frères, (Physiologie) terme relatif qui se dit de deux enfants mâles qu'une mère a portés en même temps dans son sein.

La naissance de deux frères jumeaux a fait naître dans la société civîle une question insoluble en elle-même, j'entends celle du droit d'ainesse. On peut bien décider par la loi (parce qu'il faut une décision vraie ou fausse) que le premier qui vient au monde, sera regardé comme étant l'ainé ; mais ce qui se passe dans les entrailles de la mère lors de la conception et du terme de l'accouchement, est un secret tellement impénétrable aux yeux des hommes, qu'il leur est impossible de dissiper le doute par les lumières de la Physiologie.

De-là vient que quelques-uns de nos jurisconsultes qui ont traité des successions, aiment mieux s'en tenir au sort ou au partage égal des biens de patrimoine entre frères jumeaux, qu'aux arrêts d'une faculté de médecine. Pour moi j'approuve fort le partage égal à l'égard des particuliers, mais quand il s'agira d'un royaume, ces deux moyens de décision ne seront pas suivis : les royaumes ne se partagent pas aisément ; il y en a même, comme celui de France, où l'on n'admettrait pas le partage. Quant au sort, on obligerait difficilement les concurrents à soumettre leurs droits à l'incertitude de cet arrêt. Un célèbre espagnol offre ici l'élection faite par les états assemblés, mais vraisemblablement cette idée ne serait pas plus sure, ni d'une pratique plus heureuse.

Ulpien propose cette autre question dans la loi dixième §. ult. ff. de rebus dubiis : un testateur legue la liberté à un esclave, si son premier enfant est un mâle ; elle accouche d'un garçon et d'une fille, on n'a pu déterminer lequel des deux enfants était né le premier ; dans ce cas Ulpien décide qu'il faut suivre le parti le plus doux, présumer le mâle né le premier, et déclarer la fille ingénue, puisque sa mère avait acquis la liberté par la naissance du mâle. Quoique cette décision ne soit pas précise, on ne peut s'empêcher de la goûter, parce que les circonstances favorables doivent toujours faire pancher la balance en faveur de l'humanité.

Il s'offre sur les jumeaux plusieurs autres questions difficiles à résoudre par les lumières physiologiques ; la cause de leur origine, et la rareté de ce phénomène n'est pas une des moindres.

La Physiologie est encore plus embarrassée à comprendre la raison de la ressemblance des frères jumeaux, car ils ont chacun dans le ventre de la mère leur placenta distinct, un cordon ombilical distinct, enfin des enveloppes et des vaisseaux qui leur sont propres ; cependant la ressemblance des frères jumeaux est assez bien constatée par les annales de l'Histoire. Celle de France seule fournit à ma mémoire des exemples trop singuliers sur cet article, pour pouvoir les supprimer ; ils tiendront lieu des dépenses d'esprit, dont nous sommes volontiers avares en fait d'explications.

Henry de Soucy, disent les Historiens, fut père de Nicolas et de Claude de Soucy frères jumeaux, dont l'ainé eut en partage la seigneurie de Sissonne, et le puiné celle d'Origny. Ils naquirent le 7 Avril 1548, avec tant de ressemblance que leurs nourrices prirent le parti de leur donner des bracelets de différentes couleurs afin de les reconnaître. Cette grande ressemblance se conserva pendant longtemps dans leur taille, dans leurs traits, dans leurs gestes, dans leurs humeurs et dans leurs inclinations : de sorte qu'étant vêtus de la même façon dans leur enfance, les étrangers les confondaient sans-cesse, ils furent placés à la cour ; le seigneur de Sissonne en qualité de page de la chambre d'Antoine de Bourbon roi de Navarre, et le seigneur d'Origny, du jeune Henri de Bourbon son fils, depuis roi de France. Ils furent tous deux aimés de Charles IX. qui prenait souvent plaisir de les mettre ensemble, et à les considérer pour y trouver les légères marques de différence qui les distinguaient. Le seigneur d'Origny jouait parfaitement bien à la paume, et le seigneur de Sissonne s'engageait quelquefois dans des parties où il n'avait pas l'avantage. Pour y remédier il sortait du jeu, feignant quelque besoin, et faisait adroitement passer son frère à sa place, lequel relevait et gagnait la partie, sans que les joueurs ni ceux qui étaient dans la galerie s'aperçussent de ce changement.

L'Histoire moderne ajoute que Scévole et Louis de Sainte-Marthe frères jumeaux, se ressemblaient aussi beaucoup de corps et d'esprit ; ils vécurent ensemble dans une étroite intimité, et travaillèrent de concert à des ouvrages qui ont immortalisé leur nom.

Je crois que messieurs de la Curne et de Sainte-Palaye (ce dernier est célèbre dans la république des Lettres), ont pu servir dans leur jeunesse d'un troisième exemple de grande ressemblance de figure, de gouts et d'inclinations. Quoi qu'il en sait, cette ressemblance inexplicable entre deux frères jumeaux, est partout beaucoup plus marquée que dans d'autres frères, dont les âges s'approchent autant qu'il est possible. (D.J.)

JUMEAUX en Anatomie, nom de plusieurs muscles, ainsi appelés parce qu'on les considère deux à deux.

Les grands jumeaux ou extenseurs du pied prennent leur attache de la partie postérieure et inférieure du fémur au-dessus des condyles. Ces muscles se réunissent pour former le gras de la jambe, et vont se terminer en unissant leur tendon avec ceux du plantaire et du solaire, à la partie postérieure et supérieure du calcaneum.

Les deux jumeaux de la cuisse sont deux petits muscles, dont le supérieur s'attache à l'épine de l'ischium, et l'inférieur au-dessus de la tubérosité de l'ischium. C'est entre ces deux muscles que passe le tendon de l'obturateur interne, avec lequel ils s'unissent intimement, et vont se terminer dans la cavité du grand trochanter.

JUMEAUX, (Chimie) vaisseaux de Chimie. Ce sont deux alambics de verre couplés, et qui se servent réciproquement de récipient, au moyen d'un tuyau ou goulot que chacun porte à la partie latérale de sa cucurbite et qui reçoit le bec du chapiteau de l'autre. Voyez la Planche des vaisseaux de Chimie.

Cet appareil est destiné à la circulation ; voyez CIRCULATION Chimie, et il est fort peu d'usage.

Le pélican est exactement le même appareil simplifié. Voyez PELICAN. (b)