S. m. (Médecine) , ce nom est dérivé du verbe grec , qui signifie souiller, corrompre ; cette étymologie fait voir qu'on doit écrire miasme par un i, et non par un y ; cette sorte d'orthographe est assez ordinaire, et notamment elle s'est glissée dans ce dictionnaire à l'article CONTAGION, voyez ce mot. Par miasme on entend des corps extrêmement subtils, qu'on croit être les propagateurs des maladies contagieuses ; on a pensé assez naturellement que ces petites portions de matière prodigieusement atténuées s'échappaient des corps infectés de la contagion, et la communiquaient aux personnes non infectées, en pénétrant dans leurs corps, après s'être répandues dans l'air, ou par des voies plus courtes, passant immédiatement du corps affecté au non affecté ; ce n'est que par leurs effets qu'on est parvenu à en soupçonner l'existence : un seul homme attaqué de la peste a répandu dans plusieurs pays cette funeste maladie. Lorsque la petite vérole se manifeste dans une ville, il est rare qu'elle ne devienne pas épidémique ; il y a des temps où l'on voit des maladies entièrement semblables par les symptômes, les accidents, et les terminaisons, se répandre dans tout un pays ; si un homme bien sain bait dans le même verre, s'essuie aux mêmes serviettes qu'une personne galeuse, ou s'il couche simplement à côté d'elle, il manque rarement d'attraper la gale ; il y a des dartres vives qui se communiquent aussi par le simple toucher ; la vérole exige pour se propager un contact plus immédiat, et l'application des parties dont les pores sont plus ouverts ou plus disposés ; la nature, les propriétés, et la façon d'agir de ces particules contagieuses ou miasmes sont entièrement inconnues ; comme elles échappent à la vue, on est réduit sur leur sujet à des conjectures toujours incertaines ; on ne peut conclure autre chose sinon que ce sont des corps qui par leur ténuité méritent d'être regardés comme les extrêmes des êtres immatériels, et comme placés sur les confins qui séparent la matière des êtres abstraits. Voyez CONTAGION. Et le plus ou moins de proximité que les maladies différentes exigent pour se communiquer, fait présumer que leur fixité varie beaucoup : quelques auteurs ont voulu pénétrer plus avant dans ces mystères, ils ont prétendu déterminer exactement la nature de ces miasmes, sur la simple observation que les ulcères des pestiférés étaient parsemés d'un grand nombre de vers, suite assez ordinaire de la corruption ; ils n'ont pas balancé à nommer ces petits animaux, auteurs et propagateurs de la contagion, et ils ont assuré que les miasmes n'étaient autre chose que ces vers qui s'élançaient des corps des pestiférés sur les personnes saines, ou qui se répandaient dans l'air. Desault, médecin de Bordeaux, ayant Ve le cerveau des animaux morts hydrophobes remplis de vers, en a conclu que les miasmes hydrophobiques n'étaient autre chose ; il a porté le même jugement par analogie sur le virus vénérien. On ne s'est point appliqué à réfuter ces opinions, parce qu'elles n'ont aucunement influé sur la pratique ; et que d'ailleurs, dans des cas aussi obscurs, tous les systèmes ont à-peu-près le même degré de probabilité, et ne peuvent être combattus par des faits évidents. (M)