Le bistouri courbe doit avoir les mêmes qualités : la courbure n'en doit pas être fort grande ; il faut qu'elle commence dès sa base, qu'elle se continue insensiblement jusqu'à la pointe, et que dans tout le trajet, la courbure n'excède pas trois lignes. Le tranchant est dans la courbure. Fig. 1. Pl. II.

Je me sers dans plusieurs cas, et surtout dans l'extirpation des cancers, d'un bistouri courbe, tranchant sur sa convexité. Cet instrument a beaucoup d'avantage, parce que le tranchant agit tout-à-la-fais dans toute sa longueur ; et dans les bistouris ordinaires, il n'y a presque que la pointe qui soit d'usage.

Le manche des bistouris est composé de deux lames d'écaille de la même configuration que la lame. Elles sont percées à leur base d'un trou qui doit être moins large que celui du talon sur lequel elles s'appliquent, et auquel elles sont unies par un clou de fil de laiton rivé sur deux rosettes d'argent. L'extrémité de la chasse est aussi percée, et les deux pièces sont jointes par un clou rivé pareillement.

Les dimensions des bistouris peuvent varier ; ils ont communément deux pouces au plus de tranchant, et les autres parties sont proportionnées à celle-ci.

Il y a des bistouris boutonnés par leur extrémité ; on s'en sert dans les cas où l'on craint de piquer les parties par la pointe de l'instrument : on se sert aussi de bistouris à deux tranchans, pour l'ouverture des abcès, l'opération du séton, etc. Fig. 3. Pl. II.

BISTOURI A LA LIME, est un instrument de l'invention de M. Petit ; c'est un couteau dont la lame a deux pouces et demi de longueur, dont le tranchant est mousse, et qui n'a été trempé qu'après avoir été fabriqué. La pointe de ce bistouri est terminée par un petit bouton. Il est monté sur un manche d'ivoire taillé à pans. L'usage de ce bistouri est de dilater les étranglements dans différentes opérations, comme dans les hernies, etc. ce qu'il exécute sans aucun danger, parce que son tranchant qui est mousse, ne coupe que les parties qui résistent. Pl. III. fig. 17.

BISTOURI gastrique, est un instrument inventé par M. Morand pour dilater les plaies du bas-ventre, afin de réduire les parties qui en sont sorties. Cet instrument est composé de deux pièces ; une fixe, et une mobîle : la pièce fixe est semblable à un manche de ciseau, excepté qu'elle est plus longue ; elle est terminée d'un côté par un anneau, et de l'autre par un stylet ou une sonde boutonnée, et un peu recourbée : la pièce mobîle est plus courte ; elle est composée d'une lame dont le tranchant est extérieur, et d'un petit manche au bout duquel est un anneau semblable à celui de la pièce fixe ; la partie antérieure de la lame est jointe à la pièce fixe par une petite charnière à jonction passée ; l'union de la pièce mobîle à l'immobîle est à deux pouces de distance du bout du stylet. Voyez fig. 4. Pl. IV. Pour se servir de cet instrument, on le tient par les anneaux comme des ciseaux ; on porte perpendiculairement le stylet dans l'endroit où l'on veut dilater, et lorsqu'il est entré aussi avant qu'il est nécessaire, on éloigne la partie mobîle de l'immobile, afin de couper avec le tranchant les parties qui font l'étranglement. Cet instrument réunit la sonde et le bistouri qui occupaient les deux mains du chirurgien. C'est un grand avantage, puisque l'opérateur en se servant du bistouri gastrique, peut ranger de l'autre main les intestins, et se dispenser d'emprunter le secours d'une main étrangère, qui n'est jamais si sure que la sienne.

BISTOURI herniaire, est un bistouri courbe caché dans une canule qui n'est plus en usage, pour dilater l'anneau du muscle oblique externe dans l'opération de la hernie. Feu M. de la Peyronie, premier chirurgien du Roi, a changé la destination de cet instrument, lequel, au moyen de quelques corrections qu'il y a faites, est fort convenable pour l'opération du phymosis.

Cet instrument est composé de deux pièces principales ; d'une canule d'argent ou d'acier, et d'un bistouri. Voyez fig. 15. et 16. Pl. III.

La canule est arrondie, longue de quatre pouces, épaisse de quatre lignes à sa partie postérieure ; elle Ve insensiblement en diminuant pour se terminer par une pointe un peu mousse. Cette canule est un peu courbe dans toute sa longueur ; sa partie supérieure et postérieure est plate depuis le manche, à la longueur de quatorze lignes : on observe dans le plus large de cette surface un trou taraudé pour recevoir une vis qui sert à attacher un ressort : cette surface plate est bornée par une éminence olivaire qui s'élève du corps de la canule à la hauteur de trois lignes, et qui peut avoir trois lignes et demie d'épaisseur, sur cinq lignes de longueur.

La canule est fendue à jour, suivant l'épaisseur de son corps ; de manière que cette fente règne supérieurement, depuis la fin de la surface plate jusqu'à l'extrémité antérieure de la canule, coupant dans ce chemin l'éminence olivaire en deux ; et inférieurement elle se termine à quatre ou cinq lignes de l'extrémité antérieure ; de sorte que ce qui reste de la canule est coupé en talud, et ne parait point du côté de sa convexité.

L'éminence olivaire qui est coupée en deux par la fente que nous venons d'observer, est percée diamétralement et dans son milieu, ayant une de ses ailes tournée en écrou pour recevoir une vis saillante.

La partie postérieure de la canule se termine par une soie mastiquée dans un manche d'ébene ou d'ivoire tourné en pommette ; il doit être assez gros, et de la longueur de deux pouces quatre lignes.

Il y a en outre une petite lame d'acier battue à froid pour faire ressort ; sa figure est pyramidale ; elle est très-mince, large de deux lignes et demie vers sa base, et d'une bonne ligne et demie à sa pointe, qui est mousse et arrondie ; sa longueur est de quatorze lignes ; elle est recourbée dans son milieu, de manière que la pointe s'éloigne de l'axe. Ce ressort est percé à sa base pour le passage d'une vis qui s'engage dans l'écrou qui est pratiqué à l'endroit le plus large de la surface plate de la canule, pour fixer et attacher une extrémité du ressort sur la canule, tandis que son autre extrémité éloignée de l'axe de la canule, pousse la pièce de pouce dont nous allons parler.

La seconde pièce principale de cet instrument est le bistouri ou la lame : on y considère deux parties ; la lame tranchante et le talon : la lame est fort étroite, elle n'a point de biseau, tout est évuidé ; sa pointe est fort allongée et fort aiguë, ce qui est fort utîle pour l'opération du phymosis. La seconde partie de la lame est le talon ; on y observe une crête arrondie de trois lignes de haut, sur cinq lignes de longueur, située perpendiculairement sur la partie supérieure du talon : cette crête est percée dans son milieu par un trou qui la traverse : sur le sommet de cette crête est attachée horizontalement une pièce de pouce, ou petite plaque légèrement convexe, longue d'un pouce cinq lignes, et large d'environ sept à huit lignes à sa base.

La jonction de la lame avec la canule est telle, que la première est entièrement cachée dans la fente de la canule ; et la crête se trouvant entre les deux pièces de l'éminence olivaire, elle y est arrêtée par une vis saillante qui traverse les deux pièces et la crête de la lame : cette jonction forme une charnière ; lorsqu'on appuie sur la pièce de pouce, on l'approche du manche en forçant le ressort ; le tranchant de la lame fait en même temps la bascule, et il sort de dedans la fente de la canule : dès qu'on cesse d'appuyer sur la pièce de pouce, la pointe du ressort s'élève avec vitesse, et fait rentrer la lame dans la canule.

La vis qui attache le ressort sur la surface plate de la canule doit avoir une petite rainure ou échancrure sur le milieu de la tête, afin de pouvoir être démontée par le moyen d'un tourne-vis. Mais la vis saillante qui fait l'essieu de la charnière doit avoir un manche en forme de petite aile, pour pouvoir séparer aisément dans le besoin la lame, et retirer la canule.

Cet instrument, qu'on a nommé bistouri herniaire, parce qu'il a été imaginé pour faire la dilatation des étranglements dans les hernies, n'est point propre à cet usage, parce que ces obstacles sont extérieurs (Voyez HERNIE), et que ce bistouri couperait intérieurement beaucoup au-delà des obstacles ; inconvénient qui l'a fait proscrire de l'usage auquel il avait été destiné.

M. de la Peyronie qui a fait ajouter la vis ailée, qui a beaucoup de prise, et qu'on peut facilement ôter, au lieu d'une vis perdue qui tenait la lame montée sur la canule, s'est servi de cet instrument pour l'opération du phymosis ; il introduisait ce bistouri avec la canule au-delà de la couronne du gland, sans courir risque de piquer le malade : il ôtait ensuite la vis et retirait doucement la canule, de sorte que la lame restait seule entre le prépuce et le gland ; il la prenait par sa petite plaque avec la main droite, et le pouce et le doigt index de la main gauche étant appliqués aux deux côtés de l'endroit où il jugeait que la pointe de l'instrument sortirait, il perçait le prépuce, passait aussi-tôt le doigt index derrière le dos du bistouri, et achevait l'opération en retirant à lui le bistouri avec les deux mains. Voyez PHYMOSIS.

M. le Dran a imaginé un bistouri herniaire, dont la lame est cachée dans une sonde creuse ; le talon de la lame est relevé et retiré en arrière en sortant de la sonde creuse, lorsqu'on appuie le pouce sur la plaque ; et cela sans que la pointe puisse sortir de la sonde, au moyen d'une queue d'aronde qui termine la lame, et qui coule dans deux rainures. Voyez fig. 5. Pl. VI. deux petites ailes qui sont aux parties latérales du corps de cet instrument, et qui assujettissent et défendent l'intestin, lorsqu'on a introduit dans l'anneau la sonde creuse où la lame est renfermée. (L)