L'ACTION DE, (Physiologie) c'est une façon de boire dans laquelle on verse brusquement la boisson tout-à-la-fais dans la bouche ; et la langue conduit le tout dans le gosier avec la même vitesse. C'est cette façon de boire qu'Horace appelle thraciae amystis.

Pour sabler, il y a deux moyens ; l'un de fermer la valvule du gosier en la baissant sur la langue, ou en retirant la langue sur elle, afin de prendre son temps pour avaler. L'autre est d'ouvrir cette valvule, en éloignant la langue de cette valvule, pour laisser passer tout d'un coup la liqueur dans le gosier, sur lequel la langue se retire aussitôt, pour pousser le liquide dans l'oesophage, et pour baisser l'épiglotte, afin de garantir la trachée-artère.

Cette manière débauchée de boire, peut n'être utîle qu'à ceux qui ont quelque médicament dégoutant à prendre. Ce moyen est assez bon pour éviter le dégout, parce que la boisson passe avec tant de vitesse, qu'elle n'a pas le temps de frapper desagréablement la bouche ni le nez.

La façon de boire au galet ou à la régalade, comme on dit vulgairement, ne diffère de sabler qu'en ce que le sabler se fait en un seul coup, et que le galet se fait en plusieurs.

Pour boire ainsi on renverse la tête, on ouvre la bouche fort grande, on retire la langue en arrière pour boucher le gosier, afin d'éviter la chute trop prompte du liquide, qui incommoderait la trachée-artère ; on verse de haut, mais doucement, pour donner le temps à la langue et à la valvule du gosier de s'éloigner pour le passage de la boisson, et lorsqu'il en est passé environ une gorgée, la langue et la valvule se rapprochent subitement, pour empêcher que ce qui est encore dans la bouche, ne suive ce qui est déjà dans le gosier, et on profite de cet instant, pour respirer par le nez.

A l'égard du sabler, j'ai dit qu'il différait peu du galet ; et ce que je vais ajouter de la déglutition dans cette façon de boire, servira pour l'un et pour l'autre.

Quand on bait au galet, la racine de la langue et la valvule se rapprochent mutuellement pour retenir le liquide, jusqu'à ce qu'on ait pris son temps pour avaler ; lequel temps est toujours après l'inspiration ou l'expiration ; et quand on veut avaler, on élève la valvule, on retire la langue en-devant, pour donner passage à une partie du liquide ; ensuite la langue se retire dans le fond du gosier, pour pousser le liquide dans l'oesophage ; de manière qu'elle ne fait qu'avancer sa racine en devant, pour laisser entrer l'eau, et ensuite se retirer jusqu'au fond du gosier, tant pour pousser le liquide dans le fond de l'oesophage, que pour boucher les narines et la glotte : ces mouvements instantanés sont répétés, jusqu'à ce que l'on ait achevé de boire. Voyez BOIRE et DEGLUTITION, mém. de l'acad. de Scienc. ann. 1715 et 1716.

J'ajoute seulement qu'il n'y a pas le moindre plaisir à sabler une liqueur agréable, parce qu'on ne la savoure point en l'avalant tout-d'un-coup, et d'une seule gorgée. Il y a plus : dans cette manière brusque de boire, on risque de s'étouffer, si par hasard la langue n'a pas pu en baissant promptement l'épiglotte, garantir la trachée - artère du torrent d'un vin fumeux ; c'est là-dessus qu'est fondé ce couplet d'une de nos meilleures chansons bacchiques,

Chers enfants de Bacchus, le grand Grégoire est mort !

Une pinte de vin imprudemment sablée,

A fini son illustre sort :

Et sa cave est son mausolée.

(D.J.)

SABLER une allée, (terme de Jardinier) c'est couvrir avec art une allée de sable, pour empêcher que l'herbe n'y vienne. Avant que de sabler une allée, il faut la dresser, ensuite la battre à deux ou trois volées ; car, sans cette façon, le sable se mêle en peu de temps avec la terre. Enfin on met dessus l'allée battue, deux pouces d'épaisseur de sable de rivière, sur lequel on passe le rouleau. (D.J.)