(TERRE ou PIERRE) Histoire naturelle et Chim. L'on nomme ainsi les terres ou pierres qui exposées à l'action d'un feu convenable, se réduisent en poudre ou en chaux, ou qui sont disposées par le feu à prendre cette forme. M. Pott, savant chimiste, qui dans son excellent traité de la Lithogéognosie, a fait un examen tout particulier des différentes espèces de terres et pierres, distingue absolument la terre calcaire de la terre gypseuse, avec laquelle cependant presque tous les auteurs la confondent. Suivant ce savant naturaliste, les caractères distinctifs de la vraie terre ou pierre calcaire, sont de ne point prendre corps lorsqu'elle a été mise en dissolution dans l'eau, sans le secours d'une substance intermédiaire, comme le sable, le ciment, etc. et de se dissoudre dans les acides. On peut même dire en général que toute terre qui ne se dissout point dans l'eau-forte, ne doit point être appelée une terre calcaire. Le même auteur nomme aussi cette espèce de terre, alkaline : en effet, elle a toutes les propriétés des alkalis. Elle fait effervescence dans tous les acides ; elle s'y dissout, et peut être précipitée par les sels alkalis.

Lorsque la terre ou pierre calcaire a éprouvé l'action du feu, elle est encore plus disposée à se dissoudre dans les acides ; elle attire pour lors l'humidité de l'air, et fait effervescence même dans l'eau commune : c'est ce que nous voyons tous les jours dans la chaux vive.

Les principales espèces du genre des calcaires sont la craie, le marbre, une espèce de spath, que M. Pott nomme alkalin ; la marne, le lapis judaicus, la pierre de lynx, la pierre à ciment, la terre d'Angleterre, la terre d'alun, le corail, les cendres lessivées, le lapis spongiae, les os des animaux, et toutes les coquilles calcinées ; on la trouve aussi dans quelques ardoises, dans l'argille, le limon, l'ostéocolle, etc. et dans un grand nombre de corps qui ne diffèrent entr'eux que par des choses qui leur sont accidentelles.

C'est la terre calcaire qui fait la base des os des animaux, où elle se trouve liée par une espèce de gluten qui leur donne la consistance nécessaire. C'est ce même gluten ou lien qui met aussi toute la différence que nous remarquons entre les substances du genre des calcaires, comme entre la craie et le marbre, la pierre à chaux et la marne, etc. différence qui ne s'y trouve plus lorsque le gluten a été chassé par l'action du feu. C'est aussi ce lien qui empêche quelquefois les acides d'agir sur les terres calcaires, comme on peut le voir dans la pierre à chaux, qui ne se dissout point dans l'eau avant d'avoir été brulée, et dans l'eau-forte qui n'agit point sur l'ivoire, quoiqu'il ait été calciné, parce que l'action du feu n'a pu entiérement détruire le gluten qui y lie la terre calcaire.

Les terres calcaires ne peuvent point se vitrifier, ni se mettre en fusion toutes seules et sans addition, quelque violent que soit le feu qu'on y emploie. Pour produire cet effet, il faut y joindre une bonne quantité de sel alkali. Cette terre s'unit assez bien aux matières déjà vitrifiées, sans leur ôter leur transparence, pourvu qu'elle n'y soit mêlée qu'en très-petite quantité.

Le savant M. Henckel explique comment nous voyons que plusieurs eaux minérales et sources d'eau chaude participent aux propriétés de la chaux : c'est, selon lui, parce que les terres ou pierre calcaire pardessus lesquelles ces eaux viennent à passer, sont brulées et tournées en chaux par l'action du feu caché dans les entrailles de la terre, et par-là disposées à se dissoudre dans ces eaux, à les échauffer, et à leur communiquer leurs vertus et leurs propriétés.

De toutes les qualités de la terre calcaire, ne pourrait-on point conclure, 1°. que c'est par sa facîle dissolution dans les acides qu'elle devient propre à passer avec eux dans tous les corps organisés de la nature ; 2°. que par la propriété que la terre calcaire a de favoriser la dissolution des soufres et des sels par les acides, elle développe les organes des corps, et les rend visibles en se mêlant à eux ; 3°. que par la faculté qu'elle a d'attirer l'humidité de l'air, et d'en être réciproquement attirée, elle produit l'élévation et l'accroissement des corps. Ce sont-là des conséquences naturelles des propriétés de la terre calcaire, dont il faut laisser l'examen aux Chimistes, à qui des expériences exactes feront connaître si ces conjectures sont bien ou mal fondées. (-)