S. m. terme de Pêche, usité dans le ressort de l'amirauté de Coutances, espèce de bouteux ayant de même un manche ou perche que le pêcheur tient, et une traverse de bois sur laquelle le haut ou le devant du ret est amarré ; le manche qui a 6 à 7 pieds de hauteur croise aux deux tiers de la traverse qui a la même longueur que le manche ; le ret est formé de fil aussi fin que le moyen fil à coudre ; le dessous du filet est arrêté sur les bouts de la traverse et sur une petite corde qui Ve joindre le bout du manche, dont l'extrémité se relève en bec de corbin ; en sorte que dans la manœuvre de la pêche, quand celui qui s'en sert avance, le filet tombe sur ses pieds.

La partie du filet attachée à la traverse est formée de larges mailles d'un fil plus gros, ces mailles peuvent avoir environ 3 pouces en carré, les petites mailles ont au plus 3 à 4 lignes, et sont du même échantillon des plus petites mailles à sardines.

Cette pêche se pratique avec succès aux embouchures des rivières qui ont un fonds de sable ; le pêcheur s'y met à l'eau souvent jusqu'au col, il tient son savre bien plus droit que ceux qui poussent devant lui le bouteux qui émeut le sable de l'épaisseur de plus d'un pouce ; ainsi le manche du savre coule seulement sur la superficie du sable, en quoi il est aidé par le bout du manche en bec de corbin, qui l'empêche de piquer et de s'enfoncer.

Ceux qui pêchent vont aval de l'eau de marée montante, et ils se retirent avec le flux en marchant et foulant des pieds le fond ; ils émouvent et font saillir le lançon hors des sables où il se tient pour fuir, et alors le poisson trouve le ret où il se maille et reste pris.

Cette pêche que font également les hommes, femmes et filles, commence à cette côte ordinairement vers la S. Jean, et finit avec le mois de Septembre, parce que les lançons quittent la côte à l'approche des premiers froids.

Le temps le plus avantageux pour faire cette pêche avec cette sorte d'instrument, est la nuit, quand il y a du poisson à la côte : en quelque nombre que soient les lançons, il s'en prend ordinairement très-peu durant le jour, parce que le soleil et l'éclat de la lumière les font ensabler.

Ainsi par le détail que nous venons de faire, cette sorte de pêche ne peut causer aucun tort, elle est aussi toute différente de celle que pratiquent pour prendre le même poisson les pêcheurs de Cabours avec leurs havenets, et ceux d'Oystrehan et de Gray avec la seinette, et ceux de Barfleur avec leurs savres qui sont de véritables seines ; l'usage du savre des pêcheurs de Coutances est bien plus innocent, parce qu'avec ce filet le pêcheur ne peut prendre uniquement que des lançons, et qu'on n'émouve point l'eau et les fonds en les battant de perches, comme font les autres pêcheurs. Les lançons pris dans le savre y sont arrêtés de la même manière que les sardines se maillent dans les rets dérivants.