CORPS, (Chimie) les Chimistes classent sous ce nom générique plusieurs sujets ou substances chimiques du règne végétal et du règne animal ; savoir du règne végétal le corps doux, le corps farineux, le corps émulsif, le mucilage, la gomme, et la substance gélatineuse des plantes cruciferes de Tournefort ; et du règne animal, la mucosité ou gelée. Voyez DOUX, Chimie, FARINE, FARINEUX, Chimie, SEMENCES EMULSIVES, GOMME, MUCILAGE, BSTANCES ANIMALESALES.

La composition chimique de ces différentes substances, n'est pas encore bien connue, parce qu'on n'a pas procédé à leur examen par l'analyse menstruelle : elles ont cependant assez de propriétés communes manifestes, pour qu'on soit en droit de les considérer comme une division naturelle de substances chimiques. Ces propriétés communes sont leur solubilité par l'eau, leur légère glutinosité, la qualité que les Médecins qui ont dès longtemps observé le corps muqueux, ont appelée molle, égale, tendre ; et Galien en particulier douce ; expression qui, expliquée selon la doctrine d'Hippocrate, ne désigne autre chose qu'un état tempéré, que la constitution intérieure d'une substance dans laquelle aucun principe irritant médicamenteux ou nuisible ne domine. Trais qualités communes plus intérieures ou plus essentielles encore, c'est 1°. la disposition qu'ont tous ces corps à fournir la nourriture propre et immédiate des animaux, voyez NOURRISSANT ; 2°. d'être le sujet spécial de la fermentation, voyez FERMENTATION ; 3°. d'être principalement, peut-être entièrement formés d'un amas de molécules organiques, voyez MOLECULES ORGANIQUES. L'analyse par la distillation à la violence du feu, tout imparfait qu'est ce moyen chimique, découvre aussi plusieurs caractères d'identité dans ces différents corps : tous donnent une quantité considérable d'eau, et plus ou moins de matière phosphorique : toutes les espèces de corps muqueux végétal (à l'exception du corps gélatineux des cruciferes) fournissent absolument les mêmes principes, et presque même quant à la quantité absolue et à la quantité proportionnelle de chacun, savoir outre les deux principes très-communs dont nous avons déjà parlé, une huîle empyreumatique et un esprit acide assez fort, empreints l'un et l'autre d'une odeur particulière que tout le monde connait dans le sucre brulé, et un charbon très-leger, très-spongieux, qui étant brulé à l'air libre ne donne qu'une petite quantité d'alkali fixe.

D'ailleurs l'analogie de toutes les espèces de corps muqueux est démontrée de la manière la plus frappante, par l'échelle ou gradation naturelle, selon laquelle ces substances sont ordonnées entr'elles. La substance gélatineuse des cruciferes est tellement intermédiaire entre les autres espèces de corps muqueux végetaux et les sucs gélatineux animaux, qu'il n'est pas facîle de définir si elle approche plus par ses qualités chimiques des premiers que des derniers. Voyez analyse végétale au mot VEGETAL ET SUBSTANCES ANIMALES. (b)