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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Chimie & Pharmacie
(Chimie et Pharmacie) espèce d'extraction, d'application d'un menstrue à une matière dont on se propose de séparer une substance particulière soluble dans ce menstrue, d'une autre substance insoluble par le même menstrue. Voyez EXTRACTION, Chimie. Le caractère particulier de l'infusion est déterminé par le degré de chaleur, qui est inférieur dans cette operation au degré bouillant d'un menstrue employé, mais qui est dû à un feu artificiel. Voyez FEU, Chimie. Le menstrue bouillant employé au même but, tout étant d'ailleurs égal, fait prendre à l'extraction opérée à ce degré de feu, le nom de décoction ; et le menstrue à froid (voyez FEU et FROID, Chimie), celui de macération. Lorsque la chaleur artificielle mise en œuvre pour l'infusion, est celle des rayons directs du soleil, l'infusion s'appelle communément insolation. Voyez DECOCTION, MACERATION et INSOLATION. L'infusion longtemps continuée, s'appelle aussi digestion. Voyez DIGESTION, Chimie.

Les sujets de l'infusion sont toujours des corps concrets ou consistants, et presque toujours de l'ordre des tissus ou corps organisés, dont le squelete, la base, donne par sa nature peu de prise aux menstrues ordinaires, et surtout lorsque ces menstrues ne sont animés que par un faible degré de feu ; en sorte que les sucs végétaux et animaux, leurs matières non organiques, telles que les gommes, les extraits proprement dits, la partie aromatique, le corps doux, les résines, la lymphe, la graisse peuvent passer aisément dans ces menstrues, sans que les solides, le corps des fibres végétales ou animales, soient même superficiellement entamés. Ce corps fibreux, ce tissu, qui étant même absolument épuisé par les décoctions, n'a rien perdu de sa forme, de sa structure naturelle, et que les infusions les plus réitérées ne peuvent qu'imparfaitement dépouiller de la matière soluble par le menstrue appliqué ; ce tissu, dis-je, s'appele, après qu'il a essuyé l'infusion, résidu, et plus communément marc. Voyez MARC, Chim. Pharm.

On peut employer à l'infusion tous les menstrues connus dans l'art. Un acide minéral versé sans mesure sur une argîle colorée, dans le dessein d'en séparer les parties métalliques d'où cette couleur dépend, et tenu longtemps sur cette argîle à un léger degré de feu artificiel, est alors l'agent d'une véritable infusion ; mais l'usage ordinaire borne l'usage de ce mot pour désigner l'application de l'eau, de l'huile, et des liqueurs vineuses aux végétaux et aux animaux, et même l'infusion par les esprits ardents, s'appelle plus ordinairement teinture. Voyez TEINTURE.

On appelle quelquefois infusion la dissolution légère d'une substance entièrement soluble par le menstrue appliqué, et qui n'est bornée que parce qu'on n'emploie pas une quantité proportionnelle de menstrue, ou qu'on ne l'applique pas pendant assez longtemps : c'est ainsi qu'on dit que le vin émétique se prépare, en faisant infuser un verre d'antimoine dans du vin, ou du vin dans une tasse de régule d'antimoine ; mais ce n'est que très-improprement qu'on appelle cette opération une infusion, puisque le résidu ou marc est parfaitement semblable, identique à la partie, ou pour mieux dire, à la portion dissoute.

L'infusion n'a d'autres règles de manuel que les règles très-générales de l'application des menstrues ; savoir, de disposer les corps à leur abord, en les divisant, s'ils ne le sont naturellement, par une des opérations préparatoires communes (voyez OPERATIONS DE CHIMIE) à opérer dans un vaisseau convenable tant pour la forme que pour la matière ; à connaître d'après les découvertes précédentes, ou par le tatonnement, si le degré de chaleur propre à l'infusion est suffisant ou excessif pour le sujet qu'on y expose ; par exemple, si l'infusion peut faire du bon bouillon (voyez FEU, CHIMIE), ou si elle ne retire pas d'une racine extractive et muqueuse, telle que celle de réglisse ou de grande consoude, l'extrait dont on n'a que faire, tandis que la macération ou l'infusion au feu le plus doux, n'eut emporté que le corps doux, etc.

L'usage des infusions n'est presque que pharmaceutique.

On emploie à la préparation d'un remède l'infusion, l'application d'un menstrue animé d'un faible degré de chaleur, toutes les fois qu'un degré plus fort, celui de l'ébullition dissiperait des parties qu'on se propose de retenir, ou que la macération serait insuffisante pour extraire d'une drogue assez de parties médicamenteuses ; et on la rejette toutes les fois qu'elle est inutile, c'est-à-dire que la décoction toujours plus efficace et plus prompte, ne doit dissiper aucun principe utile, ou qu'elle est insuffisante. Ce sont là les uniques motifs qui déterminent le choix entre la décoction, l'infusion et la macération.

Les animaux qui ne contiennent que peu ou point de parties volatiles médicamenteuses, et dont les différents matériaux sont peu solubles par les menstrues aqueux ou huileux faiblement échauffés, sont presqu'absolument exclus de la classe des sujets de l'infusion. Les infusions ou teintures de castor, de musc, de civette, sont des infusions improprement dites, et de vraies dissolutions. Voyez le commencement de cet article.

Les végétaux aromatiques dont on veut faire passer dans l'eau la partie aromatique et un léger extrait, ou la matière colorante, ou enfin une partie très-mobile, quoiqu'inodore, telles que les feuilles de mélisse, les fleurs de violette, d'oeillet, le séné, etc. doivent se traiter par l'infusion ; et c'est aussi par cette voie qu'on procede à ces extractions, soit qu'on destine les liqueurs qu'on obtient par ce moyen à des potions ou à des syrops. Quelques substances végétales, aromatiques, dont l'odeur est forte et le parfum abondant, telles que la fleur d'orange et l'excellent thé, soutiennent fort bien une légère décoction, et même fournissent à ce degré de feu, une liqueur plus agréablement parfumée que celle qu'on obtiendrait par l'infusion ; mais communément cependant les substances végétales, aromatiques, ne doivent pas être exposées à la décoction.

Les fleurs, feuilles et racines des plantes qui portent des fleurs en croix, dont Tournefort a fait une classe, et qui sont plus ou moins chargées d'un esprit alkali-volatil, ou d'un principe très-analogue, aussi bien que celles qui, comme l'oignon, l'ail, la capucine, etc. sont pourvues d'un principe vif-âcre, très-volatil, jusqu'à-présent indéfini ; ces substances, dis-je, devraient, selon la même règle, n'être traitées que par l'infusion toutes les fois qu'on leur appliquerait un menstrue étranger ; mais soit parce qu'elles portent ce menstrue en elles-mêmes (car elles sont la plupart très-succulentes), soit parce qu'elles sont très-sujettes à subir un mouvement intestin qui les altère promptement, lorsqu'on les expose longtemps à une chaleur légère, soit enfin parce que le menstrue non-bouillant ne se chargerait que très-foiblement d'une partie extractive qu'on se propose d'en retirer, aussi bien que le principe volatil ; pour ces raisons, dis-je, on ne prépare communément ces plantes pour l'usage médicinal, que sous la forme de suc, comme le suc de cochléaria, de cresson, d'oignon, ou sous celle de décoction, qu'on nomme aussi bouillon dans ce cas, bouillon de navet, de chou rouge, etc.

On préfère aussi l'infusion à la décoction, pour ménager un principe volatil dans le menstrue employé. C'est dans cette vue que les vins et les vinaigres médicamenteux se préparent par infusion. Voyez VIN et VINAIGRE.

Les infusions pharmaceutiques s'exécutent par toutes les différentes espèces de feux légers (voyez FEU, Chimie), au bain-marie, sur les cendres chaudes, au soleil, etc. et c'est encore une espèce d'infusion que l'effusion de l'eau bouillante sur une matière placée dans un vaisseau froid, sur laquelle on ne laisse séjourner ce menstrue que quelques instants ; on appelle cette espèce d'infusion théiforme, c'est-à-dire semblable à celle qu'on emploie communément à préparer le thé.

Nous n'avons parlé jusqu'à-présent que de remèdes internes préparés par infusion. On n'emploie presqu'absolument à ces infusions proprement dites que l'eau, le vinaigre ou le vin : nous avons déjà observé que celles où on employait les esprits ardents, s'appelaient teintures.

On prépare aussi par infusion plusieurs remèdes externes, principalement des collyres, tel que le vin imprégné de l'extrait et de la partie aromatique des roses rouges, et des huiles appelées par infusion. Voyez l'article HUILE.

Les sujets des infusions sont ou simples ou composés. Les dernières surtout pour l'usage interne sont appelées espèces. Les poudres grossières appelées trageae, sont sous une forme très-propre à donner leur vertu par l'infusion.

Le menstrue s'applique ou immédiatement au sujet de l'infusion, ou on enferme ce sujet dans un petit sac ou dans un nouet.

Nous n'avons pris jusqu'à-présent le mot infusion, que pour désigner une opération chimique, l'action de faire infuser ; et ce mot est également en usage pour exprimer la liqueur préparée par infusion : il répond dans ce dernier sens, au mot latin infusum ; ainsi on dit fort bien boire ou prendre une infusion de capillaire, etc. (b)