Supposé ce fait vrai, voici comment M. Formey croit pouvoir l'expliquer par une comparaison entre l'aiguille aimantée et la baguette. La matière magnétique sortie du sein de la terre s'éleve, se réunit dans une extrémité de l'aiguille, où trouvant un accès facile, elle chasse l'air ou la matière du milieu ; la matière chassée revient sur l'extrémité de l'aiguille, et la fait pancher, lui donnant la direction de la matière magnétique. De même à peu-près, les particules aqueuses, les vapeurs qui s'exhalent de la terre, et qui s'élèvent, trouvant un accès facîle dans la tige de la branche fourchue, s'y réunissent, l'appesantissent, chassent l'air ou la matière du milieu. La matière chassée revient sur la tige appesantie, lui donne la direction des vapeurs, et la fait pancher vers la terre, pour vous avertir qu'il y a sous vos pieds une source d'eau vive.

Cet effet, continue M. Formey, vient peut-être de la même cause qui fait pancher en bas les branches des arbres plantés le long des eaux. L'eau leur envoye des parties aqueuses qui chassent l'air, pénètrent les branches, les chargent, les affaissent, joignent leur excès de pesanteur au poids de l'air supérieur, et les rendent enfin autant qu'il se peut, parallèles aux petites colonnes de vapeurs qui s'élèvent. Ces mêmes vapeurs pénètrent la baguette et la font pancher. Tout cela est purement conjectural.

Une transpiration de corpuscules abondants, grossiers, sortis des mains et du corps, et poussés rapidement, peut rompre, écarter le volume, ou la colonne des vapeurs qui s'élèvent de la source, ou tellement boucher les pores et les fibres de la baguette, qu'elle soit inaccessible aux vapeurs ; et sans l'action des vapeurs, la baguette ne dira rien : d'où il semble que l'épreuve de la baguette doit se faire surtout le matin, parce qu'alors la vapeur n'ayant point été enlevée, elle est plus abondante. C'est peut-être aussi pour cette raison que la baguette n'a pas le même effet dans toutes les mains, ni toujours dans la même main. Mais cette circonstance rend fort douteux tout ce qu'on raconte des vertus de la baguette.

On a attribué à la baguette la propriété de découvrir les minières, les trésors cachés, et qui plus est les voleurs et les meurtriers fugitifs. Pour cette dernière vertu, on peut bien dire credat Judaeus Apella. Personne n'ignore la fameuse histoire de Jacques Aymar, paysan du Lyonnais, qui guidé par la baguette divinatoire, poursuivit en 1692 un meurtrier durant plus de quarante-cinq lieues sur terre, et plus de trente lieues sur mer. On sait aujourd'hui à n'en pouvoir douter, et on le croira sans peine, que ce Jacques Aymar était un fourbe. On peut voir le détail de son histoire dans le dictionnaire de Bayle, article Abaris. A l'égard des autres effets de la baguette, la plus grande partie des Physiciens les révoquent en doute. (O)

BAGUETTE DE NEPER. Voyez NEPER.

BAGUETTE NOIRE, (Histoire moderne) L'huissier de la baguette noire, c'est le premier huissier de la chambre du roi d'Angleterre, appelé dans le livre noir, lator virgae nigrae et hastiarius ; et ailleurs, virgi bajulus. Voyez HUISSIER. Sa charge est de porter la baguette devant le roi à la fête de S. George à Windsor. Il a aussi la garde de la porte de la chambre du chapitre, quand l'ordre de la Jarretière est assemblé ; et dans le temps que le parlement tient, il garde la chambre des pairs. Sa marque est une baguette noire, qui a un lion d'or à l'extrémité. Cette baguette est en Angleterre une marque d'autorité, comme les masses le sont en d'autres pays. (G)

BAGUETTE, en Architecture, est une petite moulure composée d'un demi-cercle, que la plupart des ouvriers appellent astragale. Voyez ASTRAGALE. (P)

BAGUETTE, chez les Arquebusiers, c'est un morceau de baleine ou de bois de chêne de la longueur d'un canon de fusil : il a par en-haut le diamètre du canon ; il est ferré par le bout. Son autre extrémité est menue et fort déliée ; du reste il est rond dans toute sa longueur, et sert à bourrer un fusil quand on le charge.

BAGUETTE, chez les Artificiers. Il y en a de plusieurs sortes : les unes qu'on devrait appeler des fouloirs ou refouloirs, sont courtes, eu égard à leur grosseur, et tantôt massives, tantôt percées suivant leur axe ; elles sont destinées à charger les cartouches des fusées de toutes espèces de matières combustibles. Les autres longues et minces, servent à diriger la course des fusées volantes, et à les tenir dans une situation verticale, et la gorge d'où sort le feu tournée en-bas. Voyez FUSEE VOLANTE, et Planche I. de l'Artificier, fig. 1. R, une baguette égale dans toute sa longueur, pour rouler les cartouches. Voyez CARTOUCHE. Fig. 2. M, une baguette avec un manche plus gros pour les petites fusées ; et fig. 3. une baguette avec un manche plus petit pour les grosses fusées. Voyez Artific. Pl. II. fig. 23 une baguette à charger, percée par le bout d'un trou A I, égal en largeur et profondeur à la grosseur et à la longueur de la broche qu'il doit recevoir entièrement : figure 24. une baguette à charger plus courte d'un quart, percée dans sa longueur d'un trou 26, dont l'ouverture est égale au diamètre de la broche, pris au tiers de sa longueur, et profonde de la longueur du reste de la broche : fig. 25. baguette à charger, diminuée de la longueur d'un tiers plus que la précédente, et percée d'un trou 3 c, dont l'ouverture est égale au diamètre de la broche, pris aux deux tiers, et profonde du tiers de sa longueur : figure 26. baguette appelée le massif, longue de deux diamètres du calibre, et massive, parce qu'elle ne sert qu'à charger la partie de la fusée qui est au-dessus de la broche. Le manche de ces baguettes doit être garni d'une virole de cuivre, et non de fer, de peur d'accident.

BAGUETTE, chez les Ciriers. Les Ciriers ont deux sortes de baguettes : les baguettes à meches, et les baguettes à bougies ou chandelles. Ils enfilent dans les premières leurs meches, lorsqu'elles sont coupées de longueur : ils enfilent dans les secondes leurs bougies, quand elles sont achevées. Outre ces deux sortes de baguettes, les Chandeliers en ont une troisième, c'est une baguette à tremper : c'est celle sur laquelle les meches sont enfilées, lorsqu'ils font de la chandelle à la main, en trempant à plusieurs reprises les meches dans l'abîme. Voyez ABYSME. Les baguettes à bougies et à tremper sont longues, legeres et flexibles. Celles à meches sont beaucoup plus fortes.

BAGUETTE, terme de Courroyeur : c'est un bâton ou perche sur laquelle ces ouvriers étendent leurs cuirs, toutes les fois qu'ils ont été foulés à l'eau, afin de les y faire sécher. Voyez COURROYER.

BAGUETTE, outil d'Hongrieur ; c'est un morceau de bois assez long et rond, mais qui diminue de grosseur en allant du milieu aux extrémités comme un fuseau. Il sert à ces artisans pour unir et applanir leurs cuirs ; en les roulant dessus avec le pied. Voyez HONGRIEUR, et la figure E, planche de l'Hongrieur.

Pour cet effet, les Hongrieurs ont dans une chambre une espèce d'élévation de planche fig. 5. Planche de l'Hongrieur. a a g, sur le plancher ou le pavé, qui Ve un peu plus en montant du côté du mur qu'à l'extrémité opposée : deux morceaux de bois, a f, d e, dressés depuis le pavé jusqu'au plancher, à la distance d'environ trois pieds l'un de l'autre, sont joints à la hauteur de quatre pieds par un autre morceau de bois b c, qui les traverse. L'ouvrier étend son cuir F sur cette espèce de parquet ; il y place sa baguette entre les plis du cuir : alors il monte dessus, et en s'appuyant avec les mains sur la traverse de bois b c, il foule le cuir en reculant, et répète la même opération jusqu'à ce que ce cuir soit rendu maniable.

BAGUETTES DE TAMBOUR, (Lutherie) ce sont deux morceaux de bois qui ont chacun un pied ou quinze pouces de longueur, sur neuf lignes ou environ de diamètre par le bout qu'on tient à la main, d'où ils vont toujours en diminuant jusqu'à l'autre bout, qui a la forme et les dimensions d'une grosse olive, ils sont tournés au tour, d'un bois dur et pesant comme l'ébene ; et l'on s'en sert pour battre la caisse ou le tambour. Voyez TAMBOUR. Voyez figures 16 et 17, Planche II. de Lutherie.

BAGUETTES DE TYMBALES ; ce sont deux morceaux de bois de bouis qui sont garnis par un bout de petites courroies capables de recevoir les deux doigts du milieu, et destinées à les manier commodément, dont le fût est partout à peu près de la même grosseur, et n'a pas plus de sept à huit pouces de longueur, et qui sont terminés chacun par une espèce de tête de l'épaisseur de trois à quatre lignes, du diamètre de sept à huit, et de la forme d'un champignon plat et arrondi par les bords. Voyez la même Planche de Lutherie que nous venons de citer.

BAGUETTE DE TYMPANON, PSALTERION, etc. ce sont deux petits morceaux de bois, de bouis, de cornouiller, d'ébene, etc. recourbés par un bout, et quelquefois terminés de l'autre par un anneau ; d'une ligne et demie ou deux au plus d'épaisseur par le bout qu'on tient à la main ; d'où ils vont toujours en diminuant. Ils sont recourbés par un bout, afin que ce bout s'applique facilement sur les cordes qu'on veut, sans toucher à d'autres : ils ont un anneau pour les tenir plus commodément, en y plaçant le doigt. On prend entre les doigts celles qui n'ont point d'anneaux.

BAGUETTES DE TAMBOURIN, soit à cordes, soit à caisse. Ces baguettes ne diffèrent guère de celles du tambour que par les dimensions. Celle du tambourin à cordes est plus courte et plus menue que celle du tambour ; celle du tambourin à caisse ou de Provence est plus menue, mais plus longue.

BAGUETTE, bâton dont le fauconnier se sert pour faire partir la perdrix des buissons, et pour tenir les chiens en crainte.