S. f. (Physiologie et Médecine) en latin pruritus, en grec ; sensation si vive et si inquiete dans quelque partie extérieure du corps, qu'elle nous oblige d'y porter la main, pour la faire cesser par un frottement un peu rude et promptement répeté.

Il parait que le prurit consiste dans un léger ébranlement des mamelons nerveux, qui ne cause d'abord que la sensation d'un fourmillement incommode ; qu'on augmente cet ébranlement en frottant ou en grattant la partie dans laquelle on ressent ce fourmillement, cette demangeaison : l'ébranlement des mamelons nerveux devient plus considérable, et produit un des plus grands plaisirs dont nos organes soient susceptibles ; un plaisir cependant qui excède le chatouillement, de quelques degrés d'inflammation ou de tension : qu'on se livre à ce plaisir en continuant de se gratter, le nerf devient trop tendu, trop tiraillé, et pour lors le plaisir se change en cuisson, en douleur.

Justifions ce fait par un exemple commun ; par celui de la gale, qui excite un si grand prurit. L'épiderme qu'elle éleve, laisse une cavité entr'elle et les papilles : cette cavité se remplit par une sérosité âcre, laquelle irrite un peu les nerfs, et les étend ; il en résulte une demangeaison qui devient bientôt un plaisir si vif qu'il est insupportable, tant le plaisir même est ingrat ! Pour lors, qu'on arrache ou qu'on fatigue trop l'endroit galeux qui démange, en le frottant ou en le grattant rudement, ce qui arrive presque toujours, la trop grande tension spasmodique de quelques petits nerfs, ou leur rupture, cause de l'inflammation, de la cuisson, de la douleur, et jette même quelquefois, suivant sa violence, le patient dans des états qui demandent des remèdes ; tant il est vrai que la douleur et le plaisir se touchent, et que là où finit la sensation du plaisir, là commence celle de la douleur : c'est une vérité physiologique.

Mais quels remèdes à cette demangeaison, qui est un plaisir qu'on ne peut soutenir sans le changer en douleur ? Ce seront des remèdes contraires aux causes qui produisent la demangeaison ; et comme ces causes sont très-variées, les remèdes doivent l'être semblablement : on peut toutefois les rapporter à deux classes générales.

Les remèdes externes généraux seront tous ceux qui concourront à diminuer la tension et l'inflammation des houpes nerveuses de la peau, sans causer une répercussion dans les humeurs : telles sont les fomentations, les bains, les vapeurs d'eau tiede, de vinaigre, etc. Le mucilage de l'écorce moyenne de tilleul, fait avec l'eau-rose, adoucit les demangeaisons seches ; l'onguent de céruse uni aux fleurs de soufre, convient dans les demangeaisons humides ; le mucilage de graine de coings, le jus de citron et les fleurs de soufre, apaisent les demangeaisons douloureuses : l'esprit-de vin pur, ou mêlé avec de l'huîle de pétrole et le baume de soufre, calme la demangeaison des engelures, qui ne cesse néanmoins entièrement que par leur guérison.

Les remèdes internes seront ceux qui serviront à corriger l'âcreté du sang, des humeurs, de la lymphe portée dans les plus petits vaisseaux. Ces derniers remèdes sont la saignée, la purgation ; les diaphorétiques, les altérants, les préparations d'antimoine, la diete ou le régime opposé aux causes du mal, et proportionnellement à sa nature, à sa violence, à sa durée, aux symptômes qui l'accompagnent, à l'âge, au sexe.

La demangeaison qui résulte d'un leger attouchement mécanique, comme d'insectes velus, ou de la circulation qui revient après la compression d'une partie, ou après le froid violent qu'elle a souffert, cesse d'elle-même avec la cause. Une humeur particulière laissée dans la peau par le frottement de l'ortie, des cantharides, de l'alun de plume, de la morsure de quelqu'insecte, produit une demangeaison qui ne requiert que d'être lavée et fomentée par quelque liquide anti-septique. Une humeur âcre qui se jette sur la peau, et qui y excite une demangeaison très-incommode, requiert l'usage des diaphorétiques, quand la matière de la transpiration a été arrêtée par l'air froid ; et les lotions des liqueurs spiritueuses, quand elle a été retenue par l'application des choses grasses. Dans la demangeaison qui nait après la suppression d'un ulcère, il faut tâcher de ramener l'humeur ulcéreuse à la partie ; celle qui vient par l'âcreté de la bile, par une acrimonie acide, alkaline, muriatique, exige des remèdes et un régime opposés à leurs causes connues. Mais quand le prurit est accompagné de boutons, de pustules, de rougeur, de douleur, de croutes farineuses, d'exulcérations et d'autres symptômes, il forme alors une maladie cutanée, voyez CUTANEE. On ne détruit la demangeaison qui les accompagne, qu'en guérissant la maladie. Il en est de même, comme je l'ai dit ci-dessus, de la violente demangeaison qu'on éprouve dans les engelures. Voyez ENGELURE. Art. de M(D.J.)