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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Medecine thérapeutique
adj. (Médecine thérapeutique) on désigne par cette épithète les remèdes ou médicaments propres à faciliter, procurer, rétablir l'expectoration ordinaire, ou la toux, qui est l'expectoration violente. Voyez EXPECTORATION, TOUX.

Les expectorants peuvent être regardés par conséquent comme des purgatifs de la poitrine, qui servent à préparer les humeurs, dont l'excrétion doit se faire dans les voies de l'air pulmonaire, qui rendent ces humeurs (attachées aux parois de ces cavités, ou répandues dans les cellules, dans les ramifications des bronches) susceptibles d'être évacuées, jetées hors des poumons par le moyen de l'expectoration ; qui excitent, qui mettent en jeu les organes propres à cette fonction.

Pour que les matières excrémentitielles ou morbifiques, qui doivent être évacuées par les vaisseaux aériens, soient susceptibles de sortir aisément des conduits excrétoires, ou des cavités cellulaires bronchiques dans lesquelles on les conçoit extravasées, elles doivent avoir une consistance convenable : lorsqu'elles sont trop épaisses, trop visqueuses, elles sortent difficilement des canaux, qu'elles engorgent avant leur excrétion ; ou, lorsqu'elles en sont sorties, qu'elles sont répandues dans les cellules et dans les ramifications des bronches, qu'elles sont adhérentes aux parois de ces vaisseaux aériens de la trachée artère même, elles résistent à être enlevées par l'impulsion de l'air dans les efforts de l'expectoration, et même de la toux : il est donc nécessaire d'employer des moyens qui donnent à ces humeurs la fluidité qui leur manque, en les délayant, en les atténuant au point de rendre leur excrétion ou leur expulsion faciles.

On peut remplir ces indications par des médicaments appropriés, employés sous différentes formes, comme celles de bouillons, d'aposemes, de tisanes, de juleps : mais comme aucun des remèdes ainsi composés, n'est susceptible d'être porté immédiatement dans les vaisseaux aériens des poumons, et qu'ils ne produisent leurs effets qu'en agissant comme tous les altérants, c'est-à-dire entant qu'ils sont portés dans la masse des humeurs, et qu'ils en changent les qualités ; on ne peut pas regarder ces remèdes comme expectorants proprement dits ; on ne doit donner exactement ce nom qu'à ceux, qui, étant retenus dans la bouche, dans le gosier, tels que les loochs, les tablettes, peuvent par leurs exhalaisons fournir à l'air (qui passe par ces cavités avant d'entrer dans les poumons) des particules dont il se charge, et qu'il porte immédiatement dans les cavités de ce viscère, où elles agissent par leurs différentes qualités sur les parois de ces cavités, ou sur les matières qui y sont extravasées : les vapeurs humides, émollientes, résolutives ou irritantes, portées dans les poumons, avec l'air inspiré, agissent à peu-près de la même manière pour favoriser l'expectoration.

Les autres remèdes que l'on emploie comme expectorants, en les faisant parvenir aux poumons par les voies du chyle, ne doivent être regardés comme purgatifs de ce viscère, que comme la décoction de tabac, la teinture de coloquinte (qui purgent quoique seulement appliqués extérieurement), sont placées parmi les purgatifs des intestins : on ne peut rendre raison de l'opération des remèdes qui ne servent à l'expectoration, qu'après avoir été mêlés auparavant dans la masse des humeurs, qu'en leur supposant une propriété spécifique, une analogie qui les rend plus susceptibles de développer leur action dans les glandes ou les cavités bronchiques, que dans les autres parties du corps (voyez MEDICAMENT) ; à moins que l'on ne dise que les humeurs, qui doivent faire la matière de l'expectoration, ne font que participer aux changements que les remèdes, dont il s'agit, ont opéré dans toute la masse des fluides : mais la plupart des remèdes employés comme expectorants, produisent des effets trop prompts, pour que l'on puisse les attribuer ainsi à une opération générale.

On ne doit pas confondre, ainsi qu'on le fait souvent, les remèdes béchiques avec les expectorants, attendu que ceux-là sont particulièrement destinés à calmer l'irritation, qui cause la toux, lorsqu'elle est trop violente ; qu'elle n'est pas nécessaire pour favoriser l'évacuation des matières excrémentitielles ou morbifiques des poumons ; et qu'elle ne consiste qu'en efforts inutiles et très-fatigans, occasionnés par cette irritation excessive. Les béchiques qui sont indiqués dans ce cas, ne sont pas employés pour procurer l'expectoration, mais au contraire pour corriger le vice qui excite mal-à-propos le jeu de cette fonction, puisqu'il l'excite sans l'effet pour lequel elle doit être exercée. Les béchiques, en général, agissent en incrassant, en émoussant les humeurs trop atténuées, et dont l'acrimonie piquante irrite la tunique nerveuse qui tapisse les voies de l'air dans les poumons ; au lieu que les expectorants produisent leurs effets en incisant, en divisant les mucosités pulmonaires, en irritant les vaisseaux qui en font l'excrétion, les organes qui en opèrent l'expulsion : ils sont même quelquefois employés à cette dernière fin, de manière à agir seulement aux environs de la glotte, dont la sensibilité met en jeu tous les instruments de l'expectoration laborieuse, c'est-à-dire de la toux ; dans ce cas on peut comparer les expectorants aux suppositoires : Hippocrate connaissait l'usage de cette espèce de remèdes, propres à procurer l'évacuation des matières morbifiques contenues dans les poumons. Dans le cas d'abcès de ce viscère, il conseillait, lorsque le temps critique approchait, c'est-à-dire lorsque la suppuration était achevée, d'employer du vin, du vinaigre mêlé avec du poivre, des liqueurs acres en gargarisme, des errhins et autres stimulants propres à vider l'abcès, et à en chasser la matière hors des poumons par l'expectoration.

Comme il y a des maladies bien différentes entre elles, qui exigent l'usage des expectorants, les différents médicaments que l'on emploie sous ce nom, ont des qualités plus ou moins actives ; on doit par conséquent les choisir d'après les différentes indications. Les maladies aiguës ou chroniques, avec fièvre, telles que la peripneumonie, la phtisie, ne comportent que les plus doux, ceux qui produisent leurs effets sans agiter, sans échauffer, comme les décoctions de racine de réglisse, de feuilles de bourache, le suc de celle-ci, les infusions de fleurs de sureau ; les potions huileuses avec les huiles d'amandes douces, de lin, récentes ; les dissolutions de manne, de miel, de sucre dans les décoctions ou infusions précédentes ; de blanc de baleine récent dans les bouillons gras, dans les huiles susdites, etc.

Les forts apéritifs, propres à inciser, à briser la viscosité des humeurs muqueuses, tels que sont les aposemes, les tisanes de racines apéritives, des bois sudorifiques ; les différentes préparations de soufre, d'antimoine ; diaphorétiques, etc. conviennent aux maladies chroniques, sans fièvre, comme le catarrhe, l'asthme : on trouvera sous les noms de ces différentes maladies, une énumération plus détaillée des médicaments indiqués pour chacune d'entr'elles, les différentes formes sous lesquelles on les emploie, et les précautions qu'exige leur usage dans les différents cas. On ne peut établir ici aucune règle générale, ainsi voyez TOUX, PERIPNEUMONIE, PHTHISIE, RHUME, CATARRHE, ASTHME, et autres maladies qui ont rapport à celles-ci. (d)