Le saucisson se renferme dans un petit canal de bois appelé auget. Ce canal sert à empêcher que les matériaux qui remplissent la galerie de la mine ne pressent trop le saucisson, qui pourrait sans cela s'étouffer avant qu'il eut porté le feu à la mine. Le saucisson est attaché fixément au milieu du fourneau ou de la chambre de la mine, de-sorte qu'on ne puisse point l'en arracher. Il se conduit dans tous les retours de la galerie, on le continue même un peu au-delà pour pouvoir y mettre le feu plus surement. Voyez MINE et TEMOIN.

Dans l'attaque d'un ouvrage qu'on craint qui ne soit miné, on cherche à découvrir le saucisson pour empêcher que l'ennemi n'y mette le feu et ne fasse jouer les mines.

Couper le saucisson, c'est rompre la liaison ou la continuité de la poudre depuis le dehors de la galerie jusqu'à la chambre de la mine, ce qui ne permet plus de la faire sauter.

SAUCISSON, (Artificier) les Artificiers appellent ainsi une espèce de fusée que l'on attache ordinairement à la queue d'une plus grande, pour en rendre l'effet plus agréable. J'ai dit ordinairement, parce qu'on en fait quelquefois qui volent en l'air comme les fusées ordinaires, et alors on les appelle saucissons volans, pour les distinguer des premiers qu'on nomme saucissons fixes.

Le cartouche du saucisson se fait avec une baguette. Ce cartouche doit être de quatre pouces de long ; il se fait de carton roulé deux fois et bien collé partout ; on l'étrangle par un bout à un demi-pouce de son extrémité ; on le lie avec de la ficelle ; on prend un tampon de papier que l'on fait entrer dans ce cartouche ; on le pousse dans le cul du saucisson avec la baguette ; on frappe celle-ci avec un maillet, après quoi l'on met de la poudre ordinaire dans ce cartouche ; et quand il est plein à-peu-près, l'on couvre cette charge d'un tampon que l'on frappe encore avec la baguette, et ensuite on l'étrangle et on le lie en cet endroit. Après cela l'on serre ce saucisson depuis les deux endroits étranglés avec beaucoup de ficelle, en sorte qu'il en soit tout couvert ; en cet état on le jette dans la colle forte et on le laisse sécher, afin que le feu y étant mis, il trouve plus de résistance, et fasse un plus grand bruit en faisant crever le cartouche.

Il faut pour cela que le saucisson soit percé à celui de ses bouts qu'on appliquera à la queue de la fusée, où il doit avoir un peu de poudre grenée, et cette poudre servira à allumer le saucisson que l'on fera tenir contre la fusée avec du papier ou du parchemin, ou bien avec une corde ou autrement, afin que la fusée venant à finir, le saucisson prenne feu et produise son effet.

Pour construire des saucissons volans, on fera leurs cartouches comme ceux des précédents, excepté qu'ils doivent être un peu plus longs. Après avoir étranglé un de leurs bouts comme à l'ordinaire, on les charge aussi de poudre grenée ; puis à un doigt d'épaisseur, on ajoute de la poudre pilée et passée, comme pour les fusées par terre, en pressant le tout à coup de maillet, comme pour les fusées volantes ; enfin on couvre le cartouche avec une corde, après avoir étranglé l'autre bout, en sorte qu'il n'y reste qu'une lumière grosse comme un petit tuyau de plume d'oye ; on l'amorce avec un peu de poudre mouillée.

SAUCISSON, c'est aussi, dans les feux d'artifice, une sorte de pétard fait avec un cartouche cylindrique court, étranglé, et fermé par les deux bouts, ce qui le fait ressembler à un saucisson à manger. Pour augmenter la détonation de la poudre qu'il renferme par la résistance du cartouche, on l'enveloppe de ficelle collée.

SAUCISSON VOLANT, c'est le même artifice allongé, pour continuer un peu de composition qui le fait pirouetter en le jetant en l'air par le moyen d'un pot, d'où il sort comme d'un mortier, et finit par tirer un coup. Frezier, traité des feux d'artifice. (Q)

SAUCISSON, (Marine) c'est un boyau de toile, rempli de poudre à canon, dont on se sert dans un brulot, pour conduire le feu depuis les dalles jusques aux artificiers.

SAUCISSON, (Charcuterie) les saucissons sont de grosses saucisses qui se font en plusieurs endroits, particulièrement en Italie, avec de la chair de porc crue, bien battue et bien broyée dans un mortier, où l'on mêle quantité d'ail, de poivre en grain, et autres épices ; les meilleurs saucissons sont ceux de Bologne. (D.J.)