Wheeler nous donne une autre méthode de tirer la poix que l'on pratique dans le levant ; on fait un creux dans la terre qui a deux aunes de diamètre par le haut, mais qui se retrécit à mesure qu'il devient plus profond ; on le remplit de branches de pin fendues en morceaux ; ensuite on recouvre de feu le haut de ce creux ; le feu brulant jusqu'au fond, la poix se distille et coule par un trou qui y est pratiqué.

La poix reçoit différents noms suivant ses différentes préparations, selon sa couleur et ses qualités. On l'appelle barras quand elle distille du bois, mais ensuite elle prend un nom double ; la plus fine et la plus claire se nomme galipot, et la plus grossière barras marbré.

Avec le galipot on fait ce que l'on appelle de la poix blanche, ou de la poix de Bourgogne, qui n'est que du galipot fondu avec de l'huîle de térébenthine ; quoique ce sait, selon quelques-uns, une poix naturelle qui distille d'un arbre résineux qui vient ou croit dans les montagnes de Franche-Comté.

Ce même galipot sert pareillement à faire une préparation de ce que l'on appelle résine ou poix résine, en faisant bouillir la poix jusqu'à une certaine consistance, et en la mettant en gâteaux. Voyez RESINE.

La poix noire, qui est ce que l'on appelle proprement poix selon quelques-uns, est le galipot liquide brulé et réduit à la forme et à la consistance que nous y voyons, en y mêlant du goudron lorsqu'il est chaud.

La meilleure est celle qui vient de Suède et de Norvège ; on juge de sa bonté par une couleur noire, lustrée ou brillante, et lorsqu'elle est bien seche et bien cassante.

La poix navale, pix navalis, se tire de vieux pins, que l'on arrange et que l'on brule de la même manière que l'on fait le charbon, en y mêlant des étoupes et des câbles battus ; elle sert à paisser les vaisseaux.

On appelle aussi poix navale celle qui est raclée des côtés des vieux navires ; et que l'on croit avoir acquis une vertu astringente par le moyen de l'eau de la mer ; on s'en sert à faire des emplâtres, quoiqu'il soit certain que les Apothicaires donnent ordinairement en sa place de la poix noire commune.

La poix grecque ou la poix d'Espagne, est celle que l'on a fait cuire ou bouillir dans l'eau jusqu'à ce qu'ayant perdu son odeur naturelle, elle devienne seche et friable.

Les anciens l'appelaient colophone à cause qu'il en venait une grande quantité d'une ville de Grèce nommée Colophon. Voyez COLOPHONE.

L'huîle de poix, oleum picinum, est une huîle qui vient de la poix, en séparant la matière aqueuse, ou l'aquosité qui nage sur la poix fondue. On l'appelle aussi baume de poix, à cause des grandes vertus qu'on lui attribue.

POIX, (Art mécanique) voici comme en Provence on recueille différentes sortes de poix et autres préparations résineuses du pin sauvage, nommé pinus sylvestris par C. B. P. 491.

On fait à cet arbre plusieurs incisions par degrés, d'abord d'un côté près de la racine, l'année suivante plus haut, et ainsi de suite, jusqu'à la hauteur de dix à douze pieds, et jusqu'à ce que la liqueur cesse de couler de ce côté-là ; alors on fait des incisions de la même manière aux autres côtés de l'arbre ; la liqueur qui en découle est reçue dans de petites fosses ; sa partie supérieure s'épaissit par la chaleur du soleil, et elle se change en une certaine croute résineuse, que l'on appelle communément barras. Si cette croute est blanche et sans ordures, elle s'appelle galipot, garipot, résine blanche, encens blanc ; mais si elle est brune ou pleine d'ordures, on l'appelle encens madré, ou encens de village. Les ciriers emploient bien souvent la résine blanche ou le galipot, avec la cire pour faire des cierges.

Quand on a retiré cette liqueur des fosses, on la passe au-travers de certains paniers ; la partie la plus fluide coule, et on l'appelle térébenthine : celle qui est plus grossière, et qui reste dans les paniers, est mise dans les alembics avec deux ou trois fois autant d'eau, et elle donne par la distillation un esprit et une huîle de térébenthine. Il reste au fond du vaisseau une masse dure, friable, roussâtre, nommée palimpissa, poix seche, et communément arcançon, ou bray sec.

On compose une espèce de poix noire avec le bray sec et la poix noire liquide commune ; avec cette poix noire artificielle, le bray sec, le suif de bœuf, et la poix noire liquide et commune, fondues ensemble, on prépare la poix navale dont on a coutume d'enduire les vaisseaux avant de les lancer à l'eau. Mais cette poix étant restée longtemps sur les vaisseaux, et ayant contracté quelque salin de l'eau de la mer, s'appelle zopissa. La résine blanche étant fondue avec de la térébenthine et de l'huîle de térébenthine, fait la poix que l'on appelle poix de Bourgogne.

Dans quelques endroits, on fait des creux autour des vieux pins, que l'on brule, et il en découle une liqueur noire, résineuse et huileuse, que l'on appelle poix noire, et communément tare, goudron et bray liquide. Dans d'autres endroits on coupe des morceaux de ce que l'on appelle torche, et on les place dans un fourneau de pierre ou de briques fait exprès, auquel on laisse un trou pour y mettre le feu, et par où la flamme puisse sortir d'abord. Lorsque ces morceaux de bois sont allumés, on ferme le tout exactement. Alors il sort par la violence du feu beaucoup de liqueur noire, qui coule dans des canaux faits avec art, par lesquels cette poix est conduite dans des creux, ou dans des vaisseaux propres à la recevoir.

La poix noire liquide étant reposée assez longtemps dans des vaisseaux convenables, il nage au-dedans une liqueur fluide, noire, huileuse, que l'on appelle huîle de poix, et improprement huîle de cade. Quelques-uns font cuire la partie la plus grossière de la poix jusqu'à siccité, et ils forment une autre espèce de poix seche, ou de bray sec.

De toutes ces substances résineuses brulées, on retire une suie noire et légère, que l'on appelle communément noir de fumée, et que l'on emploie très-souvent pour préparer quelques couleurs, ou l'encre dont se servent les Imprimeurs. (D.J.)

POIX MINERALE, (Histoire naturelle) pix mineralis ; c'est le nom qu'on donne à une espèce de bitume solide ou d'asphalte, qui a la consistance de la poix, et qui comme elle, s'attache fortement aux doigts. Voyez ASPHALTE, BITUME, etc.

POIX, (Géographie ancienne) bourg de France en Picardie, sur un ruisseau de même nom, au bailliage d'Amiens, érigé en duché-pairie, sous le nom de Crequi, en 1652. Elle s'éteignit en 1687 ; mais Poix a conservé le titre de principauté, quoiqu'il n'y ait jamais eu d'acte d'érection de ce lieu en principauté ; il est vrai que les anciens seigneurs de cet endroit prenaient la qualité de domini et principes de castello de Poix ; mais ce titre principes ne dit rien de plus que domini. Il y a dans ce bourg deux paroisses et un prieuré.