On ne voit que trop de jeunes gens de collège et d'étude, qui étant obligés de se tenir courbés pour écrire sur le genouil dans les classes publiques, sont incommodés de la compression que cette posture contrainte et réitérée cause au bas de la poitrine et aux viscères contenus dans l'épigastre ; cette incommodité arrive surtout à ceux qui, à cause de la vue basse, sont plus exposés à ces inconvéniens, dont différents maux de la poitrine et du bas ventre sont la suite.

Les meilleurs remèdes proposés par ceux qu'on consulte sur ces incommodités, sans leur parler au préalable de la posture génante qui les a précédés, deviennent inutiles aux uns, et augmentent les maux des autres. Ce n'est donc qu'après avoir découvert la cause de cette posture contrainte qu'on y peut porter remède. Il s'agit de discontinuer cette attitude, car par ce seul moyen les malades guérissent, tandis que les remèdes donnés aux autres empêchent l'effet de leur guérison.

On a encore Ve de jeunes étudiants sujets à des maux de tête, d'yeux, de gorge, etc. desquelles incommodités les saignées, et d'autres remèdes convenables, ne peuvent empêcher les récidives plus ou moins fréquentes, lorsque les maux dont on vient de parler, naissent de quelque habitude contre nature, dont on a oublié de rechercher la cause ; c'est ce qu'éprouva M. Winslow, à l'égard de jeunes gens d'un collège qui étaient tous plus ou moins dans le même cas. A la fin l'infirmier avertit M. Winslow, d'une habitude assez générale parmi ces jeunes gens, de dormir la nuit la tête renversée derrière le traversin ; cette posture fut bien-tôt changée, et les jeunes étudiants guéris. En général, l'établissement d'une bonne attitude, est le plus grand remède aux infirmités qui sont devenues habituelles par de mauvaises positions du corps.

Combien de fois n'est-il pas arrivé, que l'inadvertance de cette espèce dans le traitement de certaines maladies, a occasionné des accidents fâcheux, et même irremédiables, sans qu'on en ait pu comprendre la cause, et même après les marques d'une cure parfaite ? M. Winslow en cite un exemple très-remarquable dans le cas d'une femme, auprès de laquelle il fut appelé, pour examiner la guérison de la fracture de sa cuisse. Cette femme boitait encore, quoiqu'il y eut des preuves ordinaires que cette fracture avait été parfaitement bien réduite, et que l'os consolidé avait sa dimension naturelle, comme celui de l'autre côté.

M. Winslow fit coucher la malade à plat ; dans cette posture, après avoir mis aisément les deux genoux, les malléoles, les talons, et les deux gros orteils, dans une situation égale, il parut d'abord que la cuisse qui avait été fracturée et guérie, était dans une parfaite égalité avec l'autre cuisse ; mais voyant qu'un instant après, la jambe du côté malade était remontée comme d'elle-même un peu au-dessus du niveau naturel, et qu'elle paraissait en même-temps plus courte que celle de l'autre côté, il examina les deux hanches, et il observa qu'elles étaient alors dans leur position naturelle, à la même hauteur, et qu'en remettant les jambes et les pieds dans une attitude égale, la position des hanches devenait aussi-tôt oblique.

Il résulte de là, que l'os de la cuisse avait perdu sa longueur naturelle, par la soudure irrégulière de la fracture, et que faute d'attention sur l'attitude des hanches, on était trompé par la manière ordinaire de s'en rapporter à l'égalité seule des genoux, des malléoles, des talons et des orteils ; ce qui arrive d'autant plus facilement, qu'à mesure qu'on tire la jambe du côté de la fracture pour la comparer avec l'autre jambe, le malade, crainte de douleur, fait obéir lui-même sa jambe au manuel de l'opérateur ; mais le fait naturellement, sans réflexion, et par conséquent, sans avertir que pour le faire, il fait aussi en même-temps descendre la hanche de côté. (D.J.)