Les Acoemetes étaient partagés en trois bandes, dont chacune psalmodiait à son tour, et relevait les autres ; de sorte que cet exercice durait sans interruption pendant toutes les heures du jour et de la nuit. Suivant ce partage, chaque Acoemete consacrait religieusement tous les jours huit heures entières au chant des Pseaumes, à quoi ils joignaient la vie la plus exemplaire et la plus édifiante : aussi ont-ils illustré l'église Orientale par un grand nombre de saints, d'évêques, et de patriarches.

Nicéphore donne pour fondateur aux Acoemetes un nommé Marcellus, que quelques écrivains modernes appellent Marcellus d'Apamée : mais Bollandus nous apprend que ce fut Alexandre, moine de Syrie, antérieur de plusieurs années à Marcellus. Suivant Bollandus, celui-là mourut vers l'an 430. Il fut remplacé dans le gouvernement des Acoemetes par Jean Calybe, et celui-ci par Marcellus.

On lit dans S. Grégoire de Tours, et plusieurs autres écrivains, que Sigismond, roi de Bourgogne, inconsolable d'avoir, à l'instigation d'une méchante princesse qu'il avait épousée en secondes nôces, et qui était fille de Théodoric, roi d'Italie, fait périr Géseric son fils, prince qu'il avait eu de sa première femme, se retira dans le monastère de S. Maurice, connu autrefois sous le nom d'Agaune, et y établit les Acoemetes, pour laisser dans l'Eglise un monument durable de sa douleur et de sa pénitence.

Il n'en fallut pas davantage pour que le nom d'Acoemetes et la psalmodie perpétuelle fût mise en vogue dans l'Occident, et surtout dans la France, dont plusieurs monastères, entr'autres celui de Saint-Denys, suivirent presqu'en même temps l'exemple de celui de Saint-Maurice : quelques monastères de filles se conformèrent à la même règle. Il parait par l'abrégé des actes de sainte Saleberge, recueillis dans un manuscrit de Compiègne cité par le P. Ménard, que cette sainte après avoir fait bâtir un vaste monastère, et y avoir rassemblé trois cens religieuses, les partagea en plusieurs chœurs différents, de manière qu'elles pussent faire retentir nuit et jour leur église du chant des Pseaumes.

On pourrait encore donner aujourd'hui le nom d'Acoemetes à quelques maisons religieuses, où l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement fait partie de la règle, en sorte qu'il y a jour et nuit quelques personnes de la communauté occupées de ce pieux exercice. Voyez SACREMENT et ADORATION.

On a quelquefois appelé les Stylites Acoemetes, et les Acoemetes, Studites. Voyez STYLITE et STUDITE. (G)