La broderie au métier est d'une grande ancienneté Dieu ordonna qu'on en enrichit l'arche et d'autre ornements du temple des Juifs. Mais la broderie en mousseline pourrait bien ne pas remonter si haut. Les broderies de cette espèce suivant en tout les desseins des belles dentelles, et la plupart des points des unes ayant pris le nom du pays où les autres se font, car on dit point d'Hongrie, point de Saxe, etc. il y a lieu de croire que la broderie qui n'est vraiment qu'une imitation de la dentelle, n'est venue qu'après elle ; surtout, si l'on fait attention que la broderie s'est plus perfectionnée dans les pays où les dentelles sont les plus belles, comme en Saxe, que par-tout ailleurs.

La broderie au métier parait bien moins longue que l'autre, dans laquelle, du moins pour le remplissage des fleurs, il faut compter sans-cesse les fils de la mousseline tant en long qu'en travers : mais en revanche cette dernière est beaucoup plus riche en points, et dès-là susceptible de beaucoup plus de variété. La broderie en mousseline la plus estimée est celle de Saxe : on en fait cependant d'aussi belle dans d'autres contrées de l'Europe, surtout en France : mais la réputation des ouvrières Saxonnes est faite ; les Françaises feraient mieux, qu'on les vanterait moins. Il serait bien à souhaiter que la prévention n'eut lieu que dans cette occasion.

Les toiles trop frappées ne sont guère susceptibles de ces ornements : et en effet, on n'y en voit point. Les mousselines même doivent être simples, Les plus fines sont les meilleures pour être brodées. Les doubles, à cause de leur tissure pressée et pleine, rentrent pour la broderie dans la classe des toiles, sur lesquelles elle est au moins inutile.

BRODERIE APPLIQUEE, est celle dont les figures sont relevées et arrondies par le coton ou vélin qu'on met dessous pour la soutenir.

BRODERIE EN COUCHURE, est celle dont l'or et l'argent est couché sur le dessein, et cousu avec de la soie de même couleur.

BRODERIE EN GUIPURE, se fait en or ou en argent. On dessine l'étoffe, ensuite on met du vélin découpé, puis l'on coud l'or ou l'argent dessus avec la soie. On met dans cette broderie de l'or ou de l'argent frisé, du clinquant, du bouillon de plusieurs façons. On y met aussi des paillettes.

BRODERIE PASSEE, est celle qui parait des deux côtés de l'étoffe.

BRODERIE PLATE, est celle dont les figures sont plates et unies sans frisures, paillettes, ni autres ornements.

BRODERIE, (Jardinage) c'est dans un parterre, un composé de rinceaux de feuillages, avec fleurons, fleurs, tigettes, culots, rouleaux de graines, etc. le tout formé par des traits de bouis nain, qui renferment du mâche-fer au lieu de sable, et de la brique battue, pour colorer ces broderies et les détacher du fond, qui est ordinairement sablé de sable de rivière. Voyez PARTERRE. (P)

BRODERIE, DOUBLES, FLEURTIS : tout cela se dit, en Musique, de plusieurs notes que le musicien ajoute à sa partie dans l'exécution, pour varier un chant souvent répété, pour orner des passages trop simples, ou pour faire briller la légèreté de son gosier ou de ses doigts. Rien ne montre mieux le bon ou mauvais goût d'un musicien, que le choix et l'usage qu'il fait de ces ornements, La musique Française est fort retenue sur les broderies : les Italiens s'y donnent plus de carrière ; c'est chez eux à qui en fera davantage : les acteurs et actrices de leurs opéra rassemblent ordinairement, d'après les meilleurs maîtres, des recueils de doubles, qu'ils appellent passi, sur toutes sortes de traits de chant, et ils sont fort jaloux de ces sortes de recueils. (S)