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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Matière médicale
(Matière médicale) c'est le fruit d'un arbre de l'Amérique nommé communément sapotillier par les habitants du pays, que les Européens appellent aussi poirier ou pommier d'Amérique, et que Linnaeus a désigné par le nom de achrus Plumieri.

Les pepins, ou plutôt les noyaux de ces fruits, sont employés depuis longtemps en Amérique, comme un remède souverain contre la colique néphrétique ; et leur usage s'est communiqué depuis dix à douze ans dans plusieurs provinces maritimes de France. On trouve un mémoire à ce sujet dans le journal de Médecine pour le mois de Mars 1760, par M. Ranson, médecin du roi, à Saint Jean d'Angely.

Les noyaux de sapotille sont, selon la description qu'en donne cet auteur, d'une forme qui approche en gros de celle des pepins de nos poires bien mûres. On les emploie mondés de leur coque et de leur écorce ; ils ne sont point émulsifs, quoiqu'ils soient très-huileux, au point même d'être inflammables ; ils ont un goût très-amer. On fait prendre ce remède sous deux formes ; on en pîle un ou deux gros dans un mortier de marbre, et on les délaye dans cinq ou six onces d'eau pour une dose qu'on réitère de quatre en quatre heures, ou de six en six heures, selon l'exigence des cas, et selon que l'estomac soutient ce remède. On l'édulcore aussi quelquefois pour les sujets délicats, avec le sucre ou un syrop approprié ; ou bien on le donne en substance ou incorporé dans un véhicule solide convenable à la dose d'un gros tout au plus. On ne doit pas continuer pendant plus de quatre ou cinq jours l'usage consécutif de ce remède. Il provoque si efficacement dans les coliques néphrétiques curables, le cours des urines et la sortie des glaires et des graviers, que ces corps dont la présence occasionnait l'accès de colique, sont communément chassés au bout de ce temps ; et que si on continuait le remède plus longtemps, il attaquerait le corps même des reins, l'irriterait, l'enflammerait ; ce qui n'empêcherait cependant point de revenir à l'usage de ce remède en saisissant quelques moments plus favorables. (b)