La tête de l'animal est au moins garnie d'une vingtaine de petites cornes ou bras de différente longueur ; lorsqu'on voit ces prolongements par le moyen du microscope, ils paraissent frangés ; au lieu d'être rangés circulairement autour de la bouche, ils sont tous placés à côté ; lorsqu'ils se contractent, ils forment des courbes irrégulières enfermées les unes dans les autres. Il y a plusieurs incisions sur le côté concave ; et on voit dans les intervalles compris entre ces incisions, des touffes de poil assez semblables à de petites brosses. M. Needham croit que lorsque l'animal les agite soit au-dedans de sa coquille, soit au-dehors, il forme dans l'eau un courant, et que par ce moyen il attire les animalcules dont il se nourrit. La tête hérissée de ces sortes de cornes peut sortir au-dehors de la coquille, et rentrer au-dedans.

Il y a au milieu du grouppe de ces cornes, précisément au dessus de la bouche, une trompe qui renferme une sorte de langue longue et ronde, à-peu-près comme celle du pic-vert. La bouche du bernacle est composée de six lames qui peuvent s'écarter les unes des autres, et qui sont dentelées comme une scie sur leur bord convexe ; ces lames sont disposées en cercles, et fixées par l'une de leurs extrémités ; leur arrangement est tel qu'en s'élevant et s'abaissant alternativement, leurs dents se correspondent ; elles sont appliquées les unes contre les autres, de façon qu'elles forment une ouverture plissée. Le corps du bernacle est assez ressemblant à une petite huitre.

En l'ouvrant, M. Needham a trouvé dans plusieurs une excroissance bleue, placée de chaque côté et immédiatement au-dessous du grouppe des cornes. Ces excraissances, vues au microscope, ont paru être un sac membraneux rempli de petits globules bleus d'une figure ovoïde et uniforme, et assez semblables au frai des autres poissons. M. Needham soupçonne que les bernacles se multiplient comme les polypes, c'est-à-dire par une sorte de végétation : mais il ne l'assure pas, parce qu'il n'a pas pu acquérir des preuves convaincantes sur ceux qu'il a Ve morts : cependant il en a trouvé six ou sept en grouppe intimement joints ensemble par leur extrémité, et qui ressemblaient plutôt à des rejetons que produit une même racine, qu'à des branches qui naissent d'un même tronc, ou à des petits qui sortent du corps de la mère ; mais il n'a pas pu déterminer si cette sorte d'union vient de ce que la multiplication de cet animal est analogue à celle du polype, ou simplement de ce que différentes portions de frai se touchent et croissent sans s'écarter les unes des autres.

M. Needham fait mention d'une autre espèce de bernacles plus petite que la précédente. " On les trouve aussi adhérentes aux rochers et aux vaisseaux ; ils diffèrent principalement des autres, en ce que la coquille qui renferme immédiatement leur corps avec le pédicule sur lequel il est fixé, est logée dans une autre coquille univalve, qui a la forme d'un cone tronqué, qui s'attache contre le fond des vaisseaux, comme celle d'un gland de mer avec laquelle il est aisé de la confondre, page 125 ". Au reste ces petits bernacles sont assez ressemblans aux grands.

M. Needham fait observer qu'il y a beaucoup d'analogie entre ces bernacles et les animalcules à roues, dont M. Leuwenhoeck a découvert deux espèces, et les polypes à pennaches de M. Trembley. On a appelé le bernacle concha anatifera, parce qu'on croyait autrefois qu'il sortait de ce coquillage une espèce de canard. Voyez CRAVANT. (I)