La première opération est le lavage des boyaux : pour cet effet ils se mettent des bottines aux jambes, pour empêcher l'ordure de tomber dans leurs souliers, et devant eux trois tabliers les uns par-dessus les autres, aussi-bien qu'une bavette devant leur estomac, pour ne point gâter leurs habits. Voyez BOTTINE, TABLIER, VETTEETTE. Dans cet équipage, ils prennent les boyaux par un bout, les uns après les autres, et les font glisser dans leur main, en les comprimant pour en faire sortir toute l'ordure. A mesure qu'ils les nettoient, ils les jettent dans un chauderon pour les laisser amortir. Voyez CHAUDERON et AMORTIR.

Après avoir laissé amortir les boyaux pendant un temps raisonnable, dont la durée n'a point d'autre règle que le plus ou moins de chaleur qu'il fait, et qui dépend de la prudence de l'ouvrier, on les remet dans un autre chauderon encore pendant un certain temps, et ensuite on les en tire pour les dégraisser un à un, sur un instrument appelé dégraissoir. Voyez DEGRAISSOIR.

Lorsque les boyaux sont suffisamment dégraissés, et qu'on en a ôté les filandres, que l'on jette dans une tinette qui est auprès du dégraissoir, on les remet encore dans une tinette pleine d'eau ; c'est ce qu'on appelle les mettre blanchir. Voyez FILANDRES et BLANCHIR.

Les boyaux ayant suffisamment blanchi, des femmes les retirent de la tinette pour les coudre les uns au bout des autres, afin de leur donner précisément la longueur qu'on veut donner à la corde. Voyez COUDRE.

Tout cela fait, les boyaux sont en état d'être filés. On fîle un boyau seul ou plusieurs ensemble, selon la grosseur que doit avoir la corde. Quand il n'y en a qu'un, on fait une petite boucle à l'extrémité, et on l'attache par-là au crochet ou émerillon qui est au-haut du rouet ; s'il y en a plusieurs, on les attache ensemble par un nœud, et on les accroche à l'émerillon : pour lors un homme tourne la manivelle du rouet, tandis que l'ouvrier fîle en reculant à-peu-près de même que les Cordiers. Voyez ROUET.

Quand les cordes sont filées, on les étend à l'air sur des espèces de rateaux garnis de chevilles, dont le manche est enfoncé en terre ; et au bout de quelques jours ils les dégrossissent, c'est-à-dire les rendent plus douces et plus égales : cette opération se fait avec une corde de crin, imbibée de savon noir, avec laquelle ils les frottent rudement depuis un bout jusqu'à l'autre. Voyez DEGROSSIR.

On donne encore une autre préparation aux cordes à boyau, avant qu'elles soient en état d'être exposées en vente : mais les ouvriers en font un mystère, et prétendent que c'est en cela que consiste tout le secret de leur art. Il y a apparence que ce prétendu secret n'est autre chose que de les frotter d'huîle pour les adoucir encore plus et les rendre plus souples ; cependant ils assurent qu'ils ne se servent point d'huile.