S. f. (Physiologie) se dit en général des fibres dont le corps humain est composé, qui sont affoiblies par le relâchement de leur tissu, par la trop grande diminution ou le défaut de leur ressort, etc. voyez FIBRE. Le même terme s'emploie encore parmi les médecins, pour exprimer les mêmes vices dans les vaisseaux, les viscères et autres parties organiques.

Ainsi, comme il faut que la fibre, pour avoir une solidité proportionnée à l'état naturel, puisse soutenir les mouvements, les efforts nécessaires pour l'exercice des fonctions dans la santé, sans qu'elle souffre aucune solution de continuité ; de même les vaisseaux et toutes les parties vasculeuses qui sont composées de fibres, doivent avoir les mêmes qualités qu'elles, et participent par conséquent aux mêmes dépravations ; ainsi ce qui doit être dit des fibres, sera appliquable à tout ce qui en dérive comme de son principe.

Il est démontré par les injections anatomiques, que tous les viscères sont un assemblage de vaisseaux innombrables différemment disposés, selon la différence des organes qu'ils composent. Il est certain aussi que c'est de l'action de ces vaisseaux que dépend l'action du viscère entier, attendu que c'est par leur moyen que les humeurs y sont apportées et diversement préparées. Si ces vaisseaux n'ont pas le degré de force nécessaire pour que ces fonctions se fassent conformément à ce que requiert l'oeconomie animale saine, ils agiront moins sur les fluides qu'ils contiennent ; ils ne pourront pas leur faire subir les changements nécessaires, ou au point qu'il faut.

Ainsi les poumons qui pechent par faiblesse, ne peuvent pas travailler suffisamment le chyle pour le convertir en sang : si le foie est trop relâché, le sang circulera dans les vaisseaux de ce viscère, sans qu'il puisse fournir la matière de la secrétion de la bile, qui n'est pas assez élaborée pour pénétrer dans ses couloirs ; de-là peut suivre l'hydropisie. Lorsque l'estomac est trop languissant, tout l'ouvrage de la chylification reste imparfait.

D'où on peut conclure aisément que la débilité en général peut produire bien des maladies, telles que la dilatation trop facîle des vaisseaux, conséquemment leur engorgement par les humeurs qu'ils contiennent ; les tumeurs, la compression de leurs parois par la moindre cause, attendu le défaut de résistance ; l'oblitération de leurs cavités, l'obstacle au cours des liquides, la trop grande résistance que trouve le cœur à les mouvoir ; leur corruption, parce qu'elles croupissent : d'où toutes les fonctions naturelles, vitales et animales sont lésées dans leur exercice : d'où s'ensuivent une infinité de maux qui naissent les uns des autres, et qui sont très-difficiles à guérir, surtout la cachexie, la cacochimie, qui en sont presque toujours les suites inévitables.

La débilité générale qui produit de si mauvais effets, est elle-même causée par celle des fibres, des petits vaisseaux ; par l'inertie des fluides dans les grands vaisseaux, où ils ne sont pas en suffisante quantité après de trop grandes évacuations ; qui ont trop de fluidité, parce qu'ils sont trop aqueux ; qui ne sont pas assez mis en mouvement par l'action musculaire ; par le trop grand nombre de petits vaisseaux, qui tendent trop à se convertir en fibres solides, etc.

La débilité est un vice dominant qu'il faut observer soigneusement, pour bien connaître les maladies qui en dépendent, et bien juger de leurs événements, et pour discerner les remèdes qu'il convient d'employer pour en obtenir surement guérison.

On doit sur toute chose avoir attention, de ne pas se hâter de produire des changements dans l'état de débilité, parce qu'il n'est point de cas dans lesquels il soit si dangereux d'en procurer de prompts : il convient donc de procéder lentement et avec prudence, et d'avancer par degrés dans l'administration et l'usage des secours convenables, proportionnément toujours au degré de force des vaisseaux.

Les principaux remèdes que l'on peut employer contre la débilité, sont principalement le bon régime, les aliments, les médicaments propres à fortifier, l'exercice réglé : on les trouvera indiqués plus particulièrement dans la partie de l'article FIBRE, où il est question de la curation des fibres débiles ; celui-ci est extrait de Boerhaave et de Wanswieten. Voyez aussi CACHEXIE, CACOCHYMIE. (d)

DEBILITE, (Maladie) faiblesse du corps en général, défaut de forces, symptômes de maladie, et surtout de fièvre. C'est l'impuissance d'exercer les mouvements musculaires, qui dépendent de la volonté ; comme lorsqu'un malade alité par la fièvre, peut à peine remuer et lever les membres, quoiqu'il en ait le dessein, et qu'il fasse ses efforts pour l'exécuter, sans cependant qu'aucune douleur l'en empêche.

Car on n'appelle pas faiblesse la cause qui empêche quelqu'un de se mouvoir, qui souffre des douleurs violentes de rhumatisme ou de goutte. On distingue aussi la débilité de la paralysie, en ce que dans celle-ci il y a impuissance totale et invincible ; au lieu que dans la première, quelque grande qu'elle sait, on peut par un grand effort de la volonté parvenir à remuer quelques parties du corps, quoique très difficilement et pour peu de temps. D'ailleurs la paralysie ne supprime pas en même temps le mouvement de tous les muscles sans exception, et dans la débilité ils sont tous également affectés et il y a autant de difficulté à mettre en mouvement les uns que les autres, à proportion des forces qui doivent être employées pour chacun d'eux : ainsi un homme très-foible peut encore remuer les lèvres, la langue, les yeux, les doigts sans beaucoup de peine, qui ne peut pas étendre le bras, se lever ni se tourner, parce qu'il faut, pour ces effets, mettre en jeu un grand nombre de muscles considérables en même temps.

Comme l'Anatomie n'a pas laissé de doute sur la structure du cerveau, et qu'il est bien établi qu'il est composé de vaisseaux qui, quoique très-déliés, ne laissent pas d'avoir une cavité, et de contenir un fluide très-subtil ; il y a donc lieu de penser que la débilité dont il s'agit ici, est un effet des obstacles que trouve le fluide nerveux à être distribué par la détermination de la volonté dans les nerfs, qui doivent le porter aux muscles qui lui sont soumis, ou du défaut de ce même fluide.

Les causes de ces empêchements du mouvement musculaire, sont principalement les suivantes ; savoir,

1°. Le défaut des fluides dans les vaisseaux en général, à la suite de quelque grande évacuation. Ceux-ci n'étant pas pleins, les liquides qu'ils contiennent n'offrent point de résistance aux mouvements de contraction du cœur ; ils ne sont par conséquent pas dilatés : ils ne se contractent pas non plus. Le sang ne reçoit pas son mouvement progressif vers les extrémités des vaisseaux ; il n'en est pas distribué suffisamment au cerveau, pour fournir la matière du fluide nerveux qui manquera pour être distribué aux muscles ; d'où suivra nécessairement la débilité : ce qui est prouvé journellement par ce qui arrive aux hommes ou aux animaux les plus robustes, qui après une grande perte de sang qui diminue considérablement la plénitude des vaisseaux, tombent dans la langueur et dans la faiblesse.

2°. L'imméabilité des fluides et l'obstruction des conduits. De-là vient que dans les maladies inflammatoires, lorsque le sang privé de son véhicule, passe difficilement par les extrémités de ses vaisseaux, il arrive souvent une si grande faiblesse, surtout si l'effort de la maladie se porte vers la tête, et que les vaisseaux du cerveau soient plus particulièrement engorgés. C'est aussi ce qui arrive dans les corps cacochymes, froids, remplis d'humeurs lentes, visqueuses, qui ne peuvent pas pénétrer dans les vaisseaux du cerveau, et qui s'y arrêtent : il en résulte un engourdissement, une stupidité, et une impuissance à l'exercice des mouvements musculaires.

3°. La compression des nerfs, surtout vers son origine, dans le cerveau. C'est souvent la cause d'une grande faiblesse dans les hommes pléthoriques, dont les humeurs ne pechent que par l'abondance du bon sang, qui venant à remplir les vaisseaux dans l'intérieur du crâne, qui ne peut pas céder, se porte à comprimer toute la substance pulpeuse du cerveau ; ce qui empêche le libre cours du fluide contenu dans les nerfs. Ces personnes pléthoriques sont souvent guéries de cette débilité par une saignée, qui fait cesser la compression en diminuant le volume du sang qui la causait. La raréfaction du sang qu'excite la chaleur de la fièvre, peut produire les mêmes effets, qui peuvent aussi cesser par le même remède. L'épanchement d'humeurs quelconques, qui pesent sur le cerveau, empêche aussi le cours des esprits d'une manière plus constante et presqu'incurable.

4°. La faiblesse du cœur, dont les fibres se trouvent distendues, relâchées, qui ne peuvent plus vaincre la résistance des fluides, qui souffrent toujours par leurs propres efforts de plus grandes distractions, et s'affoiblissent toujours davantage, jusqu'à se rompre, comme il conste par plusieurs observations. Mais comme c'est de l'impulsion du cœur que dépend l'abord du sang au cerveau, pour y fournir à la secrétion du fluide nerveux ; si ce muscle, le plus essentiel de tous, n'agit que faiblement, les nerfs seront mal servis, et la faiblesse de tout le corps s'en suivra.

5°. Elle est aussi quelquefois occasionnée par une espèce de matière venéneuse qui se ramasse autour du cœur, comme on croit le sentir, c'est-à-dire dans l'épigastre ; de manière que l'abattement des forces, qui survient en conséquence, sans qu'il paraisse d'autres symptômes fâcheux, et aucun qui affecte le cerveau, peut cependant quelquefois cesser tout de suite, par l'effet d'un vomissement qui emporte cette humeur d'un caractère si pernicieux. Wepffer observe aussi que certains poisons produisent un grand accablement. On ne peut expliquer ces effets que par la communication des nerfs ; mais comme cela ne satisfait guère, il faut se borner à savoir le fait sur, et à y chercher des remèdes.

La première cause mentionnée de la débilité, est prouvée par les symptômes passés ou présents des grandes évacuations, comme sont la durée de la maladie ; les hémorrhagies, effets de la maladie ou de l'art ; les sueurs, les urines abondantes, la salivation, la diarrhée, le défaut de nourriture par quelque cause que ce sait, la pâleur, la maigreur, la petitesse du pouls, l'affoiblissement des vaisseaux, l'élasticité des muscles. L'imméabilité des liquides gluans, visqueux ou inflammatoires, se manifeste par les signes qui lui sont propres, selon ses différentes qualités. Il en est de même de l'obstruction, dont on peut voir le diagnostic en son lieu. La compression du cerveau et du cervelet, comme cause de faiblesse, se fait connaître, s'il y a en même temps des autres symptômes relatifs, comme le délire et l'assoupissement, le tremblement, le vertige, etc. Pour ce qui est de la débilité des fibres du cœur, qui peut produire la faiblesse générale de tout le corps, on ne peut en juger que par les signes du mouvement circulaire ralenti. On a lieu de soupçonner que la faiblesse est l'effet de quelqu'humeur venéneuse, ou de quelque poison dans l'estomac, lorsque rien n'indique aucune des causes précèdentes, et que le malade éprouve certain sentiment qui lui fait croire que le siège du mal est dans la région épigastrique, qu'il désigne en disant qu'il est autour du cœur.

La curation de la faiblesse doit être différente, selon ses différentes causes : celle qui provient d'un épuisement à la suite de quelque grande évacuation, doit être traitée avec des aliments liquides, de bons sucs de facîle digestion, qui se changent aisément en sang ; des gelées douces tirées des animaux et des végétaux, rendues un peu actives par le vin et les aromats mêlés avec art, dont on fera user souvent et à petite dose. On emploiera les frictions extérieures modérées, qui servent à distribuer le suc nourricier. On aura attention de choisir une nourriture qui soit de nature à servir de correctif au vice dominant.

La faiblesse qui est causée par l'imméabilité des fluides, doit être traitée selon la nature de celle-ci ; si elle est froide et visqueuse, les legers incisifs, les délayans pénétrants, les cordiaux, conviennent ; si elle est inflammatoire, on doit employer les remèdes contre l'inflammation qui vient d'obstruction. Voyez INFLAMMATION, OBSTRUCTION.

Ces derniers sont également indiqués dans les cas où il y a compression du cerveau ; on peut y joindre utilement les moyens propres à détourner ailleurs l'humeur qui se jette sur cette partie, en faisant des applications émollientes autour de la tête, en humectant les narines, la face, la bouche par des fomentations ; en appliquant aux pieds des épispastiques.

On ne peut guère corriger le vice du cœur débile, surtout lorsque c'est son propre tissu qui est relâché : alors il est très-difficîle de connaître ce mal ; et quand on le connaitrait, il ne se présenterait guère d'indications à remplir pour y remédier. Le repos serait utîle dans ce cas ; mais cet organe doit être dans un mouvement continuel, ce qui augmente toujours plus le vice de ses fibres, qui sont continuellement tiraillées.

Le vomissement, comme on l'a dit ci-dessus, guérit ordinairement la faiblesse qui provient d'un embarras de nature maligne dans l'épigastre.

Il suit de tout ce qui vient d'être dit, que les cordiaux ne sont pas toujours le remède convenable contre la faiblesse ; qu'ils doivent être employés avec beaucoup de ménagement dans les cas où ils conviennent, et qu'il est bien rare qu'ils puissent être employés avec sûreté dans les maladies aigues. Il résulte encore de-là, que la faiblesse dans les fièvres est souvent un symptôme très-difficîle à guérir. Extrait de Boerhaave et de Wanswieten. Voyez FIEVRE. (d)