CHATIMENS MILITAIRES, sont les peines qu'on impose à ceux qui suivent la profession des armes, lorsqu'ils ont manqué à leur devoir.

Les Romains ont porté ces châtiments jusqu'à la plus grande rigueur. Il y a eu des pères qui ont fait mourir leurs enfants ; entr'autres le dictateur Posthumius qui fit exécuter à mort son propre fils, après un combat où il avait défait les ennemis, parce qu'il avait quitté son poste sans attendre ses ordres. Lorsqu'il arrivait qu'un corps entier, par exemple une cohorte, avait abandonné son poste, c'était, selon Polybe, un châtiment assez ordinaire de la décimer par le sort, et de faire donner la bastonnade à ceux sur qui le malheur était tombé. Le reste était puni d'une autre manière ; car au lieu de blé, on ne leur donnait que de l'orge, et on les obligeait de loger hors du camp exposés aux insultes des ennemis.

Les Français, lors de l'origine ou du commencement de leur monarchie, usèrent aussi d'une grande sévérité pour le maintien de la police militaire ; mais cette sévérité s'est insensiblement adoucie. On se contente de punir les officiers que la crainte ou la lâcheté ont fait abandonner de bons postes, par la dégradation des armes et de la noblesse.

Le capitaine Franget ayant été assiégé dans Fontarabie, sous François I. en 1523, et s'étant rendu au bout d'un mois, quoique rien ne lui manquât pour soutenir un plus long siège ; après la prise de la place il fut conduit à Lyon, et mis au conseil de guerre ; il y fut déclaré roturier, lui et tous ses descendants, avec les cérémonies les plus infamantes.

M. du Pas ayant en 1673 rendu Naerden au prince d'Orange, après un siège de huit jours, qu'on prétendit qu'il pouvait prolonger beaucoup plus de temps, fut aussi mis au conseil de guerre après la prise de la place, et dégradé de noblesse et des armes, pour s'être rendu trop-tôt. Il obtint l'année d'ensuite de servir à la défense de Grave, où il fut tué, après avoir fait de belles actions qui rétablirent sa réputation. Ces sortes d'exemples sont beaucoup plus communs en Allemagne qu'en France. M. le comte Darco, ayant rendu Brisack en 1703, après 13 jours de tranchée ouverte, fut condamné à avoir la tête tranchée, ce qui fut exécuté.

Le maréchal de Crequi étant assiégé dans Treves après la perte de la bataille de Consarbick, et quelques officiers de la garnison ayant traité avec l'ennemi pour lui remettre la ville, ce qu'ils exécutèrent malgré ce maréchal : la garnison ayant été conduite à Metz, les officiers les plus coupables furent condamnés à avoir la tête tranchée ; les autres furent dégradés de noblesse, et l'on décima aussi les soldats, parce que M. de Crequi s'étant adressé à eux, ils avaient refusé de lui obéir.

La désertion se punit en France par la peine de mort. On fait passer les soldats par les armes ; mais s'il y en a plus de trois pris ensemble, on les fait tirer au sort. Voyez DESERTEUR.

Il y a des crimes pour lesquels on condamne les soldats au fouet ; il y en a d'autres plus legers pour lesquels on les met sur le cheval de bois. C'est ainsi qu'on appelle deux planches mises en dos d'âne, terminées par la figure d'une tête de cheval, élevées sur deux treteaux dans une place publique, où le soldat est comme à cheval avec beaucoup d'incommodité, exposé à la vue et à la dérision du peuple. On lui pend quelquefois des fusils aux jambes, pour l'incommoder encore davantage par ce poids.

C'est encore un châtiment usité que celui des baguettes. Le soldat a les épaules nues, et on le fait passer entre deux haies de soldats qui le frappent avec des baguettes. Ce châtiment est infamant, et l'on n'y condamne les soldats que pour de vilaines actions. On les casse et on les chasse quelquefois de la compagnie après ce supplice. (Q)