M. Malpighi a découvert que ces organes servaient à la respiration des chenilles, en les couvrant d'huîle ou d'une matière graisseuse quelconque, alors l'insecte tombe en convulsions sur le champ. Mais si on ne met de l'huîle que sur un certain nombre de stigmates, les parties voisines de celles qui sont huilées deviennent paralytiques par la privation d'air, et souvent l'insecte meurt quelque temps après. On tient cependant sous l'eau un ver à soie pendant des heures entières, sans le faire mourir ; il reprend ses forces et sa vigueur en le remettant à l'air et en l'exposant au soleil. M. de Reaumur croit que c'est parce que l'eau ne peut pas pénétrer dans les stigmates, comme l'huile, et que l'air qui se trouve renfermé dans le creux de chaque stigmate empêche que l'insecte ne soit suffoqué. M. Malpighi croyait que l'air entrait et sortait par les stigmates ; mais M. de Reaumur a découvert depuis par des expériences réïtérées en plongeant une chenille dans l'eau, que l'air avait son issue par de très-petites ouvertures répandues sur tout le corps, qui communiquent à de petits canaux, et que ces canaux ont communication avec les trachées dont il a été fait mention. Mém. pour servir à l'hist. des insectes, par M. de Reaumur, tome I. n °. 3. Voyez INSECTE.

STIGMATES, (Histoire ancienne) signes ou caractères dont on marquait ordinairement les esclaves qui avaient été fugitifs. La marque la plus commune était la lettre F, qu'on leur imprimait au front avec un fer chaud. On se contentait quelquefois de leur mettre un collier ou un bracelet, sur lequel on gravait le nom du maître. Quelques-uns ont cru qu'on imprimait aussi des caractères sur les mains, les bras ou les épaules des nouveaux soldats chez les Romains ; mais cet usage n'a pas été général, et l'on n'en trouve pas des témoignages assez précis chez les anciens, pour affirmer que cette coutume fût constamment établie dans les troupes romaines.

STIGMATES, (Théologie) marques ou incisions que les payens se faisaient sur la chair en l'honneur de quelque fausse divinité.

Ces stigmates s'imprimaient ou par un fer chaud, ou par une aiguille avec laquelle on faisait plusieurs piqûres, que l'on emplissait ensuite d'une poudre noire, violette, ou d'une autre couleur, qui s'incorporait avec la chair, et demeurait imprimée pendant toute la vie. La plupart des femmes arabes ont les bras et les joues chargés de ces sortes de stigmates : Lucien dans son livre de la déesse de Syrie, dit que tous les Syriens portaient de ces caractères imprimés les uns sur les mains, et les autres sur le col. Moïse, Lévitiq. Xe xix. vers. 28. défend aux Israèlites de se faire aucune figure, ni aucune stigmate sur le corps. L'hébreu porte, vous ne vous ferez aucune écriture de pointe, c'est-à-dire, aucune stigmate imprimée avec des pointes.

Ptolémée Philopator ordonna qu'on imprimât une feuille de lierre, qui est un arbre consacré à Bacchus sur les juifs qui avaient quitté leur religion pour embrasser celle des payens. S. Jean, dans l'Apocalypse, fait illusion à cette coutume, quand il dit, c. XIIIe vers. 16. et 17. que la bête a imprimé son caractère dans la main droite, et sur le front de ceux qui sont à elle ; qu'elle ne permet de vendre ou d'acheter qu'à ceux qui portent le caractère de la bête ou son nom, et S. Paul, dans son épitre aux Galates, dit qu'il porte les stigmates de J. C. sur son corps en parlant des coups de fouet qu'il a reçus pour la prédication de l'évangile.

Philon le juif, de monarch. l. I. dit qu'il y a des hommes qui pour s'attacher au culte des idoles d'une manière plus solennelle et plus déclarée, se font sur la chair avec des fers chauds, des caractères qui prouvent leur engagement et leur servitude. Procope, in Isaï. xliv. remarque l'ancien usage des chrétiens, qui se faisaient sur le poignet et sur les bras des stigmates, qui représentaient la croix ou le monogramme de J. C. usage qui subsiste encore aujourd'hui parmi les chrétiens d'Orient, et parmi ceux qui ont fait le voyage de Jérusalem. Prudence, hymn. Xe décrit en ces termes la manière dont les payens se faisaient des stigmates en l'honneur de leurs dieux.

Quid cum sacrandus accipit sphragitidas ?

Acus minutas ingerunt fornacibus,

His membra pergunt urere : utque igniverint

Quamcumque partem corporis fervens nota

Stigmavit, hanc sic consecratam praedicant.

Calmet, dictionn. de la Bibl.

STIGMATES, (Théologie) terme que les Franciscains ont introduit pour exprimer les marques ou empreintes des plaies de Notre Seigneur, qu'il imprima lui-même sur le corps de S. François d'Assise.

Voici ce qu'en dit M. l'abbé Fleury, dans son histoire ecclésiastique, tom. XVI. l. LXXIX. n °. 5. d'après Vading et S. Bonaventure. " En 1224, saint François se retira sur le mont Alverne pour y passer son carême de saint Michel, c'est-à-dire, les quarante jours qu'il avait coutume de jeuner ; depuis l'assomption de Notre-Dame, jusqu'à la fin de Septembre.... Un matin, vers la fête de l'exaltation de la sainte Croix, qui est le 14 Septembre, comme il priait au côté de la montagne, il vit un séraphin, ayant six ailes ardentes et lumineuses, qui descendait du haut du ciel d'un vol très - rapide. Quand il fut proche, saint François vit entre ses ailes la figure d'un homme, ayant les mains et les pieds étendus et attachés à une croix. Deux ailes s'élevaient au-dessus de sa tête, deux étaient étendues pour voler, et deux couvraient tout son corps.... La vision disparaissant, le saint aperçut à ses mains et à ses pieds les marques des clous comme il les avait vus à l'image du crucifix. Ses mains et ses pieds paraissaient percés de clous, dans le milieu, les têtes des clous se voyaient au-dedans des mains et au-dessus des pieds, et les pointes repliées de l'autre côté, et enfoncées dans la chair. A son côté droit paraissait une cicatrice rouge, comme si elle venait d'un coup de lance, et souvent elle jetait du sang, dont sa tunique et ses fémoraux étaient arrosés. "

L'impression de ces stigmates fut confirmée par plusieurs miracles que rapporte le même auteur, qui continue ainsi : " Quelque soin que prit François de cacher ses stigmates, il ne put empêcher que l'on ne vit ceux des mains et des pieds, quoique depuis ce temps-là il marchât chaussé, et tint presque toujours ses mains couvertes. Les stigmates furent vus par plusieurs de ses confrères, qui bien que très dignes de foi par leur sainteté, l'assurèrent depuis par serment, pour ôter tout prétexte d'en douter. Quelques cardinaux les virent par la familiarité qu'ils avaient avec le saint homme ; ils ont relevé les stigmates, dit saint Bonaventure, dans les proses, les hymnes et les antiennes qu'ils ont composées en son honneur, et ont rendu témoignage à cette vérité de vive voix, et par écrit. Enfin le pape Alexandre IV. prêchant au peuple, en présence de plusieurs frères et de moi-même (ce sont les propres paroles de saint Bonaventure), assura que pendant la vie du saint il avait Ve ces sacrés stigmates de ses propres yeux. Il ajoute qu'à la mort de saint François plus de cinquante frères les virent, et la pieuse vierge Claire avec ses sœurs, et une multitude innombrable de séculiers, dont plusieurs les baisèrent et les touchèrent de leurs mains pour plus grande certitude.

Quant à la plaie du côté, il la cacha si bien, que de son vivant personne ne put la voir qu'à la dérobée, mais après sa mort elle parut évidemment comme les autres ".

On a institué en mémoire de ce miracle une fête appelée la fête des stigmates de saint Français, avec une messe et un office particulier, mais qui n'est obligatoire que pour les Franciscains. Il y eut aussi à la même occasion une archi-confrérie érigée en 1594, par François Pizi, chirurgien de la ville de Rome.