On aurait beaucoup de facilité à tirer directement la tête de l'enfant, si la prise était suffisante. Les plus habiles accoucheurs regardent avec raison cet instrument comme inutîle ; on en trouve une description très-détaillée dans le traité des instruments de M. de Garengeot ; ce que nous en avons dit suffit avec la figure pour le faire connaître.

2°. Le forceps ou tire-tête en forme de pinces ; il est fort convenable dans le cas indiqué et dans plusieurs autres. Voyez FORCEPS.

3°. Le tire-tête d'Amand ; c'est un réseau de soie qu'Amand, chirurgien de Paris, inventa pour tirer la tête de l'enfant séparée du corps, et restée seule dans la matrice. Ce réseau a neuf pouces de diamètre, il est garni à sa circonférence de quatre rubans attachés à quatre points opposés. Ce réseau se fronce en forme de bourse au moyen de deux cordons qui en font le tour. Au bord extérieur de la circonférence, il y a cinq anneaux de soie, dans lesquels on loge les extrémités des doigts pour tenir le réseau étendu sur le dos de la main. Pour se servir de cette machine, il faut, suivant l'auteur, introduire dans la matrice la main graissée et munie de ce réseau. On tire un peu les rubans pour l'étendre, on enveloppe la tête, on dégage ses doigts des anneaux, on retire doucement sa main, on serre les cordons pour faire froncer la machine comme une bourse ; et quand la tête est bien enveloppée, on la tire hors de la matrice.

M. Levret ne trouve dans ce moyen qu'un produit d'imagination ou superflu ou impraticable. En effet, s'il était possible d'aller coèffer la tête d'un enfant avec ce réseau, quelle difficulté pourrait-il y avoir de la tirer sans ce secours ? et si le jeu de la main n'est pas libre dans la matrice, il ne sera pas possible de faire le moindre usage de ce réseau. Aussi, malgré cette prétendue invention, on a été réduit jusqu'à présent à la dure nécessité de se servir de crochets, toutes les fois que la main n'a pas été suffisante.

M. Levret a fait construire un instrument qu'il destine particulièrement à tirer la tête séparée du corps et restée seule dans la matrice. Il en donne une description très-amplement détaillée dans un ouvrage intitulé : Observations sur les causes et les accidents de plusieurs accouchements laborieux, etc. Ce nouveau tire-tête (voyez Pl. XXXV. fig. 1. et 2.) est composé de trois branches d'acier plates, flexibles et faisant ressort, longues d'environ un pied, larges de six lignes, plus minces à leur fin qu'à leur base, où elles sont percées de deux trous et courbées convenablement. L'union de ces trois branches se fait par leur extrémité antérieure au moyen d'un axe qui a une tête horizontale formée en goutte de suif très-lisse, et l'autre bout duquel est en vis pour entrer dans un petit écrou fait aussi en goutte de suif, fig. 7.

Ces trois branches sont montées par leur base sur un arbre, fig. 3. C'est un cylindre d'acier de deux diamètres différents. Les deux tiers de la partie inférieure sont d'un moindre diamètre, mais deux viroles d'acier (fig. 4. et 5.) qui se montent dessus, en font un cylindre égal, dont la partie supérieure a une entaille percée de deux trous taraudés, pour recevoir deux vis à tête platte qui y fixent la base de la première branche, et qui est la plus courte. La seconde branche se monte sur la virole qui occupe le milieu de l'arbre, et est par conséquent un peu plus longue que la première ; et la troisième branche finit à la virole inférieure par deux vis, comme la seconde branche à la virole supérieure. Une de ces vis est à tête platte, et l'autre à une tête longue, olivaire et cannelée. La vis à tête est à droite à la seconde branche, et à gauche à la troisième ; ces vis sont en même temps des pièces de pouces, au moyen de quoi l'on fait tourner ces branches avec les viroles sur lesquelles elles sont montées.

Pour fixer la progression de ces deux branches de chaque côté à un tiers de la circonférence du manche, chaque vis à tête olivaire déborde intérieurement la virole, et entre dans un petit fossé creusé sur un tiers de l'étendue circulaire de l'arbre. Cet arbre se monte à vis sur une tige d'acier (fig. 8.) qui passe au-travers d'un manche d'ébene, et qui est fixé à son extrémité par une vis (fig. 11.) qui entre dans le bout taraudé de la tige.

Pour faire mieux comprendre la construction de cet instrument, nous allons en donner l'explication particulière. Planche XXXV. la fig. 1. représente l'instrument Ve de profil, et les branches appliquées les unes sur les autres. Fig. 2. l'instrument ouvert ; les branches sont développées ; le manche y est représenté coupé par la moitié suivant sa longueur, pour voir les pièces qui y sont renfermées quand l'instrument est tout monté ; les proportions de ces deux figures sont à moitié du volume naturel, suivant toutes les dimensions. Fig. 3. l'arbre de l'instrument de grandeur naturelle. Fig. 4. première virole. Fig. 5. seconde virole. Fig. 6. ressort monté sur la seconde virole par une jonction à coulisse ; le talon de ce ressort a une queue d'aronde, qui entre dans la mortaise pratiquée sur l'anneau, fig. 5. ce ressort sert par l'autre extrémité à accrocher la base de la seconde branche ; par ce moyen, les deux branches mobiles sont fixées invariablement quand il a saisi la tête. Fig. 7. axe qui joint l'extrémité antérieure des trois branches. Fig. 8. tige ou partie inférieure de l'instrument, laquelle est cachée dans le manche de bois lorsque l'instrument est tout monté ; cette pièce est ici réduite à la moitié de son volume. Fig. 9. petit verrou qui sert à fixer la tige de l'instrument avec la partie inférieure de son corps, afin qu'il ne puisse tourner sur la vis qui forme cette union. Fig. 10. pièce auxiliaire qui peut être soudée sur le corps de la tige, pour empêcher que le manche de bois ne tourne sur la tige qu'il recouvre. Fig. 11. vis qui empêche que le manche de bois ne puisse sortir par en-bas.

Quoique cet instrument paraisse fort composé, il est néanmoins très-simple dans son opération : pour s'en servir, on le graissera avec du beurre ou autre corps onctueux ; on portera le doigt index de la main gauche inférieurement dans l'orifice de la matrice, et on introduira sur ce doigt l'extrémité de l'instrument fermé par-delà la tête de l'enfant, comme on conduit une algalie dans la vessie en sondant pardessus le ventre. Voyez CATHETERISME. On fera glisser ensuite les branches sur la tête de côté ou d'autre, pour mettre la partie extérieure des branches toujours réunies sous l'os pubis ; on les dégagera alors à droite et à gauche : le développement des branches forme, comme on le voit fig. 2. un sphéroïde ouvert, lequel embrasse la tête du foetus que l'on tirera avec beaucoup de fermeté. On peut lire dans l'ouvrage de l'auteur les avantages de l'effet et de la construction de ce nouveau tire-tête. (Y)