S. f. (Médecine) maladie soporeuse qui saisit tout-d'un-coup le malade, le fait rester dans la situation où il était au moment de l'accès, et lui fait perdre le sentiment et le mouvement, quoique la respiration subsiste ainsi que le battement des artères, qui à la vérité sont moins forts que dans l'état naturel. Il arrive alors une cessation de mouvement du sang contenu dans les artères du cerveau, et du fluide nerveux, dont la secrétion se fait dans les glandes de cette partie, sans que ce mouvement soit intercepté dans le cervelet : c'est pourquoi les fonctions qui ne dépendent pas de la volonté sont exécutées, pendant que celles qui y sont soumises sont suspendues. On trouve par le dissection des cadavres de ceux qui sont morts de cette maladie, que les vaisseaux tant artériels que veineux du cerveau, sont remplis d'un sang épais et grossier qui y est engorgé. En conséquence de cet engorgement, les esprits animaux ne se séparent pas pour passer dans les filets de nerfs qui partent du cerveau, et produire le mouvement musculaire, ce qui est si vrai, que le malade reste dans la situation où on l'a mis, si on lui lève un bras sur la tête, ce bras demeure immobîle à cet endroit ; si l'on élève une paupière, elle ne s'abaisse point d'elle-même ; enfin si l'on lui fait fléchir un doigt ou plusieurs, ils restent fléchis jusqu'à ce que l'on prenne soin de les étendre. On peut voir à l'article ASSOUPISSEMENT deux observations sur cette maladie, tirées des mém. de l'acad.

Cette maladie a plusieurs causes, la mélancholie portée au dernier degré, toutes sortes d'affections vives de l'âme, surtout lorsqu'elles sont subites, comme la perte inopinée d'une personne chère, d'un procès, etc. Les méditations profondes et continuées longtemps sur un même sujet, un travail forcé dans le cabinet, etc. sont aussi quelquefois cause de cette maladie, surtout lorsqu'on ne prend pas de nourriture convenable et proportionnée à la déperdition de substance. Les indications que l'on a à remplir pour parvenir à la guérison de cette maladie, sont de tirer le malade de cette affection soporeuse par quelque chose qui puisse l'affecter vivement, telle que le son d'une cloche, le bruit d'un canon, l'odeur des sels volatils et pénétrants. Si ces moyens ne suffisent pas, il faut employer les vésicatoires, les scarifications, et autres opérations semblables, qui puissent exciter quelque douleur ; et selon Boerhaave, rien de mieux que de procurer au moyen des sternutatoires une hémorrhagie abondante par les narines ou par les hémorrhoïdes, au moyen de l'application des sangsues, jointe à un régime humectant, aux vomitifs, etc. Voyez ASSOUPISSEMENT. (N)