subst. f. (Médecine) rétention des excréments causée par leur secheresse et par leur dureté. Ces qualités des excréments dépendent d'une diminution considérable de l'excrétion des humeurs intestinales, qui dans l'état naturel les humectent, les ramollissent, et facilitent ainsi leur expulsion.

La constipation suppose aussi ordinairement les gros intestins disposés à pomper et à absorber toute l'humidité des excréments, à les essuyer parfaitement, souvent même malgré une boisson abondante.

La constipation est l'affection exactement contraire à la diarrhée. Voyez DIARRHEE.

Les gens vigoureux et actifs, les paysans et les ouvriers occupés d'exercices violents, sont ordinairement constipés, surtout dans les temps chauds. La constipation est aussi commune chez les vieillards. Quoique la complexion des femmes soit faible, c'est-à-dire lâche, laxa, et humide, et qu'elles aient par conséquent le ventre très-lâche, laxa alvus, comme les enfants, on trouve cependant beaucoup de femmes constipées ; presque toutes les vaporeuses ont le ventre resserré ; la plupart des mélancoliques des deux sexes sont dans le même cas. En général la constipation peut être regardée comme un symptôme presque concomitant de l'affection mélancolique et de l'hystérique. Voyez passion hystérique et affection mélancolique aux mots HYSTERIQUE et MELANCOLIQUE.

Le mouvement des voitures à roues et celui du cheval disposent ordinairement à la constipation.

La constipation n'est pas toujours maladive ; elle l'est même rarement par elle-même, malgré le préjugé vulgaire ou la manie presque générale d'avoir le ventre libre, et même d'éprouver ce qu'on appelle des bénéfices de nature. Les vieillards, par exemple, ne se portent bien communément qu'autant qu'ils sont constipés, quoiqu'il soit très-ordinaire de les entendre se plaindre de la secheresse et de la paucité de leurs excréments, comme d'un mal réel. On voit assez communément aussi des personnes qui ne vont à la selle que tous les cinq ou six jours, quelquefois même plus rarement, et qui jouissent néanmoins d'une parfaite santé. Il faut donc soigneusement distinguer la constipation habituelle, saine ou naturelle, de la constipation contre nature ou maladive.

Cette dernière même n'est qu'une incommodité qu'on désigne dans le langage ordinaire par le mot d'échauffement. Les premiers accidents par lesquels la constipation devient incommodité, sont ce qu'on appelle des feux, des vapeurs ou des bouffées de chaleur, qu'on sent au visage et aux autres parties de la tête, et qui sont quelquefois accompagnés d'étourdissements et de pesanteur de tête, de migraine, de rougeur aux yeux, d'éblouissements plus ou moins fréquents, etc.

Les remèdes ordinaires dans la constipation sont les lavements d'eau commune, auxquels on peut ajouter une ou deux cuillerées d'huîle d'olive ou d'huîle d'amandes douces, les lavements avec le lait, ceux qui sont préparés avec les décoctions émollientes ordinaires ; les purgatifs legers, comme la casse, la manne, la décoction de tamarin ; les sels purgatifs doux, comme le sel végétal, le sel de seignette, le sel de Glauber ; les eaux minérales légèrement purgatives, et l'eau commune même prise à jeun et à grande dose ; le lait, le petit-lait, les émulsions, etc. en un mot tous les laxatifs et purgatifs doux. Voyez LAXATIF. Il faut observer cependant que le secours qu'on peut tirer des purgatifs, surtout des sels contre la constipation, n'est pas un bien durable ; le ventre lâché par ces remèdes se resserre bien-tôt de nouveau, et quelquefois même plus qu'auparavant, les émolliens vrais ou aqueux et mucilagineux, les muqueux-huileux, etc. n'ont pas cet inconvénient. Le bain froid est plus exactement curatif encore. Voyez BAIN.

Une observation très-ancienne en Médecine, connue dans l'art dès le temps d'Hyppocrate, c'est une espèce d'alternative d'excrétion entre la peau et le canal intestinal ; en sorte que ceux qui transpirent abondamment ont le ventre sec, et réciproquement ceux à qui le ventre coule abondamment, ne perdent que peu par la transpiration. Il faudrait pourtant bien se garder d'en conclure qu'on peut réparer une de ces excrétions par l'autre ; et qu'ainsi il est indifférent dans tous les cas, tout étant d'ailleurs égal, d'évacuer par les sueurs ou par les selles. Ce corollaire, quoique déduit avec quelque apparence de justesse, est pourtant faux en soi, c'est-à-dire comme conclusion et en bonne logique ; et il serait, ce qui est bien pire, appliqué très-malheureusement à la pratique de la Médecine. Voyez EXCRETION.

Il ne faut pas confondre la constipation dont on vient de parler, et qui suppose nécessairement la présence des excréments dans les gros intestins, avec la secheresse du ventre ou la suppression de l'excrétion intestinale, qui est en soi, et sans égard à la rétention des excréments, un symptôme presque toujours fâcheux de plusieurs maladies aigues. Voyez SECHERESSE DU VENTRE et PURGATIF. (b)