S. m. (Médecine) se dit ordinairement des humeurs du corps humain qui ont trop de consistance.

Toutes les parties élémentaires qui constituent le composé des corps fluides, ont une certaine force de cohésion entr'elles ; il en est par conséquent de même de ceux qui se trouvent dans les animaux : et pour que ceux-ci puissent couler dans la cavité des plus petits conduits, il est nécessaire que les molécules qui y sont portées sous une forme plus ou moins volumineuse, se séparent les unes des autres, pour pouvoir passer chacune en particulier avec un diamètre proportionné à celui du canal ; il faut par conséquent que les puissances qui font mouvoir ces masses fluides, et les poussent vers les dernières filières des vaisseaux, aient une force supérieure à celle de la cohésion des molécules, qui les tient unies entre elles jusqu'à un certain point, et leur donne le degré de consistance convenable à leur nature et à leurs usages.

S'il arrive donc par quelque cause que ce sait, que la cohésion des parties élémentaires qui composent les humeurs du corps humain, soit augmentée, de manière que ne pouvant pas être séparées les unes des autres par l'action du cœur et des vaisseaux, ces particules restent unies ; et que conservant un volume trop considérable, respectivement à la capacité des vaisseaux dans lesquels elles doivent être distribuées, elles trouvent de la résistance à couler dans leurs extrémités, elles y causent des engorgements, des obstructions de différente nature, selon la différence des humeurs épaissies. La plupart d'entr'elles, comme le sang, la lymphe, n'étant fluides que par accident, c'est-à-dire à cause des parties aqueuses qui entrent dans leur composition, qui leur servent de véhicule, et du mouvement de la vie saine, qui s'oppose continuellement à leur concrétion, sont par conséquent naturellement très-disposées à contracter ce vice, et à devenir par-là moins propres à circuler, à être distribuées dans leurs vaisseaux respectifs. Le mouvement et le repos, la chaleur et le froid, la force et la faiblesse du corps, favorisent également cette disposition, et produisent l'épaississement de ces différents fluides : comme aussi bien d'autres causes ; telles que les coagulants acides, spiritueux ; les visqueux, les huileux mêlés avec la masse des humeurs.

Ainsi on doit employer pour corriger ce vice, des moyens aussi différents que ses causes. Si le sang trop épais occasionne des engorgements inflammatoires dans le poumon, dans le foie, la saignée et les délayans, sont les remédes que l'on met en usage avec succès dans ce cas : ce même traitement ne pourrait que produire de très-mauvais effets, si on l'employait pour combattre la viscosité pituiteuse. Voyez SANG, et ses vices ; OBSTRUCTION, INFLAMMATION. (d)