S. f. en Médecine et en Chirurgie, c'est ce que l'on appelle saignée, c'est-à-dire l'art ou l'opération de tirer du sang. Voyez SANG.

Ce mot est composé du grec , et , couper.

La phlébotomie est une espèce d'évacuation de la plus grande importance en Médecine ; sur ce que nous allons dire, on peut prendre une idée de ses effets avec la raison de ses usages.

Il est évident que le sang poussé hors du cœur, en frappant sur le sang qui le précéde, et le chassant en avant, lui communique une partie de son propre mouvement ; et qu'ainsi ce mouvement en est ralenti d'autant ; par conséquent si l'on tire du sang de la veine basilique du bras droit, celui qui lui succede, ou celui qui est porté par l'artère axillaire ou la sous-clavière droite, sera moins embarrassé dans son mouvement qu'il ne l'était auparavant que cette veine fût ouverte ; car une partie du sang étant ôtée par l'ouverture de cette veine, il en reste une moindre quantité dans la veine axillaire, ou bien il y a moins de sang contenu entre l'extrémité la plus éloignée de l'artère axillaire et le cœur, qu'il n'y en avait auparavant ; c'est pourquoi en faisant sortir le sang par la veine, ce qui en reste dans l'artère sera moins embarrassé dans son mouvement qu'avant cette ouverture. Voyez POULS.

Ainsi le sang de cette artère qui communique avec la veine qui est ouverte, coulera avec plus de vitesse après cette ouverture qu'il ne faisait auparavant ; par conséquent, lorsque le sang sort par la veine du bras, celui qui est poussé du cœur dans l'aorte trouve moins de résistance dans le tronc ascendant que dans le tronc descendant, il coulera donc plus vite dans l'ascendant que dans le descendant ; et par conséquent aussi, il trouvera moins de résistance dans l'artère sous-clavière droite, que dans la gauche.

Enfin il parait de-là, qu'après avoir tiré du sang d'une veine du bras droit, celui qui reste dans l'artère axillaire droite coulera avec une plus grande vitesse dans l'artère de ce bras qui lui est contigu, que par l'artère thorachique ou la scapulaire droite, qui lui est aussi contiguè ; parce que quand on ne suppose pas que le sang est tiré de quelque veine correspondante à l'artère thorachique, ou dans laquelle cette artère se décharge, il y a à proportion un plus grand obstacle au mouvement du sang dans l'artère thorachique, que dans celle du bras ; mais comme la vitesse du sang dans l'artère sous-clavière ou dans l'axillaire droite, est plus grande que dans la gauche ; la vitesse dans l'artère thorachique droite sera aussi plus grande que dans l'artère thorachique gauche. D'où il est clair qu'en tirant du sang par une veine du bras droit, la plus grande vitesse du sang restant sera dans l'artère de ce bras ; à cause qu'il décharge son sang immédiatement dans la veine qui est ouverte ; et la plus grande vitesse après celle-ci, se trouvera dans l'artère thorachique ou la scapulaire du même côté, qui sort de l'artère axillaire ; mais la vitesse du sang sera beaucoup moindre dans l'artère brachiale, axillaire et thorachique, du côté gauche et opposé, et la moindre de toutes dans les artères qui viennent du tronc descendant de l'aorte.

Sur ces principes, on peut aisément inférer ce qu'il faut faire dans plusieurs circonstances de la saignée : par exemple, si l'on veut empêcher le progrès de quelqu'humeur provenante d'un sang stagnant dans la jambe gauche, ou si l'on veut parvenir à faire couler dans cette jambe en un espace de temps donné quelconque, une aussi petite quantité de sang qu'il est possible ; on doit premièrement tirer du sang par le bras ou la jambe du côté droit ; car c'est là le véritable moyen de faire ce que l'on appelle révulsion.

De plus, si l'on tire du sang du même côté, et par quelque veine qui reçoit le sang d'une branche de ce tronc qui le transmet à la partie enflée, on occasionnera une plus grande dérivation de sang à ce membre.

Quant à ce qui regarde toute la constitution du corps, dans tous les cas où le sang coule avec lenteur, ou quand il est visqueux, s'il y a encore assez de force et d'élasticité dans les solides ; la phlébotomie fera circuler plus vite le sang qui reste, le rendra plus coulant et plus chaud ; mais dans une pléthore qui vient de débauche et d'une trop grande quantité d'aliments spiritueux, ou d'une diminution de transpiration, dans laquelle cependant le sang conserve sa fluidité naturelle ; la phlébotomie fera circuler le reste de la masse plus lentement et le rafraichira.

Dans le premier cas une diminution de résistance dans les vaisseaux sanguins, augmentera les puissances contractives de ces vaisseaux, elle les fera battre plus vite et fera circuler avec plus de rapidité les humeurs qu'ils contiennent ; mais dans le dernier cas, une diminution de la quantité d'un sang spiritueux fera aussi diminuer la quantité d'esprits, dont la sécrétion se fait dans le cerveau, il s'ensuivra que le cœur et les artères ne se contracteront plus si souvent, ni si fortement qu'auparavant ; ainsi le sang circulera plus doucement et deviendra plus frais. Voyez COEUR et ARTERE, et voilà les principes sur lesquels roule toute la doctrine de la saignée. Voyez ÉVACUATION, DERIVATION et REVULSION.

Pour la manière de faire la phlébotomie. Voyez SAIGNEE.