Le suc de groseille un peu rapproché par le feu, ou mêlé d'un peu de sucre, acquiert facilement la consistance de gelée : on en obtient une belle, tremblante, et de garde, en le mêlant au sucre à parties égales ; en sorte qu'on ne conçoit point comment on pourrait en préparer un sirop qui demanderait qu'on employât une plus grande quantité de sucre, et que le mélange restât cependant sous une consistance liquide. On peut donc avancer sans témérité que le sirop de groseille qu'on trouve au rang des compositions officinales dans plusieurs pharmacopées, est une préparation impossible, du moins si on emploie le suc récent ; car l'on peut aisément préparer un sirop avec ce suc altéré par la fermentation acéteuse qui est la seule dont il soit susceptible. Voyez MUQUEUX et VIN. Mais alors on a un sirop de vinaigre plutôt que de groseille. Voyez VINAIGRE.

On peut employer l'acide de la groseille comme celui de l'épine-vinette à saturer les alkalis terreux, tels que le corail, les yeux d'écrevisse, etc. Voyez CORAIL, voyez aussi YEUX D'ECREVISSE.

On prépare un rob avec ce suc, mais on le conserve plus ordinairement sous la forme de gelée. Voyez ROB et GELEE.

Ce suc étendu de trois ou quatre parties d'eau et édulcoré avec suffisante quantité de sucre, est connu sous le nom d'eau de groseille. Le goût agréable de cette boisson l'a faite passer de la boutique de l'apotiquaire à celle du limonadier : comme la gelée a cessé bien-tôt d'être un remède officinal pour devenir une confiture très-agréable qu'on sert journellement sur les meilleures tables, et dont les bons bourgeois du vieux temps font seuls un remède domestique.

Cette gelée est un excellent analeptique ; elle convient très-bien dans les convalescences des maladies aigues, et surtout après les fiévres putrides et bilieuses ; elle fournit un aliment leger, tempérant, et véritablement rafraichissant. Voyez TEMPERANT et RAFRAICHISSANT.

L'eau de groseille prise à grandes doses est rafraichissante et humectante ; elle convient dans les chaleurs d'entrailles, les coliques bilieuses et néphrétiques, certaines diarrhées (voyez DIARRHEE), les digestions fongueuses, et toutes les autres incommodités comprises sous le nom général d'échauffement. Voyez ECHAUFFEMENT. Cette boisson est absolument analogue avec la limonade. Voyez CITRON et LIMONADE. On peut la donner pour boisson ordinaire dans certaines fièvres ardentes et putrides ; mais dans ce cas, il faut la faire très-légère, et l'employer avec beaucoup de circonspection, principalement lorsqu'on craint l'inflammation des viscères du bas-ventre.

Il ne faut point donner de l'eau de groseille aux personnes qui ont l'estomac faible, facîle à être agacé, ni à ceux qui sont sujets aux rhumes, à la toux, et qui ont la poitrine délicate ; car selon une observation constante, les acides affectent particulièrement ces organes, et excitent la toux tant pectorale que stomacale.

Geoffroy rapporte, d'après Hanneman cité par Donat, lib. II. Medic. septentrion. que l'usage trop continué des groseilles a causé la consomption ; et d'après George Hannaeus, qu'un homme était attaqué de l'enchifrenement aussi-tôt qu'il avait avalé deux grappes de groseilles rouges. (b)