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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Chimie
S. m. pl. (Chimie) terme créé par Vanhelmont pour exprimer une vapeur invisible et incoercible qui s'élève de certaines substances, par ex. des corps doux actuellement fermentants, du charbon embrasé, du soufre brulant, du sel ammoniac auquel on applique de l'acide vitriolique ou des substances alkalines, etc. Vanhelmont a compris encore sous le nom de gas les exhalaisons produites dans des souterrains profonds, tels que les galeries des mines, ou sortant de certains creux, grottes, ou fentes de la terre, telles que la grotte du chien ; le prétendu esprit des eaux minérales ; les odeurs fortes et suffocantes ; en un mot toutes les vapeurs sur lesquelles M. Halles a fait les expériences rapportées dans son VI. chapitre de la statique des végétaux, et dans l'appendice qui termine cet ouvrage. Quelques auteurs avaient auparavant appelé ces vapeurs spiritus sylvestres, esprits sauvages.

Comme nous n'avons point de dénomination commune pour désigner ces substances, il sera commode de retenir celle de gas, et de désigner sous ce nom générique toutes les vapeurs invisibles et incoercibles qui sont capables de fixer l'air, de détruire son élasticité, ou plutôt de le dissoudre, pour parler le langage chimique, qui étant respirées par les animaux, gênent singulièrement le jeu de leurs poumons, au point même de les suffoquer quelquefois subitement, qui éteignent la flamme, qui se décelent d'ailleurs par une odeur plus ou moins fétide, et souvent en irritant les yeux jusqu'à en arracher des larmes.

Les vapeurs connues qui produisent tous ces effets, sont, outre celles dont nous avons déjà parlé, la vapeur des bougies, des chandelles, des lampes allumées, c'est-à-dire la fumée des substances huileuses brulantes ; celles de toutes les substances végétales et animales brulantes ; celles des corps pourrissants ; certains clissus ; les acides minéraux volatils, et les alkalis volatils, surtout ceux qui sont animés par la chaux.

M. Halles a pensé que le phénomène de la suffocation des animaux n'était qu'une suite de la fixation de l'air ou de la destruction de son élasticité ; c'est-à-dire qu'un animal frappé de la foudre ou placé dans une atmosphère infectée par le gas du vin ou par celui du charbon, mourait " parce que l'élasticité de l'air qui environne l'animal venant à manquer tout-d'un-coup, les poumons sont obligés de s'affaisser ; ce qui suffit pour causer une mort subite ". Statique des végétaux, traduct. franç. p. 221.

Cette explication, quoique très-séduisante par sa simplicité, ne parait pas satisfaire entièrement à toutes les circonstances qui accompagnent ce phénomène : il nous parait que la considération suivante suffit pour nous empêcher de l'admettre. Les gas suffoquent en plein air, quoique leur action soit moins énergique sur les animaux, en ce cas, que lorsqu'ils les respirent dans des lieux fermés : or comment imaginer que l'atmosphère qui environne immédiatement un animal, étant détruite ou supprimée, l'air voisin ne la répare pas soudainement ? Peut-on penser qu'un animal serait suffoqué parce qu'on établirait devant sa bouche et ses narines une espèce de pompe qui absorberait à chaque instant autant de pieds cubiques d'air qu'on voudra supposer ? Je crois que M. Rouelle est le premier qui a réfuté publiquement ce sentiment de M. Halles.

Les gas sont des êtres encore fort inconnus pour nous : nous n'avons jusqu'à-présent bien observé que les qualités génériques que nous venons de rapporter ; et vraisemblablement leur incoercibilité les soustraira encore longtemps à nos recherches.

Becher tenta inutilement de ramasser du gas de vin, en appliquant des chapiteaux armés de réfrigérant, au bondon d'un gros tonneau plein de mout actuellement fermentant : on a exposé en vain différents aimants à la bouche des latrines les plus puantes ; on n'a retenu aucun principe sensible : on sait que la nature de la mouffette de la grotte du chien s'est refusée aux fameuses expériences de M. l'abbé Nollet. Voyez EXHALAISONS, MOFFETE, CHARBON, SOUFRE, CLISSUS, FERMENTATION, PUTREFACTION, VIN, VINAIGRE.

Vanhelmont a donné encore le nom de gas à l'esprit vital, à un prétendu baume ennemi de la putréfaction, etc. mais ce n'est ici, comme on voit, qu'une expression figurée, ou qu'une chimère. (b)