient à la côte supérieure et inférieure de ce détroit. L'on répond qu'il le peut également, parce que la position d'un tiers ne saurait rien diminuer des droits du souverain, premier possesseur du détroit. Dès qu'une fois quelqu'un s'est établi le premier sur un des côtés du détroit, et qu'il a pris possession de tout le détroit, celui qui vient ensuite habiter de l'autre côté, n'est maître que de ses ports et de ses rivages ; de sorte que le premier occupant est fondé à exiger le péage des vaisseaux de l'autre, tout de même que si ce dernier était en-deçà ou en-delà du détroit, à moins qu'il ne l'en ait dispensé par quelque convention. En vain le dernier prince établi sur le détroit repliquerait, pour refuser le droit de passage au premier, que ce serait se rendre tributaire de l'autre souverain, ou reconnaître sa souveraineté sur les mers dont le détroit est la clé : on lui répondrait qu'il n'est pas réellement par-là plus tributaire du souverain, maître du détroit, qu'un seigneur qui voyage dans les pays étrangers, et qui paye le péage d'une rivière, est tributaire du maître de la rivière ; on lui attribue par ce payement, la souveraineté sur tout ce qui est au-delà de cette rivière. Mais le lecteur curieux d'approfondir ce sujet, le trouvera savamment discuté dans les œuvres de M. Bynkershoek, imprimées à Utrecht en 1730, in -4°. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.