subst. m. (Chimie) Le creuset est un vaisseau de terre, dont la forme la plus ordinaire est celle d'un gobelet (voyez la Planche), qui est employé par les Chimistes pour exécuter diverses opérations qui demandent un feu violent, et des vaisseaux ouverts ou qu'on n'est pas obligé de fermer très-exactement. Les opérations qui s'exécutent dans les creusets ordinaires, sont la fusion et la calcination des sels, la fixation du nitre par différentes matières, la fusion, la calcination, la réduction, la cementation et l'alliage des substances métalliques, la vitrification de leurs chaux, la préparation des régules, la combinaison du soufre avec les substances alkalines, la formation du soufre artificiel, la fusion des terres et des pierres, etc.

Les creusets employés dans quelques arts chimiques, qui s'occupent de quelqu'une des opérations que nous venons d'indiquer, sont des creusets de cette espèce ; tels sont les creusets des Verreries, ceux dont on se sert pour la préparation du cuivre jaune, etc. Voyez VERRERIE et CUIVRE JAUNE.

On donne des formes particulières aux creusets qu'on emploie dans les essais des mines, et qu'on appele, à cause de cet usage, creusets d'essai. Voyez ESSAI.

Les qualités essentielles d'un bon creuset, sont celles-ci : il doit résister au plus grand feu sans se casser et sans se fendre ; il ne doit rien fournir aux matières que l'on traite dedans ; et enfin il ne doit pas être pénétré par ces matières, et les laisser échapper à-travers ses pores, ou à-travers des trous sensibles qu'elles se pratiquent dans leurs parois et dans leur fond.

La matière la plus propre à former des creusets qui réunissent dans le plus grand nombre de cas les trois conditions que nous venons d'assigner, est une excellente terre glaise, purifiée de toute terre calcaire, et mêlée d'un peu de sable. Cette matière étant bien préparée, et cuite avec soin, prend une dureté considérable, et ses parties se lient par une sorte de demi-vitrification.

La terre cuite réduite en poudre, celle des fragments de vieux creusets, par exemple, mêlée à de la bonne argille, fournit un mélange très-propre à donner de bons creusets.

Mais ce n'est proprement qu'à l'expérience aveugle et au tatonnement qu'on doit les meilleurs creusets qu'on emploie dans les laboratoires, et ce n'est presque que par ce moyen que l'on peut encore raisonnablement tenter de les perfectionner.

On prévient facilement l'inconvénient qui pourrait dépendre de ce qu'un creuset serait sujet à casser ou à se fendre, en l'échauffant et le laissant réfroidir avec précaution ; ce n'est que dans un petit nombre de cas qu'il peut nuire, comme fournissant quelque principe aux matières qu'il contient (je ne connais guère de changement essentiel observé qui dépende de cette cause, que la réduction du plomb opérée par la craie dans une expérience de M. Pott, d'après laquelle cet habîle chimiste a condamné la prétention de quelques auteurs qui avaient écrit, qu'un morceau de craie creux, était un excellent creuset pour tenir en fonte le verre de plomb) ; mais le grand défaut des creusets ordinaires, c'est d'être entamés, pénétrés, et percés par certaines substances, entre lesquelles le sel marin, l'alkali fixe ordinaire, et le verre de plomb sont les plus connues ; en sorte que tenir longtemps le sel marin, le sel de tartre, et le verre de plomb en fonte, c'est-là l'éloge éminent pour un creuset.

Les creusets d'Allemagne, et surtout ceux de Hesse, ont été longtemps fameux parmi les Chimistes de toutes les nations ; nous ne nous en servons presque plus en France, parce que nous en avons de meilleurs. Les creusets ordinaires des fournalistes de Paris sont généralement bons pour toutes les opérations ordinaires ; mais ils ne tiennent pas longtemps les sels et les verres de plomb, épreuve que les creusets d'Allemagne ne soutiennent pas non plus. Les meilleurs creusets d'Allemagne n'ont pu résister à certains mélanges très-fusibles, que M. Pott a traité dans ces vaisseaux (voyez la Lithogeognosie) ; il y a apparence que les nôtres ne seraient pas plus propres aux mêmes expériences.

M. Rouelle a éprouvé depuis quelques années, que les petits pots de grais dans lesquels on porte à Paris le beurre de Bretagne, et qu'on trouve chez tous les Potiers sous le nom de pots à beurre, étaient les plus excellents creusets qu'on put employer, et qu'ils pouvaient remplir les désirs de plusieurs chimistes, qui ayant des prétentions sur le verre de plomb, se sont plaints de n'avoir point de vaisseaux qui le pussent longtemps tenir en fonte. Voyez PLOMB.

Quelques chimistes ont employé des creusets doubles, c'est-à-dire, un creuset emboité juste dans un autre creuset, pour exposer à un feu longtemps continué des mélanges difficiles à contenir ; M. Pott a eu recours avec succès à cet expédient. Voyez la Lithogeognosie.

On fait une espèce de descensum en plaçant l'un sur l'autre deux creusets, dont le supérieur a le fond percé de plusieurs trous, et adapté exactement à l'ouverture de l'inférieur ; cet appareil est principalement employé à retirer l'antimoine de sa mine. Voyez ANTIMOINE, DISTILLATION et DESCENSUM.

On se sert très-commodément d'un creuset comme d'une capsule à bain de sable, dans plusieurs opérations, par exemple, dans la sublimation en petit. Voyez SUBLIMATION. (b)

CREUSET, c'est une partie du fourneau des grosses forges. Voyez GROSSES FORGES.