sub. masc. (Médecine) c'est ainsi qu'on nomme en quelques endroits, ce que nous appelons par périphrase la maladie du pays. Ce violent désir de retourner chez soi, dit très-bien l'abbé du Bos, n'est autre chose qu'un instinct de la nature, qui nous avertit que l'air où nous nous trouvons, n'est pas aussi convenable à notre tempérament que l'air natal, pour lequel nous soupirons, et que nous envisageons secrètement comme le remède à notre mal-aise et à notre ennui.

Le hemvé, ajoute-t-il, ne devient une peine de l'esprit, que parce qu'il est réellement une peine du corps. L'eau, l'air différent de celui auquel on est habitué, produisent des changements dans une frêle machine ; Lucrèce l'a remarqué comme Hippocrate.

Nonne vides etiam coeli novitate et aquarum,

Tentari procul à patriâ, quicumque domoque

Adveniunt, ideò quia longè discrepat aèr.

Cet air très-sain pour les naturels du pays, est un poison lent pour certains étrangers ; il est vrai que la différence de cet air ne tombe point sous nos sens, et qu'elle n'est pas à la portée d'aucun de nos instruments, mais nous en sommes assurés par ses effets.

Cependant ils sont encore si différents des violentes altérations qu'éprouvent les voyageurs qui passent le tropique, qu'on ne doit pas confondre le hemvé, ou la maladie du pays, avec celle de ceux qui vont dans les colonies établies par les Européens aux Indes occidentales. L'impression de ces sortes de climats n'épargne presque aucun étranger, et produit dans la santé des plus robustes, des révolutions singulières, qui forment pour ainsi dire leur tempérament sur un nouveau modèle, lorsqu'ils ont le bonheur de ne pas succomber à de si grandes secousses. (D.J.)