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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Chimie & Grammaire
EFFERVESCENCE, FERMENTATION, (Grammaire et Chimie) Ces trois mots ne sont point synonymes, quoiqu'on les confonde aisément. M. Homberg est un des premiers qui en a expliqué la différence, et qui en a fait l'exacte distinction.

On appelle en Chimie ébullition, lorsque deux matières en se pénétrant font paraitre des bulles d'air, comme il arrive dans les dissolutions de certains sels par les acides.

On nomme effervescence, lorsque deux matières qui se pénètrent produisent de la chaleur, comme il arrive dans presque tous les mélanges des acides et des alkalis, et dans la plupart des dissolutions minérales.

On appelle enfin fermentation, lorsque dans un mixte il se fait naturellement une séparation de la matière sulphureuse avec la saline, ou lorsque par la conjonction de ces deux matières il se compose naturellement un autre mixte.

Puisqu'il y a, suivant les expériences de l'illustre Boyle, des ébullitions, même assez violentes, sans aucune chaleur, dont quelques-unes bien loin de s'échauffer, se refroidissent considérablement pendant l'ébullition, comme il arrive dans le mélange d'huîle de vitriol et du sel armoniac, et que d'un autre côté il se trouve des effervescences très-considérables sans aucune ébullition, comme dans le mélange de l'huîle de vitriol et de l'eau commune ; il résulte que les ébullitions et les effervescences font distinctes, et ne sont pas non plus des fermentations ; parce que le caractère de la fermentation consiste dans une séparation naturelle de la matière sulphureuse d'avec la saline, ou dans une conjonction naturelle de ces deux matières, laquelle est souvent accompagnée d'effervescence : ce qui s'observe particulièrement lorsque la matière sulphureuse, aussi-bien que la saline, sont dans un haut degré de raréfaction.

Cependant la raison pourquoi on a confondu ces trois actions sous le nom de fermentation, est que les fermentations s'échauffent ordinairement, en quoi elles ressemblent aux effervescences, et qu'elles sont presque toujours accompagnées de quelque gonflement, en quoi elles ressemblent aux ébullitions. Art. de M(D.J.)

EBULLITION, s. f. (Physique) est l'état de l'eau ou de toute autre fluide que la chaleur fait bouillir. Voyez BOUILLIR et EFFERVESCENCE.

Si l'eau bout dans un pot ouvert, elle a la plus grande chaleur qu'elle puisse recevoir, lorsqu'elle est comprimée par le poids de l'atmosphère. La chaleur de l'eau est indépendante de la violence de l'ébullition et de sa durée ; l'eau moins comprimée par l'atmosphère bout plutôt, et elle bout fort vite dans le vide. L'eau qui bout dans un pot ouvert reçoit ordinairement une chaleur de deux cent douze degrés au thermomètre de Fahrenheit. Plus l'air est pesant, plus il faut que l'eau soit chaude pour bouillir. Le dessous d'un chauderon où l'eau bout est beaucoup moins chaud, qu'il ne l'est au moment où l'eau cesse de bouillir.

A l'égard de la cause de l'ébullition, nous avons rapporté historiquement au mot BOUILLIR celle que les physiciens en donnent ordinairement, et qu'ils attribuent à l'air qui se dégage des particules de l'eau ; mais d'autres physiciens rejettent cette cause, et croient que l'ébullition vient des particules de l'eau même, qui sont changées par l'action du feu en vapeur très-dilatée, et qui s'élèvent du fond du vase à la surface. Voici en substance les raisons de leur opinion. 1°. L'ébullition se fait dans la machine du vide, lorsqu'on y fait chauffer de l'eau auparavant purgée d'air. Ce n'est donc point l'air qui la produit ; c'est dans ce cas la chaleur qui raréfie l'eau : ce sont les termes de M. Musschenbroeck, §. 879. de ses essais de Phys. 2°. L'eau ne cesse point de bouillir qu'elle ne soit évaporée ; or comment peut-on concevoir que l'air renfermé dans l'eau, et qui en fait au plus la trentième partie, puisse suffire à toute cette ébullition ? 3°. Quoique les liqueurs ne contiennent pas toutes la même quantité d'air, toutes paraissent bouillir également. 4°. Plus l'eau est libre de s'évaporer, c'est-à-dire plus le vase dans lequel on la met est ouvert, moins elle soutient de degrés de chaleur sans bouillir. 5°. Plus une liqueur est subtile, et par conséquent facîle à réduire en vapeur, moins il faut de chaleur pour la faire bouillir. Ainsi l'esprit-de vin bout à une moindre chaleur que l'eau, et l'eau à une moindre chaleur que le mercure. Voyez tout cela plus en détail dans les mém. et l'hist. de l'académ. 1748. Voyez aussi DIGESTEUR et VAPEUR. La plus forte preuve (ajoute-t-on) qu'on allegue en faveur de l'opinion commune sur la cause de l'ébullition, est le phénomène de l'éolipyle ; mais les partisans de l'opinion dont nous rendons compte ici, prétendent dans leur système expliquer ce phénomène, du moins aussi-bien. Voyez EOLIPYLE. Encore une fois nous ne sommes ici qu'historiens, ainsi que dans la plupart des explications physiques que nous avons rapportées ou que nous rapporterons par la suite dans ce Dictionnaire. (O)

EBULLITION, (Médecine) petites tumeurs qui se forment et s'élèvent sur la surface du corps en très-peu de temps ; on les attribue ordinairement à l'effervescence du sang : c'est ce qui fait appeler cette éruption cutanée, ébullition de sang. Elles sont de différente espèce, et demandent par conséquent différents traitements. Voyez EFFLORESCENCE, ERUPTION, EXANTHEME. (d)

EBULLITION, (Manège et Maréchalerie) maladie légère que l'on nomme encore dans l'homme échauboulures, pustules sudorales.

Elle se manifeste dans les chevaux par des élevures peu considérables, et qui sont simplement accompagnées de démangeaison. Ces élevures sont ou plus ou moins multipliées, et semées dans une plus ou moins grande étendue de la surface du corps. Quelquefois aussi elles arrivent seulement à de certaines parties, telles que l'encolure, les épaules, les bras, les côtes, et les environs de l'épine.

Il est aisé de les distinguer des boutons qui désignent et qui caractérisent le farcin, 1°. par la promptitude avec laquelle elles sont formées, et par la facilité avec laquelle on y remédie : 2°. elles ne sont jamais aussi volumineuses : 3°. elles n'en ont ni la dureté ni l'adhérence : 4°. elles sont circonscrites, n'ont point entr'elles de communication, et ne paraissent point en fusées : 5°. elles ne s'ouvrent et ne dégénèrent jamais en pustules : 6°. enfin elles n'ont rien de contagieux.

Cette maladie suppose presque toujours une lymphe saline et grossière, dont les parties les plus aqueuses s'échappent sans aucun obstacle par la voie de la transpiration et de la sueur, tandis que la portion la moins subtîle et la moins ténue ne peut se faire jour et se frayer une issue, lorsqu'elle est parvenue à l'extrémité des vaisseaux qui se terminent au tégument. Ces dernières particules poussées sans cesse vers la superficie par celles qui y abordent et qui les suivent, sont contraintes d'y séjourner. De leur arrêt dans les tuyaux capillaires qu'elles engorgent et qu'elles obstruent, résultent les tumeurs nombreuses qui sont dispersées à l'extérieur, et un plus grand degré d'acrimonie annoncé par la démangeaison inséparable de cette éruption, et qui ne doit être attribuée qu'à l'irritation des fibres nerveuses.

Un exercice outré, un régime échauffant, suscitent la rarescence du sang et des humeurs : trop de repos en provoque l'épaississement, la transpiration interceptée par une crasse abondante qui bouche les pores, donne lieu au séjour de la matière perspirable, et même au reflux dans la masse, qui peut en être plus ou moins pervertie ; et toutes ces causes différentes sont souvent le principe et la source des ébullitions.

On y remédie par la saignée, par une diete humectante et rafraichissante, par des lavements, par des bains ; il ne s'agit que de calmer l'agitation desordonnée des humeurs, de diminuer leur mouvement intestin, de corriger l'acrimonie des sucs lymphatiques, de les délayer ; et bien-tôt les fluides qui occasionnaient les engorgements reprenant leur cours, ou s'évacuant en partie par la transpiration, toutes les humeurs dont il s'agit s'évanouiront. (e)