Les Grecs n'avaient point d'autres chiffres que les lettres de leur alphabet, de sorte que leur A signifiait un dans leur arithmétique, B deux, trois, et ainsi du reste ; cela supposé, ils appelaient deux mots isopsèphes, lorsque les lettres de chacun de ces deux mots, considérées comme chiffres, et calculées par la règle de l'addition, produisaient une même somme.

Mais les anciens grecs n'avaient pas seulement des mots isopsèphes, ils avaient des vers entiers qu'ils appelaient du même nom, et pour les mêmes raisons. C'étaient des vers construits de manière que les lettres numérales du premier distique, produisaient le même nombre que celles du second.

Un certain Léonide se distingua dans ce genre bizarre de poésies ; il faisait des épigrammes, dont les deux premiers vers étaient isopsèphes aux deux seconds ; quand l'épigramme était de deux vers, il opposait vers à vers. M. Huet a remarqué l'isopséphisme dans l'épigramme du XIIe chap. du VI. liv. de l'Antologie, qui commence par ces mots, ; cette épigramme est composée de deux vers, dont chacun forme le nombre de 4111.

On prétend aussi qu'on trouve dans Homère quelques vers isopsèphes ; mais si cela est, ce sont de purs effets du hasard ; un si grand Poète n'a surement jamais perdu son temps à un amusement qui n'était pas moins frivole que celui de nos faiseurs d'anagrammes et d'acrostiches du siècle passé. (D.J.)