(Docimasie, Chimie) sorte de vaisseau dont se servent les Chimistes pour purifier l'or et l'argent des différents métaux avec lesquels ils peuvent être alliés.

La coupelle est faite d'une matière qui a la propriété de tenir en fusion tous les métaux parfaits et imparfaits tant qu'ils conservent leur état métallique, et de les absorber ou de les boire, pour se servir du terme de l'art, dès qu'ils sont vitrifiés.

Or tous les métaux, excepté l'or et l'argent, se vitrifiant très-aisément avec le plomb que l'on emploie à cet effet, le fondement de l'opération que l'on exécute par le moyen des coupelles est très-évident. Voyez ESSAI et AFFINAGE.

Pour faire des coupelles, il faut choisir une matière qui résiste au feu le plus violent sans se fondre, et qui ne se vitrifie pas facilement avec le corps vitrescible, par exemple avec le verre de plomb ; il faut que cette matière ait assez de cohésion, et qu'elle fasse une masse poreuse.

On a trouvé que la terre qui reste après la combustion des os de tous les animaux, à l'exception de quelques-uns qui sont moins propres que les autres, était ce qu'il y avait de mieux pour cet usage. La terre que l'on retire des végétaux brulés n'est pas moins bonne, et on fait de très-excellentes coupelles avec le spath. M. Stahl indique même que l'on en pourrait faire de fort bonnes avec la chaux. Voyez CENDREE.

Les cendres d'os et celles de bois étant préparées comme il a été exposé au mot CENDREE, Schlutter veut qu'on prenne pour les coupelles communes trois parties de cendres de bois et une partie de cendres d'os. Si on veut les faire meilleures, dit-il, il faut deux parties des premières et une partie des autres ; on les mêle bien ensemble, en les humectant avec autant d'eau claire qu'il en faut pour qu'elles puissent se peloter sans s'attacher aux mains ; alors on en fait des coupelles de telle grandeur qu'on veut. Il faut pour cela prendre la partie inférieure du moule, la remplir de cendres que l'on presse avec la main ; on retranche avec un couteau les cendres qui excédent le moule, puis on pose la partie supérieure du moule sur son inférieure, et l'on frappe dessus d'abord à petits coups, jusqu'à ce qu'on soit sur qu'elles se rencontrent exactement ; ensuite on frappe trois coups forts avec le marteau ou maillet de bois : qui, selon quelques-uns, doit être du même poids que les deux moules ensemble. Il faut que le moule inférieur soit posé sur un gros billot fort stable, et qui n'ait point de ressort, sans quoi les coupelles seraient sujettes à se refendre horizontalement. Ce moule inférieur qui reçoit les cendres se nomme en Allemagne la nonne : le supérieur qui forme le creux arrondi de la coupelle s'appelle le moine. Après qu'on a retiré ce moule supérieur, on met sur la coupelle une couche très-mince de claire (voyez CLAIRE), en la saupoudrant à-travers un petit tamis de soie ; on l'y étend uniment avec le petit doigt, ensuite on y replace le moine qu'on a bien essuyé, et l'on frappe dessus deux ou trois petits coups : cela étant fait, on presse le fond de la coupelle qui est encore dans le moule sur un morceau de drap attaché exprès sur le billot, où l'on travaille ce qui la détache ; on la renverse sur la main gauche pour la poser sur la planche ou sur l'ardoise où elle doit sécher : on continue ainsi jusqu'à ce qu'on en ait fait la quantité que l'on souhaite. Il est bon de faire observer qu'avant de les mettre sous la moufle, il faut qu'elles aient été séchées exactement à l'air.

On fait aisément avec les cendres de bois seules, ou avec les mélanges précédents, des coupelles assez grandes pour passer jusqu'à deux onces de plomb : mais si on les voulait beaucoup plus grandes, il faudrait avoir des cercles de fer de différents diamètres, et de hauteur proportionnée à la quantité de cendres dont on a besoin pour passer depuis trois onces jusqu'à un marc de plomb. On les remplit exactement de cendres de bois seules, ou d'un mélange de parties égales de ces cendres et de chaux d'os exactement mêlées et humectées, jusqu'à ce qu'elles se pelotent en les pressant sans s'attacher aux doigts : on pose le cercle de fer sur une pierre plate, unie, et qui soit très-stable ; on frappe les cendres avec un moule en demi-sphère, si le cercle de fer n'a que trois ou quatre pouces de diamètre ; mais s'il est plus grand, on les bat verticalement avec un pilon de fer arrondi, jusqu'à ce qu'elles aient acquis assez de fermeté pour que le doigt n'y fasse aucune impression ; ensuite avec un couteau courbé on y forme un creux en section de sphère, et on le perfectionne avec une boule d'ivoire. On ne retire point les cendres de ce cercle de fer comme des moules de cuivre précédents ; mais après qu'elles sont exactement seches, on le met sous la moufle avec les cendres qu'il contient.

Quand on fait des coupelles de cendres de bois seules, il faut y joindre quelque chose de glutineux, sans quoi elles conservent fort difficilement la forme que le moule leur a donnée. Les uns y mêlent de l'eau gommée, d'autres du blanc d'œuf battu dans beaucoup d'eau, d'autres un peu de terre glaise ; mais ce qui m'a paru réussir le mieux, c'est d'humecter les cendres avec de la bière, jusqu'à ce qu'en les pressant elles se pelotent sans s'attacher aux doigts. D'autres y ajoutent un peu de terre glaise purifiée par le lavage, et séchée. Quant à moi, après avoir essayé tous les mélanges décrits par les auteurs, je m'en suis tenu à faire mes coupelles de cendres d'os de veau et d'os de mouton lavées et calcinées deux fais, puis porphyrisées à sec en poudre impalpable ; par-là je ne suis point obligé d'y mettre de claire pour en boucher les pores : quoiqu'elles paraissent à la vue très-compactes, l'essai y passe aussi vite que dans les coupelles faites de cendres d'os simplement passées au tamis de soie : elles boivent beaucoup moins de fin que ces dernières. M. Cramer préfère les coupelles de chaux d'os à celles de cendres de bois ; l'essai, dit-il, dure plus longtemps, mais il se fait avec plus d'exactitude. Le plomb vitrifié avec l'alliage, pénètre lentement la matière compacte des cendres d'os. Mais de ce léger inconvénient il résulte un avantage ; c'est qu'il n'est point à craindre que la coupelle s'amollisse au feu, et y devienne rare et spongieuse, ni qu'elle boive autant de fin que les coupelles de cendres des végétaux. Il est vrai qu'il faut gouverner le feu du fourneau autrement qu'avec ces dernières. De plus, les coupelles d'os, ainsi que celles qui sont faites avec un spath bien choisi, n'ont presque pas besoin d'être recuites sous la moufle ; et comme on n'emploie que de l'eau pour les humecter, on n'a pas à craindre, comme dans celles qui sont faites de cendres humectées de bière ou de blanc d'œuf, un phlogistique ressuscitant la litarge en plomb à mesure qu'elle entre dans le corps de la coupelle. (Schlutter publié par M. Hellot.)

Il y a plusieurs espèces de spath qui sont très-propres à faire d'excellentes coupelles, et même meilleures que celles dont nous venons de parler ; mais parce que tout spath n'est pas propre à ce dessein, il faut, selon M. Cramer, avant que de le préparer, essayer si celui dont on Ve se servir, est de la bonne espèce, ou non : pour cela on en fait calciner une petite quantité dans un vaisseau fermé, à un feu médiocre : il se fait une légère décrépitation qui, lorsqu'elle cesse, annonce que la calcination est achevée : on retire le creuset du feu, et on trouve le spath raréfié, et devenu si friable, qu'il peut très-facilement être réduit en une poudre très-subtile. On formera avec cette poudre humectée d'une dissolution de vitriol, une coupelle dont on se servira pour faire un essai, par lequel on s'assurera que le spath dont on s'est servi, est de la bonne espèce ; et pour lors on pourra en préparer une quantité suffisante pour faire des coupelles de toutes sortes de grandeurs, qui auront les mêmes avantages que celles qui sont faites d'os, et qui même, selon M. Cramer, leur sont préférables.

M. Stahl dit avoir essayé de faire des coupelles avec l'ardoise ordinaire dont on couvre les maisons, avec la craie, avec le gyps ; et il ajoute qu'il a observé divers phénomènes qu'il ne détaille pas, et qu'il abandonne aux curieux. Voyez Stahl. opuscul. pag. 824. (b)