Il y en a d'autres qui sont filtrés et déposés dans différentes parties du corps, pour l'usage de ces parties mêmes : ceux-ci peuvent être réduits à trois genres, savoir aux recréments dissolvants, aux recréments lubrifiants, et aux recréments humectants.

Les recréments dissolvants sont les sucs bilieux dont nous avons parlé, lesquels fournissent la salive, le dissolvant de l'estomac, le suc pancréatique, la bile, et le suc dissolvant intestinal.

Les recréments lubrifiants sont les sucs muqueux qui servent à enduire les filtres, les conduits et les cavités par où passent et où séjournent les recréments dissolvants, et les excréments qui pourraient blesser ces parties par leur acrimonie ; ils servent aussi à couvrir la surface intérieure des cavités où l'air a accès, pour éviter que les sels dont l'air est chargé n'agissent sur ces parties, et pour éviter le desséchement auquel elles seraient exposées, si elles n'étaient continuellement et immédiatement touchées par l'air.

Les recréments lubrifiants diffèrent beaucoup entre eux, surtout par les différents degrés de consistance qu'ils doivent avoir selon l'acrimonie des sucs et l'impression de l'air, auxquelles ils s'opposent, et selon la nature, l'action et l'usage de différentes parties qu'ils enduisent et humectent. Ils paraissent même de différente nature ; les uns sont plus onctueux, les autres sont plus glaireux ; il y en a qui ne sont pas entièrement privés de sels comme les humeurs du nez ; d'autres à en juger par leur insipidité, paraissent en être entièrement privés ; tels sont ces crachats que fournissent les poumons dans l'état de santé : ainsi il y a de la différence entre les huiles muqueuses qui fournissent ces différents recréments.

Les recréments lubrifiants servent non-seulement à enduire les parties dont nous venons de parler, mais ils se mêlent aussi avec les recréments dissolvants, et avec la semence, pour retenir et assujettir leurs parties actives ; de-là vient la consistance un peu épaisse de la semence, la ténacité de la bile, la consistance limoneuse de la salive, &c.

Les recréments humectants sont formés d'une eau très-vaporeuse, légèrement huileuse, qui relâche, humecte et lubrifie toutes les parties qui agissent et qui frottent les unes contre les autres ; tel est l'usage des larmes qui mouillent continuellement les yeux, de la sérosité qui humecte la plèvre, la surface des poumons, le péritoine, la surface extérieure des intestins, les membranes des jointures, celles qui couvrent les muscles, etc. M. Quesnay, ess. phy.