S. f. (Agriculture) c'est un sarment qu'on transplante avec sa racine. La manière d'élever la vigne par sautelles est assez heureuse, et fort facîle à pratiquer, puisqu'on a la commodité de coucher quelque branche si on veut autour de chaque sep. On dit quelle branche on veut coucher ; car ordinairement sur chaque sep on n'en marcotte qu'une ; encore faut-il qu'elle soit venue entre la branche qui doit être taillée, et le courson qu'on doit laisser. Cette opération est préférable à la marcotte, d'autant que souhaitant du fruit, et en ayant de tout près à venir en apparence, il est hors de raison d'en aller chercher ailleurs, qui n'est pas si assuré, à-moins qu'il n'y ait quelque place vide qu'il faille absolument remplir.

Ces sautelles se font donc en couchant la branche en terre ; mais de telle manière qu'étant couchée ainsi, elle fasse un dos de chat à trois yeux éloignés de l'origine de cette branche, et cela par une espèce de ménage qu'on fait du bois, en l'obligeant en cet état de faire deux pieds de vignes ; au lieu qu'il n'en produirait qu'un, si la marcotte était couchée tout de son long ; on observe aussi pour réussir dans cette opération, que directement sur ce dos de chat il y ait un bourgeon ; que l'élévation de ce dos soit des deux côtés recouverte de terre, et que l'extrémité de la branche qui passe au-delà de ce dos, sorte de terre des deux yeux seulement. Ce n'est pas qu'il soit permis à un vigneron de faire des sautelles dans la vigne de son maître, à dessein de regarnir quelques places vides ; car c'est une porte ouverte à la friponnerie, en ce que lorsque ces sautelles ont pris racine, il est aisé de les lever en guise de marcottes ; ce que la plupart des vignerons, dont la foi est fort suspecte, ne manqueraient pas de faire ; c'est pour cela qu'il y a bien des coutumes dans les pays de vignobles, où les sautelles sont défendues, et où il n'y a que les provins dont on puisse se servir pour garnir une vigne. Liger. (D.J.)