S. m. (Pêche) terme usité dans le ressort de l'amirauté de la Rochelle. Ceux qui font la pêche avec ce ret l'établissent autrement à la mer que dans la gironde ; le chaloupe est sans voîle ; son côté en-travers ; affourchée sur deux ancres ; le ret à stribord sur le mât ; le reste de la manœuvre comme aux autres bateaux pêcheurs. Si les traversiers sont pris de calme, et qu'ils veuillent pêcher au haveneau, ils mettent hors leurs acons et placent sur l'arrière leur filet, comme aux félardières de la Garonne : trois sont dans l'accon, deux rament et refoulent la marée. Le poisson en est déterminé à se porter vers le haveneau ; ce ret a ses mailles de quinze lignes en carré ; cette pêche peut donner beaucoup sans nuire ; la marée tenant toujours les mailles du ret ouvertes et tendues, le petit poisson peut s'en échapper sans peine. D'ailleurs comme on le relève dans l'eau, le pêcheur est maître de rejeter à la mer ce qu'il ne veut pas garder. Voyez ce ret dans nos Planches de Pêche.

La félardière, sorte de bateau, en usage sur la Garonne, et qui peut tenir la mer, sert à la pêche au haveneau pour les chevrettes, les fantes et les pucelles. Les grandes félardières vont de beau temps jusqu'à la Rochelle ; elles ont vingt pieds de l'étrave à l'étambor, quinze à seize pieds de quille, deux pieds et demi sur quille jusqu'à la lisse ; au milieu six pieds et demi de large ; l'étrave haut ; trois varangues ; les bords faits communément de six planches à clin ; le mât au tiers ; une voîle en langue ; quelquefois un second mât à levant ; jamais deux voiles, ni bannettes, ni étaines.

Dans la pêche, on ôte le gouvernail qui ferait plomber l'étambor par son poids. Le pêcheur doit veiller sans-cesse au danger de couler bas, et avoir un hachoir tout prêt pour couper le câble au moindre mouvement de la félardière.

Le haveneau de Garonne est le même instrument que celui dont se servent à pied les pêcheurs bas-normants, à la grandeur près.

La pêche des chevrettes qui se fait à ce filet, ne dure que pendant les chaleurs de Juillet, Aout, et Septembre ; passé ce temps, les Pêcheurs continuent au haveneau à plus grandes mailles la pêche des muges, mulets, gustes et gats.

Il y a à la félardière une petite poutre appelée barioste, d'environ dix pieds de haut, sur laquelle sont placées les deux barres de l'haveneau ; ces barres faites de petits sapins ronds, d'environ vingt pieds de long, plus menus par le bas que par le haut, se croisent et sont arrêtées par une cheville de fer ; une traverse de bois les tient écartées. Au bout des barres, il y a une autre traverse de corde à laquelle la pêche ou le sac du haveneau est amarré. Il est aussi frappé sur les deux côtés des perches jusqu'auprès de l'étambor, lieu où correspond le fond de la pêche dont les mailles les plus larges sont à l'avant, d'où elles vont en diminuant jusqu'au fond qui est contenu par une corde lâche à oeillet que le pêcheur passe dans les chevilles qui attachent la barre à la félardière ; ces chevilles ont chacune environ dixhuit à vingt pouces de hauteur.

Un seul homme dans une félardière peut faire la pêche ; pour cet effet, il jette son ancre ou petit grappin : le cablot amarré à stribord a vingt à vingt-cinq brasses de long ; et à dix brasses près de la félardière, est frappée sur le cablot une traversière de dix brasses, amarrée à bas-bord ; l'étambor est exposé à la marée ; et comme les barres du filet sont disposées sur la barcote de manière que le haveneau est suspendu en équilibre, le pêcheur le plonge sans peine ; il n'entre dans l'eau que de quatre pieds au plus ; le flot porte rapidement vers le sac les chevrettes et le frais.

On ne relève guère pendant une marée que deux ou trois fais, surtout quand on pêche de flot.

Si la pêche se continue de jusan, on revire de bord ; on relève en pesant sur les barres ; les barres levées, on les arrête avec un petit cordage placé à cet effet ; alors le pêcheur ramasse dans un coin de la poche ce qu'il a pris, et le transporte dans un panier ou banastre.

Les Pêcheurs se placent toujours plusieurs les uns à côté des autres, sur une même ligne, afin de s'entre-secourir au besoin, et surtout pour se tenir éveillés. Le moindre choc imprévu fait tourner la félardière ; chaque félardière de pêcheur n'est guère éloignée de sa voisine que de deux brasses.

Les félardières qui pêchent la chevrette ne se soutiennent pas si facilement à la marée, que celles qui pêchent les mulets, parce que les lacs de haveneaux à chevrettes étant plus serrés font culer davantage et plomber à l'arrière.

Les mailles des haveneaux de quelques endroits sont de sept lignes en carré aux côtés et à la tête, et diminuent successivement jusqu'à trois lignes qu'elles ont à peine vers le fond du sac. Voyez nos Planches de Pêche.

Voilà pour les haveneaux à chevrettes ; ceux à mulets sont plus grands ; ils servent à la pêche des mulets, surmulets et autres poissons qui entrent dans les rivières. Ils ont la maille de neuf lignes en carré ; la pêche avec ces rets se fait toute l'année tant de jour que de nuit ; les Pêcheurs s'assemblent en assez grand nombre pour barrer la rivière ; le sac de l'haveneau a quatre brasses de largeur, et autant de profondeur. Les Pêcheurs s'établissent, comme nous l'avons décrit ci-dessus ; mais ils risquent moins, par la facilité qu'ils ont à manœuvrer leur ret, quoique plus grand étant moins pesant, et la largeur des mailles opposant à l'eau moins de surface et de résistance.

Lorsque la pêche des chevrettes finit, celle des mulets et surmulets commence ; elle ne se fait que de marée montante ou descendante ; les temps de gros vents y sont favorables ; le ret ne plonge dans l'eau que de deux pieds ; le pêcheur a toujours la main sur les barres du haveneau ; s'il manquait de relever au moindre mouvement, le poisson rebrousserait chemin. Il n'en est pas ainsi des esquires ou chevrettes ; quand elles sont dans le sac, elles y restent.