(Chimie) propriété de dilatation et d'expansibilité que donne le feu à tous les corps solides et liquides.

Tous les corps sur lesquels on fait des expériences, sans en excepter aucun, augmentent en volume dès qu'on les expose au feu, ils se raréfient, sans que cependant on aperçoive aucune différence dans leur poids. Il n'importe pas s'ils sont solides ou liquides, durs ou mols, légers ou pesans ; tous ceux qui sont connus jusqu'à présent, sont soumis à la même loi. Si cependant vous prenez deux corps égaux en pesanteur et en volume, mais dont l'un soit dur et l'autre liquide, vous trouverez entr'eux cette différence ; c'est que le même degré de feu dilate plus le fluide que le solide.

Pour s'assurer de la présence du feu par cet effet, il sera donc plus à-propos pour les expériences, de se servir de corps fluides, plutôt que de solides. On a observé que les liqueurs qui sont moins denses, et plus légères que les autres, sont aussi plus raréfiées, par le même degré de feu. Ainsi leur raréfaction étant plus sensible, elles sont par conséquent très-propres à indiquer les plus petites augmentations du feu, c'est ce qu'on confirme par l'expérience suivante.

Qu'on prenne une phiole chymique, dont la partie sphérique se termine en un cou cylindrique et étroit, qu'elle soit pleine d'eau jusqu'à un endroit du cou qu'on doit marquer ; qu'on la plonge dans de l'eau chaude contenue dans un vase découvert ; aussi-tôt l'eau baissera un peu au-dessous de la marque ; puis on l'apercevra monter dans le cou de la phiole au-dessus de la marque, et cela dure pendant tout le temps qu'elle acquiert de nouveaux degrés de chaleur. Si l'on retire cette phiole, et qu'on la plonge dans une autre eau plus chaude, on voit que l'eau monte encore plus haut.

Enfin, plus on l'approche du feu, et plus l'on voit que l'eau se dilate ; mais dès qu'on l'éloigne du feu, on remarque que l'eau descend peu-à-peu. Cette expérience prouve clairement que l'eau est dilatée par le feu, et qu'étant chaude, elle occupe plus d'espace que quand elle est froide, sans que son poids augmente sensiblement. Elle nous apprend encore que le verre, qui est corps solide, ne se dilate pas comme l'eau ; car quoique la phiole s'échauffe également, et même plus tôt que l'eau, elle ne peut cependant pas la contenir comme auparavant, il faut que cette eau monte dans son cou. Qu'on plonge ensuite dans la même eau chaude une autre phiole de même espèce, où l'on ait mis de l'alcohol, ou l'esprit-de-vin rectifié ; cet alcohol monte avec plus de vitesse, et sort quelquefois par l'ouverture de la phiole. Concluons de-là que l'alcohol qui est plus léger que l'eau, est aussi dilaté davantage, et plus promptement. Boerhaave, Chimie. (D.J.)