S. f. (Médecine) se dit en général de toute exténuation, consomption, amaigrissement, desséchement et marasme qui arrivent au corps humain. Dans le langage ordinaire on n'entend par ce mot que la seule consomption tabifique du poumon.

Nous allons traiter la phtisie en général ; on appliquera aux différentes parties ce que nous allons dire sur cette matière.

Si les poumons, ou quelqu'autre partie noble, sont réellement rongés par un ulcère, on appelle cette maladie consomption ; et celle qui attaque le poumon, se nomme phtisie ; ce qui provient de tout ulcère, ou de toute autre cause de pareille nature, qui appliquée au poumon ou à une autre partie, le corrompt, le détruit, et fait tomber cette partie dans la marasme et le desséchement.

Le foie, le pancreas, la rate, le mésentère, les reins, la matrice, la vessie, peuvent être ulcérés et produire la phtisie.

Les causes sont d'abord toutes celles qui disposent à l'émophtisie, aux obstructions des viscères, d'où il suit un ulcère dans les parties qui les consomme.

L'habitude et le tempérament particulier y influent, ainsi que la délicatesse des vaisseaux artériels, et des membranes qui forment le tissu des viscères ; l'impétuosité d'un sang un peu âcre ; la délicatesse des petits vaisseaux et de tout le corps ; la longueur du cou, le peu de capacité de la poitrine ; l'affaissement des épaules ; la rougeur ; la ténuité, l'âcreté et la chaleur du sang ; la blancheur et la rougeur du visage ; la transparence de la peau ; la vivacité du tempérament ; la maturité et la subtilité de l'esprit, sont comme des signes avant coureurs et des causes concomitantes de la phtisie en général, et surtout de la pulmonaire.

2°. La débilité des viscères qui ne peut se prêter à la digestion des aliments naturellement trop ténaces, donne lieu à des obstructions ; d'ailleurs les aliments mal élaborés se corrompent et acquièrent une acrimonie qui ulcère les vaisseaux, déjà irrités, tiraillés, et souvent corrodés, ensuite de la stagnation qui a produit un crachement de sang. La faiblesse des vaisseaux se manifeste par une petite fièvre légère, et une petite toux seche ; par une grande chaleur ; par la rougeur des lèvres, de la bouche, des joues, qui augmente vers le temps qu'il entre de nouveau chyle vers le sang ; par la grande disposition que l'on a à suer en dormant ; par la faiblesse et la difficulté que l'on a de respirer pour peu qu'on se donne de mouvement.

3°. La phtisie se forme à l'âge que les vaisseaux ne croissent plus, et résistent par ce moyen à l'effort que font les fluides pour les distendre, tandis que le sang augmente en impétuosité, en âcreté, ce qui provient de la pléthore vraie ou fausse. Ceci arrive entre l'âge de seize et trente-six ans ; de meilleure heure dans les filles que dans les garçons, parce que les premières sont plutôt formées.

4°. Le vice qui produit la phtisie, vient d'une disposition héréditaire.

Les causes déterminantes sont, 1°. toutes les suppressions des évacuations ordinaires, surtout du sang, comme du flux hémorrhoidal, du flux menstruel et des vuidanges, du saignement de nez. La cessation des saignées auxquelles on s'était accoutumé, surtout dans les personnes d'un tempérament pléthorique, ou à qui l'on a coupé quelque membre.

2°. Tout état violent du poumon, surtout qui aura été produit par la toux, les cris, les chants, la course, de grands efforts, par la colere, par une blessure quelconque.

3°. Par des aliments salins, âcres ou aromatiques, par une boisson semblable ; par le régime, par une maladie propre à augmenter la quantité de l'acrimonie du sang, sa vélocité, sa raréfaction et sa chaleur. De-là vient que ces symptômes sont si fréquents à la suite des fièvres aiguës, de la peste, de la petite vérole et du scorbut.

Symptomes. La phtisie commence accompagnée d'une douleur légère, d'une chaleur modique, et d'une oppression de poitrine. Le sang qui sort du poumon est ordinairement rouge, vermeil et écumeux ; plein de petites fibres, de membranes, de vaisseaux artériels, veineux et bronchiques ; il sort avec toux et bruit, ou râlement des poumons. Le pouls est mol, faible et ondoyant ; la respiration est difficîle : tous ces symptômes sont précédés d'un goût de sel dans la bouche.

Lorsque la phtisie est menaçante ou confirmée, on la peut reconnaître par les signes suivants. 1°. Une toux seche qui continue pendant plusieurs mois, tandis qu'un simple catarre humoral ne dure pas longtemps. Le vomissement qui vient de cette toux après le repas, est un signe très-certain de la phtisie.

2°. La fiévre éthique, où l'on sent une chaleur à la paume de la main et aux joues, surtout après le repas.

3°. L'exténuation des parties solides qui se remarque particulièrement à l'extrémité des doigts, et qui cause la courbure des ongles.

4°. La fiévre éthique qui dégénere en fièvre colliquative et en consomption ; la salivation ; les sueurs colliquatives ; la bouffissure, les hydropisies ; les aphtes au gosier, qui sont opiniâtres et incurables, font connaître que la mort n'est pas éloignée.

La phtisie héréditaire est la plus mauvaise de toutes, et on ne peut la guérir qu'en prévenant le crachement de sang, ou les autres causes qui peuvent la déterminer.

1°. Celle qui vient d'un crachement de sang produit par une cause externe, sans qu'il y ait de vice interne préexistant, toutes choses égales, est la moins dangereuse.

2°. La phtisie dans laquelle la vomique se rompt tout-à-coup, et dans laquelle on crache un pus blanc, cuit, dont la quantité répond à l'ulcère, sans soif, avec appétit, bonne digestion, secrétion et excrétion, est à la vérité difficîle à guérir ; cependant elle n'est pas absolument incurable.

3°. La phtisie qui vient de l'empyeme est incurable.

4°. Quand les crachats sont solides, pesans et de mauvaise odeur, et accompagnés des symptômes décrits ci-dessus ; il n'y a plus d'espérance.

Curation. Lorsqu'il s'est déjà formé une vomique dans le poumon, l'indication médicale est de l'amener à maturité le plutôt possible, ensuite de la rompre ou d'en procurer l'ouverture ; et on en vient à bout par l'usage du lait, l'exercice du cheval, les vapeurs tiedes et les remèdes expectorants. Voyez VOMIQUE.

Lorsque la vomique est crevée, on la traite comme un ulcère interne. 1°. On garantit le sang de l'infection du pus. 2°. On évacue le plus promptement qu'il est possible ; on nettoie et on consolide les lèvres de l'ulcère. 3°. On doit user d'aliments aisés à digérer, et propres à circuler avec le sang ; et capables de nourrir le corps, et incapables d'engendrer de nouveau pus.

On satisfait à la première indication par l'usage des médicaments d'une acidité et d'une salure douce et agréable : par des remèdes vulnéraires et balsamiques, donnés longtemps, en toute forme et à grande dose. Voyez BALSAMIQUE.

On satisfait à la seconde par les remèdes liquides, diurétiques, externes et internes (Voyez DIURETIQUE) ; par ceux qui sont propres à exciter la toux ; par l'équittation, l'air de la campagne qui est propre à hâter la sortie du pus ; par les détersifs et les balsamiques internes et externes (Voyez DETERSIF) ; et enfin par des parégoriques consolidants.

On remplit la troisième par l'usage des bouillons, du lait et des tisanes. Voyez ces articles.

La cure palliative de la phtisie regarde la toux, les oppressions, la fièvre lente et le flux de ventre colliquatif.

On y remédie par la diete, des opiats prudemment administrés, et des liqueurs chaudes convenables.

Remèdes pour la phtisie. On emploie différents remèdes pour la phtisie : voici ceux que conseille Morton. Il commence par la saignée, la purgation douce avec les pilules de Rufus, la teinture sacrée ; il emploie les diurétiques, le baume de soufre térébenthiné, les eaux minérales, les diaphorétiques, la décoction des bois dans l'eau de chaux.

Lorsque le catarre se trouve joint à la chaleur hectique, il faut mêler les narcotiques avec les purgatifs ; les meilleurs sont les pilules de cynoglosse ou celles de styrax : on rasera la tête du malade, on y appliquera des cautères, ou on appliquera des vésicatoires à la nuque entre les épaules, aux cuisses et aux jambes.

La phtisie confirmée ne se guérit jamais, mais il ne faut pas pour cela abandonner le malade, parce que si l'on ne peut pas guérir radicalement une maladie, l'humanité veut que l'on tâche au-moins de soulager le malade par une cure palliative.

Le lait dans la phtisie pulmonaire avec le baume de soufre et les pilules de Morton, est un excellent remède, on substitue au lait les bouillons au ris, à l'orge, etc.

Dans la diarrhée, la décoction blanche doit être la boisson ordinaire du malade ; mais l'opium est le principal remède.

Electuaire contre la diarrhée. Prenez des yeux d'écrevisse préparés, un gros et demi de corail rouge préparé, et de la nacre de perle, de chacun deux scrupules ; de perles préparées, un demi-gros ; des poudres ; de la confection hyacinthe, un scrupule ; de l'essence de canelle, quatre gouttes ; de la gelée de coings, une once ; du laudanum dissous dans l'esprit de safran, six grains, du sirop balsamique autant qu'il en faut pour faire un électuaire, etc.

Pour adoucir l'acrimonie, on fait prendre les bouillons de veau, de mouton, de mou de veau, d'escargots.

On fait quelquefois des injections et des clystères avec le bouillon de mouton, et une demi-once de diascordium.

Les narcotiques sont excellents dans les cas de diarrhée, à cause du transport de la matière morbifique qui se fait de la poitrine sur les intestins. Il ne faut pourtant pas arrêter mal-à-propos ni si promptement la diarrhée, de peur de causer un plus grand mal : ce que l'on préviendra en donnant au malade des potions expectorantes et lubrefiantes, et en modérant plutôt la diarrhée qu'en l'arrêtant tout-à-coup.

On ne doit presqu'employer que l'opium pour calmer la toux et donner du repos au malade, qui est travaillé d'une insomnie opiniâtre ; mais on doit l'ordonner avec beaucoup de précaution et en petite quantité, et seulement dans une nécessité très-pressante, de crainte qu'il ne jette le malade dans des langueurs et dans de grandes difficultés de respirer, et qu'il ne lui cause un froid aux extrémités, et qu'ainsi il n'avance sa mort à la honte du médecin.

Les loochs de différentes sortes, et les trochisques ou tablettes, sont ici d'un bon usage.

Les sueurs colliquatives ne doivent pas être arrêtées, à moins qu'elles ne soient excessives ; mais si elles sont si abondantes qu'elles causent au malade des défaillances dangereuses, on les modere par des astringens et d'autres secours convenables.

On se sert à cette intention du julep suivant. Prenez des eaux de tormentille et de plantin, de chacun quatre onces et demie ; de l'eau de canelle, quatre onces ; de l'eau admirable, une once ; de perles préparées, et du corail rouge préparé, de chacun deux scrupules ; du bol et du sang dragon, de chacun demi-gros ; du cachou, un scrupule ; sirop de myrthe, une once et demie ; de l'esprit de vitriol dulcifié, ce qu'il en faut pour donner au remède une agréable acidité : mêlez tout cela pour un julep. Le malade en prendra deux ou trois onces à deux ou trois heures d'intervalle, après avoir agité la phiole.

On peut rapporter à la phtisie et à la cure que nous venons de donner, différentes autres maladies qui portent le nom de phtisie, et qui ne diffèrent que par le siège, la cause éloignée, ou différentes autres modifications. Telles sont la phtisie par hémorrhagie ; elle se guérit après que l'hémorrhagie est passée, par les adoucissants, le lait ; le malade tombe dans la fièvre étique, qu'on emporte par le quinquina.

Les purgatifs sont surtout plus nuisibles dans cette maladie.

La phtisie causée par la gonorrhée ou par les fleurs blanches, quand elle est confirmée, est absolument incurable.

Quand elle est récente, on arrête d'abord les évacuations, ensuite on emploie la diete restaurante. Voyez GONORRHEE et FLEURS BLANCHES.

Pour éteindre la chaleur fébrîle et étique, l'usage du petit-lait et de l'eau ferrée est très-convenable.

La phtisie qui succede aux abcès et aux ulcères du foie, de la rate, du pancreas, du mésentère.

On commence par guérir les abcès et les ulcères, au moyen des remèdes intérieurs et extérieurs ; la boisson ordinaire du malade sera d'une eau de chaux.

La phtisie des nourrices se connait, 1°. à la diminution de l'appétit, à la faiblesse et au resserrement des hypocondres.

La phtisie des enfants qui vient du carreau, et qui sont en état de chartre. Voyez CHARTRE.

La phtisie rachitique provient du virus rachitique, et enfin de la consomption totale qu'il produit dans la lymphe, des nodosités qui compriment les vaisseaux. Voyez RACHITIS.

La phtisie qui survient à la diarrhée, et à la dyssenterie, aux diabetes, aux sueurs excessives, n'a rien de particulier : on suivra le plan de la cure générale.

La phtisie écrouelleuse ; on la connait par les tumeurs scrophuleuses et crues des ophtalmies, des gales et autres. Voyez ECROUELLES.

On doit faire ici une attention que cette maladie est la plupart du temps abandonnée à des chirurgiens sans connaissance, qui ne savent que tailler et rogner, ce qui ne guérit pas ce mal.

La phtisie scorbutique. Les principaux signes sont les taches scorbutiques répandues sur toute la peau, le crachement presque continuel d'un pus visqueux et salé que fournissent les glandes jugulaires, l'ulcération et l'exténuation des mâchoires. Voyez SCORBUT.

La phtisie asthmatique. Les signes sont la courte haleine et la difficulté de respirer ; cette phtisie est une maladie chronique qu'on appelle la phtisie de la vieillesse.

La phtisie hypocondriaque ou hystérique, est celle qui survient aux affections de ce nom, et ce que l'on appelle vapeurs. Voyez PHTISIE NERVEUSE et VAPEURS.

PHTISIE DORSALE, (Médecine) espèce de phtisie qui a été ainsi appelée, parce qu'outre les symptômes généraux, elle est accompagnée d'une démangeaison douloureuse et singulière le long de l'épine du dos ; les malades la représentent en la comparant à la sensation que ferait une grande quantité de fourmis qui couraient sur cette partie.

Hippocrate est le plus ancien auteur qui ait parlé de cette maladie, et celui qui l'a décrite avec le plus d'exactitude. Ceux qui en sont attaqués évacuent avec l'urine, ou en même temps qu'ils font des efforts pour aller à la selle, une grande quantité de semence liquide ; ils sont sujets à des pollutions nocturnes (voyez ce mot) ce qui les jette dans une faiblesse extrême, et dans une maigreur affreuse : leur respiration est difficîle et courte ; ils sont essouflés au moindre mouvement, prêts à suffoquer quand ils ont couru ou monté dans des lieux élevés : une pesanteur de tête les tourmente sans cesse, et un tintement importun leur fatigue l'oreille ; ils éprouvent souvent des attaques de fièvre violente, enfin la fièvre lypirie se déclare, un feu intérieur les consume, tandis que les parties externes sont presque toujours glacées. Il n'est pas rare alors de voir survenir des symptômes effrayans, avant-coureurs d'une mort terrible, et pour l'ordinaire bien méritée. Lib. II. de morbis ; de aere, locis et aquis ; de genitur. de natur. pueri.

La phtisie dorsale est la suite familière et la juste punition des débauches outrées, des excès dans les plaisirs vénériens ; tous les accidents qui l'accompagnent ont pour cause l'évacuation immodérée de la semence, dit Hippocrate, qui porte ses principaux coups sur le cerveau et sur la moèlle épinière, qui n'en est qu'un prolongement. Trais autres causes peuvent aussi, suivant le même auteur, produire cette maladie, quoique moins fréquemment ; savoir un influx trop abondant de sang dans la moèlle épinière, un transport d'humeurs de mauvais caractère sur cette partie, et enfin son exsiccation ; mais alors l'excrétion de semence n'est pas si abondante, et les accidents ne sont ni aussi rapides ni aussi violents. Le danger est plus grand et plus prochain dans la vraie phtisie dorsale qui a pris naissance de la dissipation excessive de la semence : ces malades sont sujets à des enflures de jambes, à des ulcères opiniâtres et périodiques dans la région des lombes, à des cataractes épaisses sur les yeux ; il n'est pas rare d'en voir qui perdent tout à fait la vue. La phtisie dorsale est souvent précédée et accompagnée de satyriasis, du priapisme, de la pollution nocturne, et des accidents terribles qui se rencontrent dans ces maladies. Voyez ces articles et MANUSTUPRATION, qui en est une des principales causes. Les malades parvenus à ce point, n'échappent presque jamais à la mort. Ce fut ainsi que se termina cette maladie dans Grypalopax, dont Hippocrate rapporte l'histoire epidem. lib. VI. sect. VIIIe text. 52. qui tombé dans cette consomption, était sujet à des excrétions involontaires de semence, non-seulement durant la nuit, à l'occasion de songes voluptueux, mais même pendant le jour étant très-bien éveillé.

Les dissipations, les voyages, l'exercice, l'équittation, et des plaisirs qui soient plus propres à dissiper qu'à faire naître les idées voluptueuses, sont les principaux secours desquels on puisse attendre du soulagement dans cette maladie : sans leur concours, en vain fatiguera-t-on le malade par les médicaments qui passent pour les plus appropriés ; on n'en obtiendra que peu ou point d'effet ; le parti le plus avantageux est de les seconder les uns par les autres. Ainsi aux secours indiqués on pourra joindre l'usage d'aliments legers, de facîle digestion, et capables de fournir une bonne nourriture, et des remèdes qui sans occasionner du trouble dans la machine, réparent doucement ses pertes, et rétablissent insensiblement le ton des vaisseaux relâchés. C'est pourquoi on évitera avec soin les purgatifs de quelqu'espèce qu'ils soient, et tous les remèdes échauffans ; on mettra le malade au lait, même pour toute nourriture ; mais on insistera davantage sur celui d'ânesse. Hippocrate conseille d'en continuer l'usage pendant quarante jours ; pendant ce temps on pourra faire prendre quelques légères prises d'une poudre tonique faite avec le quinquina, le nitre et le safran de Mars, ou le tartre chalybé : on augmentera insensiblement la dose de ce remède à mesure qu'on s'apercevra de ses bons effets, qu'il n'anime pas trop, et n'entraîne aucun accident. On pourra venir ensuite à l'usage des bouillons stomachiques, des extraits amers, des eaux minérales ferrugineuses, excellentes à plus d'un titre : par ce moyen on parviendra à arrêter les progrès de cette funeste maladie, et peut-être à la guérir entièrement ; il ne faut pas oublier que les bains froids sont très-bien indiqués dans le cas présent (Voyez MANUSTUPRATION) ; ils ont l'admirable propriété de calmer la mobilité des nerfs, de leur donner de la force et du ton, sans exciter la moindre chaleur ou la plus légère agitation ; avantages bien précieux, surtout dans le traitement de cette maladie.

PHTISIE NERVEUSE ; c'est une consomption tabide de tout le corps, sans fièvre, sans toux, ni difficulté de respirer qui soit considérable, avec perte d'appétit, indigestion et grande faiblesse, les chairs étant fondues et consumées. Cette maladie attaque quelquefois les Anglais, et surtout dans les derniers temps, de même que quelques français. La cause en est évidente, c'est l'usage des liqueurs spiritueuses ; elle arrive aussi à ceux qui reviennent des Indes occidentales : toute l'habitude du corps parait d'abord oedémateuse et se gonfle, étant remplie d'une lymphe vapide et nullement spiritueuse ; le visage est pâle, l'estomac répugne à toutes sortes d'aliments, à l'exception des liquides, le malade rend peu d'urine, qui souvent est rouge, quelquefois pourtant pâle et abondante. Il n'y a ni fièvre ni difficulté de respirer, si ce n'est dans le dernier état de la maladie. Le genre nerveux est affecté dans cette maladie, mais l'estomac est surtout le siège.

Les causes primitives sont pour l'ordinaire les violentes passions de l'âme, l'usage trop fréquent et trop abondant des liqueurs spiritueuses, le mauvais air et généralement tout ce qui peut produire les crudités. C'est une vraie maladie chronique, et très-difficîle à guérir, à-moins qu'on ne s'y applique dès son commencement ; elle se termine ordinairement par une hydropisie incurable.

Traitement. Il demande les remèdes généraux, et ensuite les stomachiques intérieurs et les extérieurs, les martiaux, les anti-scorbutiques, les céphaliques, les amers. Il faut purger de la façon suivante : prenez des eaux de cerises noires, de pivoine, de poudre de hiera.

On emploie extérieurement l'emplâtre stomachique magistral, avec quelques gouttes d'huîle de canelle et d'absinthe sur la région de l'estomac. On se sert en été des eaux minérales ferrugineuses. Entre les préparations du mars, l'extrait de Mensicht est à préférer.