S. m. (Agriculture) espèce de chou sauvage qui ne pomme point, et dont la graine fournit de l'huile.

La plus noire, la plus seche, la plus pleine, et qui parait la plus onctueuse en l'écrasant, est la meilleure pour le moulin ; elle peut être semée avec de moindres qualités.

Elle est souvent mêlée par le défaut de maturité égale, et l'on distingue la moins mûre à sa couleur un peu rouge.

On attribue cette inégalité aux vers qui se jettent dans les racines des jeunes plantes ; il faut y regarder quand on les transplante, et rebuter celles qui en sont attaquées ; le ver doit se trouver dans le nœud.

Son prix varie selon l'abondance ou la disette ; il dépend aussi des recherches que l'on en fait plus ou moins grandes, selon la réussite des huiles de noix et autres, dans les pays qui en tirent.

On pourrait l'apprécier à 7 liv. 10 s. la rasière, année commune, depuis dix ans : elle en vaut aujourd'hui 12 : elle pourrait monter jusqu'à 16 liv. par extraordinaire.

La rasière est une mesure qui doit contenir à-peu-près cent livres poids de marc, la graine étant bien seche, deux rasières font un sac de ce pays, et six avots font une rasière.

Il en faut une livre pour semer un cent de terre, qui fait vingt-deux taises quatre pieds huit pouces carrés. C'est sur cette mesure que l'on se déterminera, et sur laquelle on peut employer les plus grands terrains.

La terre légère est la meilleure, pourvu qu'elle n'ait pas moins d'un pied de bon fond, et qu'elle ne soit pas pierreuse.

Celle où l'on seme n'est pas celle où l'on plante.

On doit préparer la première en la fumant ; quatre charretées de fumier suffiront : chacune peut peser environ 1400 livres.

Le fumier bien étendu, on y passe la herse pour faire prendre nourriture à la terre ; on laboure peu-après deux ou trois fais, selon qu'elle est chargée d'ordures ; enfin on l'applanit en y ramenant de nouveau la herse pour recevoir la semence, dont une livre sur un cent de terre produira de quoi planter une pièce de 300.

Si-tôt après la moisson, on fume et on prépare, comme nous avons dit, la terre destinée à planter.

Au surplus, tout le monde sait que l'on fume plus ou moins, selon la chaleur des terres.

Il faut que la terre soit reposée.

On seme vers le 20 de Juillet, vieille ou nouvelle semence, pourvu qu'elle soit assez bonne, et l'on plante au commencement d'Octobre.

Quand la terre est ensemencée, il n'est plus question que de laisser croitre les plantes, qui doivent être suffisamment montées à la fin de Septembre.

On les déplante pour lors par un beau jour ; on rebute les véreuses et les languissantes, et on les transporte sur l'autre terre préparée comme il a été dit : on y fait des trous avec un plantoir, à la distance de demi-pié en ligne perpendiculaire, et d'un pied en ligne horizontale : chaque trou reçoit sa plante, qu'un homme resserre avec le pied à mesure qu'un enfant la place.

Tous les huit pieds, on fait une rigole en talud d'un pied d'ouverture, et autant de profondeur ; on en jette la terre à droite et à gauche, sur la distance d'un pied qu'on a laissé pour cela entre chaque plante : c'est ce qu'on appelle recouvrir. Cela se fait pour l'écoulement des eaux, et pour garantir de la gelée.

Il n'y a plus d'autre façon à donner, à moins que d'arracher les mauvaises herbes, s'il en poussait assez pour étouffer.

Il n'y a que des événements extraordinaires qui puissent nuire au colsat dans toutes les saisons ; tous les temps lui sont propres, si l'on en excepte les gelées trop fortes et tardives, les grands orages, la grêle, et les grands brouillards, dans le temps de sa maturité.

On fait la récolte à la fin de Juin, quand la graine est prette à épiller ; et pour éviter cet accident, on se garde de la laisser trop mûrir pour recueillir.

On scie avec la faucille, et l'on couche les tiges sur terre comme le blé ; on les y laisse pendant deux beaux jours : si la pluie ne permet pas de les relever après ce temps, il faut attendre.

On les relève dans un drap, et on les porte au lieu préparé pour faire la meule sur la même pièce de terre, afin de ne pas perdre la graine ; on y fait autant de meules que la dépouille en demande : celle de huit cent de terre doit suffire pour une meule ; et pour la faire, on forme une terrasse bien seche et bien battue, de vingt pieds carrés ; on y met un lit de paille, sur lequel on arrange les tiges la tête en-dedans ; on arrondit cette meule dès le pied jusqu'à la hauteur de trois taises plus ou moins, en terminant en pain de sucre, et l'on couvre le dessus pour être à l'abri de la pluie.

Quand les grands vents la mettent en danger de culbuter, on a soin de l'étayer.

Le colsat repose ainsi jusqu'après la moisson, à moins que l'on n'ait lieu de craindre l'échauffement de la graine ; ce qui pourrait arriver par des temps fort pluvieux, ou pour l'avoir recueillie trop verte.

Il est essentiel de choisir un beau jour pour défaire la meule, mais avant tout on prépare au pied une plate-forme battue, aussi dure que les battines de grange, et c'est là-dessus que l'on bat à mesure que la meule se défait, avec la précaution de n'enlever les tiges que dans un drap.

Dès qu'on en a battu une certaine quantité, il faut retirer avec un rateau la paille écrasée ; cela aide à bien battre le reste, et fait perdre moins de graine.

Quand tout est battu, on la nettoie par le moyen d'un puroir.

Il y en a de deux sortes. L'un est un grand tambour troué en rond, pour y faire passer la graine : c'est le premier dont on se sert, et on rejette au rebut ce qui reste dans le tambour.

Le second est aussi un tambour dont les trous sont en long, pour y faire passer la poussière, en y mettant ce qui a passé par le premier.

En tamisant, on a soin de retirer vers les bords ce qui peut rester de gros marc, et l'on fait toujours la même chose jusqu'à la fin.

La graine ainsi purifiée, on la porte dans des sacs au grenier, et on l'y garde comme le blé, jusqu'à ce qu'on la vende. Si l'on y trouvait un peu d'humidité, il faudrait la remuer.

Le plancher du grenier doit être d'autant moins ouvert, que la graine est petite. Bien des gens y étendent une grande toîle pour l'y renverser.

Il est bon d'observer qu'elle ne profite pas dans le grenier ; c'est pourquoi l'on s'en défait le plutôt que l'on en trouve un prix.

Tout ce qui reste de paille courte ou hachée, on le donne aux pauvres, ou bien on le brule sur les lieux : c'est un engrais.

Les tiges battues servent à échauffer le four, ou pour le feu des pauvres. Les fermiers qui n'en font pas cet usage, les vendent assez ordinairement.

Il ne faut à la graine aucune façon, après qu'elle est recueillie : pour la porter au moulin, tous les temps sont propres quand il y a du vent, excepté par les gelées fortes.

Vingt rasières de graine rendent année commune quatre tonnes d'huile, chaque tonne pesant 200 livres poids de marc, sans y comprendre la futaille.

Il faut encore observer que le marc de l'huîle se met à profit : on en fait des tourteaux qui entretiennent le lait des vaches pendant l'hiver, en les délayant dans le boire.

On s'en sert aussi à fumer les terres, en les réduisant en poussière. C'est un engrais un peu cher.

Ces tourteaux sont de la figure d'une gaufre de quatorze pouces de long et huit de large, sur demi-pouce d'épaisseur : ils doivent peser chacun huit livres et demie poids de marc, selon les ordonnances de la province.

Ils se font à la presse, que le vent fait agir dans le moulin.

Vingt rasières de colsat rapportent ordinairement 550 tourteaux. Dans un pays où l'on ne ferait point cas des tourteaux, la diminution du profit serait bien grande.