(Médecine et Matière médicale) nom général donné aux différents remèdes vantés en médecine dans les cas où il s'agit d'expulser, ou de faire mourir les vers qui se trouvent dans le corps humain, surtout dans l'estomac et les entrailles. Exposons en peu de mots, d'après Hoffman, ce qu'il faut penser de ces différents remèdes, et quelles sont les précautions à observer en usant des uns ou des autres.

On compte ordinairement au nombre des vermifuges les acides, tels que le suc de citron, d'orange, de limon, de groseille, d'épine-vinette et de grenade ; le phlegme et l'esprit de vitriol ; la crême de tartre, le vin tartareux du Rhin, et le vinaigre ; tous ces remèdes ne sont de saison, que lorsqu'il y a complication de chaleur, d'ardeur contre nature, et de commotion fébrîle ; alors non-seulement ils corrigent la chaleur, mais ils résistent puissamment à la putréfaction, et détournent la malignité dangereuse des symptômes.

On met dans la classe des vermifuges les amers, tels que l'absynthe, la petite centaurée, le scordium, le treffle de marais, la rue ; et plus encore les amers qui ont une qualité purgative, tels que l'aloès, la rhubarbe, la coloquinte, et les trochisques d'Alhandal. Quoique ces remèdes ne détruisent pas absolument les vers, attendu qu'il s'en engendre non-seulement dans la rhubarbe et l'absynthe, mais encore, comme l'a remarqué Hildanus, Cent. I. obs. 160. dans la vésicule du fiel, cependant on ne saurait nier que les amers ne soient efficaces contre ces sortes d'animaux ; en effet, d'une part ils corrigent par leur qualité balsamique la matière crue dont les vers se nourrissent, et de l'autre en stimulant les fibres des intestins, ils évacuent quelquefois les humeurs corrompues en même temps que les vers : joignez à cela qu'ils rétablissent l'énergie de la bile, qui dans les enfants, et dans les autres personnes d'une constitution humide, est, pour l'ordinaire, la cause immédiate des vers.

On regarde encore comme des vermifuges les substances huileuses ; leur efficacité parait être constatée par une expérience de Rédi, qui nous apprend que les insectes restent vivants, après qu'on les a plongés dans différentes autres liqueurs ; mais qu'ils meurent promptement dès qu'ils baignent dans l'huile. On peut par cette raison donner contre les vers des substances huileuses, telles que l'huîle d'olives, l'huîle de navette, et l'huîle d'amandes douces ; mais alors il faut donner à la fois une grande quantité d'huîle pour esperer de tuer tous les vers répandus dans les intestins. On doit donc plutôt administrer les substances huileuses dans les violents symptômes que causent les vers, parce qu'elles relâchent les tuniques des intestins spasmodiquement contractées, les défendent et les oignent d'un mucilage, moyennant quoi on peut après cela administrer avec plus de sûreté les remèdes purgatifs.

Les substances salines sont aussi vantées comme de bons vermifuges, tant parce qu'elles détruisent le tissu tendre de ces animaux, que parce qu'en stimulant les intestins, elles en procurent l'évacuation, surtout si les sels sont dissous dans une suffisante quantité d'eau. Ceci est vrai des sels neutres, amers, tels que ceux de Glauber, d'Epsom, de Sedlitz, d'Egra, et de Carlsbad, qui pris dans un véhicule approprié, et pendant un espace de temps considérable, produisent d'excellents effets, surtout dans les jeunes personnes, incommodées de l'espèce de vers appelés taenia, et des vers larges ; parce qu'on ne les détruit pas si bien par les purgatifs, qui produisent des spasmes, que par les sels et les eaux salines.

Il est certain que les sels de l'espèce vitriolique, ont eu longtemps la réputation d'être de bons vermifuges : et les eaux de Pyrmont qui contiennent un vitriol subtil de Mars, sont très-bonnes pour la cure des taenia, et des vers spiraux.

S'il y a des remèdes utiles pour quelques cas, c'est assurement pour celui où il est question de faire mourir et chasser les vers. Les meilleurs pour cet effet, sont parmi les gommes, l'assa-foetida, le sagapenum, l'opopanax, et la myrrhe ; parmi les plantes, la tanésie, le scordium et l'absynthe ; parmi les racines bulbeuses, les différentes sortes d'oignons et d'ail ; parmi les fruits, les amandes amères, et l'huîle qu'on en exprime ; la barbotine, la graine du cataputia, et autres de même nature : on peut mêler ces sortes de remèdes avec les autres, pour un succès plus assuré.

Mais il reste un autre spécifique beaucoup plus efficace, tiré du règne minéral, qui est le vif-argent, lequel est singulièrement mortel aux vers, et détruit leur mouvement vital, sans qu'on puisse expliquer son effet par des principes mécaniques.

On donne le mercure doux bien préparé sans purgatif, ou avec un purgatif tel que le diagrede, la scammonée sulphurée, la résine de jalap ; on donne aussi l'éthiops minéral fait d'un mélange exact de soufre et de vif-argent ; Hoffman donnait le vif-argent bien dépuré, et longtemps broyé avec du sucre-candi, en faisant précéder ce remède des préparations nécessaires.

On recommande dans les mémoires d'Edimbourg, t. V. la poudre d'étain pour les vers grêles ou longs, et on en parle comme d'un excellent vermifuge pour les vers cucurbutins. On emploie aussi ce remède contre le taenia ou ver plat, qui est si difficîle à détruire ; voici la recette de ce vermifuge, on pulvérise bien soigneusement une once et demie d'étain fin, on mêle cette poudre passée par un tamis avec huit onces de melasse ; on purge d'abord le malade ; ensuite le jour suivant on lui donne à jeun la moitié de cette composition, le lendemain la moitié de l'autre moitié, et le troisième jour on donne le reste.

Il faut s'abstenir de tous les remèdes mercuriels et des drastiques, en cas d'une bîle âcre répandue dans les intestins. On peut joindre les topiques aux vermifuges internes destinés pour les enfants ; ces topiques sont des épithèmes préparés avec de l'absynthe, du fiel de bœuf, de l'aloès, de la coloquinte, du suc de petite centaurée, et de l'huîle de fleur de spic ; on applique les épithèmes sur la région épigastrique et sur l'ombilicale. (D.J.)