ANGELIQUE (VETEMENT ou HABIT), angelica vestis ; chez les anciens Anglais c'était un habit de moines que les laïcs mettaient un peu avant leur mort, afin de participer aux prières des moines.

On appelait cet habit angélique, parce qu'on regardait les moines comme des anges, dont les prières aidaient au salut de l'âme. De-là vient que dans leurs anciens livres, monachus ad succurrendum, signifie celui qui s'était revêtu de l'habit angélique à l'heure de la mort.

Cette coutume subsiste encore en Espagne et en Italie, où les personnes de qualité surtout ont soin, aux approches de la mort, de se faire revêtir de l'habit de quelque ordre religieux, comme de S. Dominique ou de S. Français, avec lequel on les expose en public et on les enterre. (G)

ANGELIQUE, s. f. angelica, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleurs en rose, disposées en forme de parasol. Les feuilles de la fleur sont posées sur un calice qui devient dans la suite un fruit composé de deux semences oblongues, un peu plus grosses que celles du persil, convexes et cannelées d'un côté, et plates de l'autre. Ajoutez aux caractères de ce genre, que les feuilles sont ailées et divisées en des parties assez larges. Tournefort, Instit. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

ANGELIQUE, (Médecine) Des quatre espèces d'angélique énoncées par Dale, celle de Boheme est la meilleure. C'est l'angelica officin. angelica sativa, C. B. imperatoria sativa, Tourn. Inst. 317. La racine de cette plante est grosse, noirâtre en-dehors, blanche en-dedans ; toute la plante a une odeur aromatique tirant sur le musc : on la cultive aussi dans ce pays-ci. Son nom lui vient des grandes vertus qu'on lui a remarquées : on la choisit grosse, brune, entière, non vermolue, d'une odeur suave tirant sur l'amer ; son analyse donne une huîle exaltée, et beaucoup de sel volatil.

Elle est cordiale, stomacale, céphalique, apéritive, sudorifique, vulnéraire : elle résiste au venin ; on l'emploie pour la peste, pour les fièvres malignes, pour la morsure d'un chien enragé, pour le scorbut. C'est un grand diaphorétique ; on l'emploie dans les maladies de la matrice, aussi-bien que dans les affections hystériques : elle est diurétique, et bonne pour exciter les lochies.

La racine, la tige, les feuilles, et la graine de la plante sont d'usage : mais la racine l'emporte en vertus sur les autres parties.

On fait de l'angélique nombre de préparations et de compositions. La Pharmacopée de Paris emploie l'angélique de Boheme de différentes façons ; elle fait une eau distillée des feuilles et des fleurs ; elle en retire aussi des semences et de la racine desséchée : elle fait une conserve et un extrait de sa racine ; elle fait entrer sa racine dans les eaux composées thériacale, anti-épileptique, prophilactique, de mélisse composée, générale, impériale, dans les deux espèces d'orviétan dont elle donne la composition dans le baume oppdeltoch, dans celui du Commandeur. Elle emploie la racine, les feuilles, et les semences dans l'emplâtre diabotanum, dans l'esprit carminatif de Sylvius ; les feuilles seules ont place dans l'eau de lait alexitaire ; et l'extrait est un des ingrédiens de la thériaque céleste.

L'eau distillée d'angélique est un diaphorétique estimé dans la goutte ; et l'esprit tiré de la racine au moyen de l'esprit-de-vin est chargé des parties huileuses de cette racine ; et pris à la dose d'une demi-once, il est bon contre les catarrhes. L'extrait de cette racine fait avec l'esprit-de-vin tartarisé, se mêle dans les pilules béchiques et dans les eaux spiritueuses ; on en peut donner depuis un scrupule jusqu'à une demi-dragme : il agit comme aromatique, etc.

Le baume d'angélique de Sennert est ainsi prescrit dans la Pharmacopée d'Ausbourg : Prenez d'extrait d'angélique une once, de manne en larme deux gros ; mettez-les sur un petit feu, y ajoutant une dragme et demie d'huîle d'angélique. Ce baume a les vertus cordiales et alexipharmaques qu'on attribue à l'angélique.

Les peuples de l'Islande et de la Laponie se nourrissent des tiges d'angélique, sans en être incommodés, au rapport de Bauhin et de Linnaeus. (N)

* Prenez demi-once d'angélique, autant de canelle, le quart d'une once de girofle, autant de mastic, de coriandre, et d'anis vert, demi-once de bois de cedre ; concassez le tout dans un mortier ; mettez ensuite infuser dans une quantité suffisante d'eau-de-vie, pendant vingt-quatre heures ; distillez au bain-marie ; ayez de l'eau-de-vie nouvelle ; mettez sur cette eau-de-vie l'essence obtenue par la distillation ; ajoutez de l'ambre, du musc, et de la civette, et vous aurez l'eau d'angélique.

Otez les feuilles, pelez les tiges que vous choisirez fraiches et grosses ; coupez-les d'une longueur convenable ; jetez-les dans l'eau fraiche ; passez-les de cette eau dans une autre que vous ferez bouillir à gros bouillons : c'est ainsi que l'angélique se blanchit ; on s'aperçoit que les cardons sont assez blancs, quand ils s'écrasent entre les doigts. Tirez-les de cette eau ; passez-les à l'eau fraiche ; laissez-les égoutter : mettez-les bien égouttés dans une poesle de sucre clarifié ; qu'ils y prennent plusieurs bouillons : écumez-les pendant qu'ils bouillent ; et quand ils auront assez bouilli, et qu'ils auront été assez écumés, mettez le tout dans une terrine. Le lendemain, séparez ce sirop ; faites-le cuire, puis le répandez sur les cardons : quelques jours après, séparez encore le sirop que les cardons auront déposé ; faites-le cuire à la petite perle, et le répandez derechef sur les cardons. Séparez une troisième fois le restant du sirop ; faites-le cuire à la grosse perle ; ajoutez-y du sucre ; déposez-y vos cardons, et faites-les bouillir : cela fait, tirez-les ; étendez-les sur des ardoises ; saupoudrez-les de beaucoup de sucre ; et faites-les sécher à l'étuve.

ANGELIQUE, en Grec Ἀγγελικὴ, (Histoire ancienne) c'était une danse fort en usage parmi les anciens Grecs dans leurs fêtes. Voyez DANSE. Elle était ainsi appelée du Grec ἄγγελος, nuntius, messager, parce que, suivant Pollux, les danseurs étaient vêtus en messagers. (G)

ANGELIQUE, s. f. (terme de Lutherie) sorte de guittare qui a 10 touches, et 17 cordes accordées de suite, selon l'ordre des degrés diatoniques du clavecin. La dix-septième corde est à l'unisson du huitième pied, ou du c-sol-ut des basses du clavecin ; et la chanterelle ou première est à l'unisson du mi du clavecin qui précède la clé de g-ré-sol. Voyez la table du rapport et de l'étendue des instruments de Musique. Cet instrument est de la classe de ceux qu'on appelle instruments à pincer, comme le luth, la guittare, etc. dont il diffère peu par sa figure. Voyez GUITTARE, et Planche de Lutherie.

ANGELIQUES, s. m. plur. (Histoire moderne) ancien ordre de chevaliers institués en 1191 par Isaac Ange Flavius Comnène, empereur de Constantinople. Voyez CHEVALIER et ORDRE.

On les divisait en trois classes, mais toutes sous la direction d'un grand-maître. Les premiers étaient appelés torquati, à cause d'un collier qu'ils portaient ; ils étaient au nombre de 50 : les seconds s'appelaient Champions de Justice, et c'étaient des ecclésiastiques ; le reste était appelé Chevaliers servants. (G)