S. f. (Médecine) privation de la voix. Ce mot est composé de privatif et de , voix. L'aphonie est une incapacité de produire des sons, qui est toujours accompagnée de la privation de la parole, accident assez commun dans les suffocations hystériques ; ou dans un sens moins étendu, c'est une incapacité de produire des sons articulés, qui nait de quelque défaut dans la langue, et dans les autres organes de la parole.

Mais le mouvement d'une partie quelconque n'est diminué ou anéanti que par la diminution ou la cessation du fluide nerveux dans les nerfs de cette partie ; d'où il s'ensuit que l'aphonie n'a point d'autre cause que la diminution ou la cessation de ce fluide dans les nerfs qui servent aux mouvements de la langue.

La dissection des cadavres confirme ce sentiment. Un mélancolique dont la tristesse avait dégéneré en folie, fut frappé d'une aphonie qui dura jusqu'à sa mort ; quand on le disséqua, on lui trouva le cerveau sec, les nerfs qui vont à la langue plus petits qu'à l'ordinaire.

La paralysie de la langue qui précède ou qui suit l'apoplexie ou l'hémiplégie, est toujours accompagnée d'aphonie. Les vieillards et les personnes d'un tempérament affoibli sont sujets à cet accident. S'il parait seul, il annonce l'apoplexie ou l'hémiplégie. S'il succede à ces maladies, et qu'il soit accompagné de manque de mémoire et d'embarras dans les fonctions de l'esprit, il annonce le retour de ces maladies. La langue est entièrement affectée dans l'apoplexie ; elle ne l'est qu'à moitié dans l'hémiplégie.

L'aphonie pourra se terminer heureusement, si elle a pour cause la stagnation de quelques humeurs séreuses qui compriment les nerfs de la cinquième paire qui vont à la langue. Elle peut être occasionnée par les suites de la petite vérole, l'interception des sueurs, les catarrhes mal traités, des boutons ou des pustules séreuses rentrées, des efforts violents, des chutes, des coups ; le trop de sang porté à la langue et à la gorge, la suppression des règles, les maladies hystériques, des vers logés dans l'estomac ou les intestins, l'usage immodéré des liqueurs spiritueuses, les indigestions fréquentes, la frayeur, le refroidissement, l'influence des saisons pluvieuses et des lieux marécageux, etc.

Quant aux pronostics de l'aphonie, ils varient selon la cause. L'aphonie qui a pour cause la présence des vers est facîle à guérir ; il en est de même de celle qui accompagne les affections hystériques : mais l'aphonie qui nait de la paralysie de la langue, résiste à tous les efforts du médecin, ou ne cede que pour un temps.

Il suit de ce que nous avons dit plus haut, que pour guérir l'aphonie, il faut s'occuper à lever les obstacles, ou dissiper les sérosités qui compriment les nerfs et le cerveau dans l'espèce d'aphonie qui nait d'une paralysie sur la langue. Pour cet effet, il faut recourir aux saignées, aux clystères émolliens, aux diurétiques, aux sternutatoires, aux balsamiques propres dans l'affection des nerfs ; en un mot, à tous les remèdes capables de restituer aux parties affectées leurs fonctions. Pour cet effet, voyez PARALYSIE, HEMIPLEGIE.